Nous proposons ci-dessous la traduction d’un article du Dr Roy Spencer publié le 3 juillet 2018 sur son site. Le Dr Roy Spencer est chercheur à l’Université de l’Alabama à Huntsville. Il est connu pour son travail sur la surveillance de la température par satellite. Avec le Dr John Christy, Il a reçu de la NASA une médaille pour accomplissement scientifique exceptionnel.
Aux États-Unis les étés sont chauds, Ils l’ont toujours été. Mais certains sont plus chauds que d’autres.
M’exprimant comme météorologue (PhD) avec 40 ans d’expérience, je peux le dire : la vague de chaleur de cette semaine n’a rien d’exceptionnel.
Si l’on en croit l’article publié le 22 juin 2018 par le site Public Citizen dédié à la défense de la santé, de la sécurité et de la démocratie, créé par Ralph Nader en 1971 et largement financé par l’Open Society Foundations de George Soroset (il est doté d’un budget annuel de 17 millions de dollars par an), chaque vague de chaleur doit maintenant être considérée comme un signal du changement climatique causé par l’homme. L’article prétend que l’absence de couverture médiatique des événements météorologiques récents conduit à entretenir l’ignorance du public sur la question du changement climatique.
L’article de Public Citizen traite de la chaleur excessive dans l’état de New York; c’est donc là que nous allons commencer notre décryptage. La courbe ci-dessous, établie par la NOAA, montre les températures maximales moyennes à New York pour chaque mois de juin depuis 1895 :
Statistiquement, la tendance à long terme est proche de zéro. Les températures de Juin 2018 ne sont pas encore disponibles sur le site de la NOAA , mais d’après ce que j’ai pu voir sur WeatherBell.com, il semble qu’elles soient proches de la moyenne à long terme du 20ème siècle.
L’article mentionne également le record de chaleur généralisé qu’aurait connu les États-Unis en mai 2018. New York a enregistré son 7ème mois de mai le plus chaud cette année, et la tendance à long terme du réchauffement depuis 1895 est faible (0,22 F / décennie), statistiquement proche de zéro (au niveau de confiance de 95%). La chaleur de mai aux États-Unis fut un phénomène régional, s’inscrivant dans des fluctuations météorologiques normales, avec une grande partie du Canada qui est resté extrêmement froid :
A quelle époque la température la plus chaude a-t-elle été enregistrée à New York diriez-vous ? De toute évidence, avec le réchauffement planétaire, ce devait être au cours des 20 ou 30 dernières années, non ? Et bien, non
C’était le 22 juillet 1926 à Troy, New York (42,8 °C). En revanche, le record de froid est beaucoup plus récent: c’était le 18 février 1979, à Old Forge, New York (-46,7°C).
Qu’en est-il de la vague de chaleur de cette semaine? Regardons les prévisions de température moyenne à 5 jours établies par le modèle GFS de la NOAA pour la semaine du lundi 02 juillet au vendredi 6 juillet 2018 :
Comme on peut le voir, la chaleur excessive est (encore une fois) un phénomène régional, manifestation des aléas météorologiques, et non d’un changement climatique. On y voit des zones plus froides que la moyenne. Pourquoi ne dit -on pas que cela est dû au changement climatique? Il apparaît qu’elles compensent approximativement la zone chaude du nord-est des États-Unis, ce qui est souvent le cas pour les variations météorologiques (et non climatiques).
C’était une prévision à 5 jours pour cette semaine. Examinons maintenant ce qui a effectivement été observé au cours des deux derniers jours (1er et 2 juillet), qui ont été très chauds dans les Grands Lacs et le Nord-est:
Ce que nous voyons, c’est qu’il y avait des températures inhabituellement fraîches dans l’ouest des États-Unis, là encore c’est la manifestation d’une tendance météorologique temporaire et localisée, et non d’un «réchauffement climatique», qui produirait de la chaleur partout.
Qu’en est-il des températures extrêmes aux États-Unis en général ? le graphique ci-dessous montre le nombre total de jours par an au-dessus de 100°F (37,7°C) et 100°F (40,5°C) pour les années 1895 à 2017, sur la base des données officielles de la NOAA :
On ne voit aucune tendance à l’augmentation du nombre de jours avec une chaleur excessive.
Alors, que penser des déclarations de Public Citizen ? Eh bien, il mentionne que nous avons enregistré un réchauffement de 1,1 deg. C depuis la révolution industrielle. Rendez-vous compte ! un réchauffement de moins de 2 degrés sur une période d’environ 200 années (dont une partie est susceptible d’être naturel), sur la base des estimations de température des 2 000 dernières années pour l’hémisphère Nord:
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de réchauffement causé par l’homme; je prétends qu’il est exagéré. L’article de Public Citizen se focalise sur les récentes années chaudes, ce qui peut paraître alarmant si l’on a pas en tête que ce réchauffement s’exprime en fractions de un degré. S’il n’y avait pas de variabilité naturelle d’une année à l’autre, et que la température augmentait de 0,01 ou 0,02 deg. F chaque année, alors chaque année serait une année record … mais qui s’en soucierait ? Le taux de «réchauffement climatique» est trop faible pour qu’une personne puisse le percevoir au cours de sa vie.
En outre, nous savons que les modèles climatiques (qui sont à la base des politiques énergétiques proposées pour nous faire sortir de l’ère des combustibles fossiles) produisent généralement un réchauffement du système atmosphère-océan deux fois plus élevé que celui qui est observé. L’analyse la plus récente du bilan énergétique du réchauffement des eaux de surface et profondes suggère que la sensibilité du système climatique aux émissions de CO2 est la moitié de ce qui est avancé … peut-être 1,5 deg. C de réchauffement pour un doublement de la concentration du CO2 atmosphérique. Avec la concentration actuelle de 410 ppm, nous sommes actuellement à mi-chemin d’un doublement.
Et même en supposant que le réchauffement estimé (sur la base d’un sensibilité du climat réduite) serait entièrement causé par l’homme; dans la mesure où une partie du réchauffement récent est naturelle, le réchauffement anthropique futur en devient d’autant moins problématique.
Enfin, l’article Public Citizen affirme que les technologies d’aujourd’hui permettent déjà d’obtenir 80% à 100% de notre énergie à partir de sources renouvelables. Ceci est manifestement faux. Le solaire et le vent sont des sources d’énergie relativement dispersées (et donc chères), intermittentes nécessitant d’être doublées par des énergies fossiles (ou nucléaire). Il serait extrêmement coûteux d’obtenir ne serait-ce que 50% de notre énergie à partir de telles sources. Peut-être pourrons nous dans le futur disposer de telles technologies; mais à ce jour, les énorme sommes d’argent qu’il faudrait investir pour atteindre un tel objectif aggraverait la pauvreté, qui a toujours été la principale cause de décès prématuré dans le monde.