Températures extrêmes en décembre et janvier 2019
Selon un rapport spécial du bureau de météorologie australien (BOM) l’Australie a connu en décembre 2018 et janvier 2019 soixante-huit vagues de chaleur d’une intensité exceptionnelle affectant de larges parties du pays avec des températures maximales ayant dépassé 40°C comme le montre le tableau ci-dessous :
Les 10 journées les plus chaudes enregistrées (Source : BOM)
Le BOM cite dans son rapport les autres vagues de chaleur extrêmes du vingtième siècle : 2012-13, 1972-1973, janvier 1960 (mois pendant lequel le record de température de 50.7 °C a été atteint le 2 janvier à Oodnadatta), janvier 1939 dont la deuxième semaine est considérée comme ayant connu la vague de chaleur la plus extrême qui ait touché le sud-est de l’Australie pendant le vingtième siècle. L’intensité de la vague de chaleur de 1939 est comparable à celle de 2019 et même légèrement plus longue reconnaît le BOM, même si elle n’a touché qu’une zone beaucoup plus restreinte, l’Australie occidentale, le Territoire du Nord et la majeure partie du Queensland n’ayant pas été touché.
Le BOM n’évoque pas les vagues de chaleur de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème dont les annales sont pourtant fournies. En janvier 1896 par exemple, la chaleur a été si intense pendant des semaines que les gens ont du s’enfuir par des trains spéciaux pour échapper à la chaleur comme le rappelle Joanne Nova dans cet article. En 1932 des millions d’oiseaux sont tombés du ciel à cause d’une vague de chaleur sauvage.
A partir des archives des journaux australiens Joanne Nova a établi la carte ci-dessous où l’on voit les lieux et les années ayant connu des températures frisant ou dépassant les 50°C :
Météo ou changement climatique ?
Le Dr Roy Spencer a consacré un article à la vague de chaleur australienne de 2019. En voici ci-dessous un résumé.
Une des caractéristiques du réchauffement climatique est qu’il est global ou presque (exception faite peut-être de l’Antarctique). En revanche, les événements météorologiques sont liés aux mouvements naturels de l’atmosphère et sont donc régionaux.
La carte météorologique ci-dessous fait apparaître des températures plus fraîches que la normale dans les zones côtières centrées autour de Townsville au nord-est et de Perth au sud-ouest :
Anomalies de températures moyennes en janvier 2019 (Source : BOM)
Roy Spencer explique que la chaleur extrême a été causée par un affaissement des masses d’air qui entraîne un ciel dégagé et de faibles précipitations dans certaines régions. Les masses d’air se sont affaissées à cause de remontées d’air dans des zones affectées par des précipitations en mer. L’air qui monte doit être exactement remplacé par de l’air qui descend et les zones géographiques telles que l’Australie et le Sahara sont des lieux privilégiés pour cela, ce qui explique leur caractère aride et semi-aride. La chaleur résulte de la libération de la chaleur latente due à la formation de la pluie dans ces systèmes de précipitation.
La carte ci-dessous montrant les anomalies de température couvrant l’Australie et les régions environnantes en janvier, permet de comprendre à quel point cette vague de chaleur «record» était localisée :
Anomalies de température de surface de janvier 2019 (en degrés C par rapport à la moyenne de 1981 à 2010) provenant de la NOAA (Global Forecast System). carte fournie par WeatherBell.com (les mentions “just weather“, “global warming ” ont été rajoutées par Roy Spencer)
Et Roy Spencer de conclure : l’avertissement lancé par un scientifique dans The Guardian (« la chaleur extrême en Australie est le prélude de ce qui nous attend ») n’est qu’un nouvelle illustration de la métaphore « the blind leading the blind » (littéralement « un aveugle conduisant un autre aveugle ») utilisée pour décrire une situation dans laquelle une personne qui ne sait rien demande conseil à une autre personne qui ne sait rien non plus.