Le blocage anticyclonique sur le nord de l’Europe qui a débuté début mai a provoqué des records de chaleur, notamment en Scandinavie. Selon le site Meteo Contact la vague de chaleur est comparable à celle de l’été 1997 avec une anomalie de température positive de +6°C sur l’ensemble de la Scandinavie.
Le Figaro consacre le 12 juillet une double page à l’événement titrant « coup de chaleur extrême sur toute la planète ». Robert Vautard, chercheur à l’Institut Pierre-Simon Laplace y livre son verdict : « Il y a peu de doute quant au rôle des activités humaines et de l’émission des gaz à effet de serre sur les vagues de chaleur actuelles ». Le Figaro évoque également un mois de juin chaud aux États-Unis confondant ainsi climat et météorologie comme le dit le climatologue Roy Spencer qui explique dans cet article pourquoi cette vague de chaleur n’a rien d’exceptionnel.
Les blocages anticycloniques sont courants en été
Frédéric Decker Météorologue du site meteo.org explique dans un interview au journal Atlantico que les blocages anticycloniques sont courants en été. Ils se produisent même parfois au printemps (comme en 2011 en Europe occidentale), ou en automne, (comme en 2015 également sur l’Europe). Ils n’ont rien d’inédit : entre décembre 1920 et mai 1922, soit pendant un an et demi, des récurrences anticycloniques s’étalaient sur quasiment tout l’hémisphère Nord, provoquant une sécheresse record en Russie, en Europe et en Amérique du Nord…l’été 1921 fut d’ailleurs « brûlant » selon la presse de l’époque… Nous sommes loin cette année de cette configuration. Nous sommes loin aussi des canicules de l’été 2010 en Russie ou de l’été 2003 en Europe.
Depuis le pic de chaleur provoqué par l’événement El Niño, la planète refroidit
L’année 2018 se classera sans doute au cinquième rang des années les plus chaudes depuis le début des mesures. Mais l’on voit clairement sur le graphique ci-dessous établi par l’agence américaine NOAA qu’après le pic de chaleur des années El Niño 2015 et 2016, la planète se refroidit (la courbe 2018 est en noir superposée à celle de 2010 e vert).
Évaluée sur un période de 30 ans (1981-2010), l’anomalie de température est de 0,13°c par décennie.
Selon les mesures satellitaires (système UAH), l’anomalie de températures de la basse troposphère (écart par rapport aux moyennes mensuelles de la période de 30 ans, 1981-2010), est de + 0,21°C en juin 2018 (légèrement supérieur à la valeur de mai de + 0,18 °C). La tendance linéaire des anomalies moyennes de température entre janvier 1979 et juin 2018 s’établit ainsi à + 0,13 ° C par décennie.
Les incendies ne sont pas la signature du réchauffement climatique
Ni en Suède
La Suède, mais aussi la Finlande (et dans une moindre mesure la Norvège) font face à des feux de forêts particulièrement violents. « C’est ce qui attend l’Europe » a déclaré Jean Jouzel à Sciences et avenir, suggérant que ces incendies sont causés par le réchauffement climatique. Or lorsque l’on consulte les statistiques fournies par le système Effis (European Forest Fire Information System) on ne constate aucune tendance à l’augmentation du nombre ni de l’intensité des feux de forêt en Suède. Les trois graphiques ci-dessous extraits d’un rapport de la Commission Européenne montrent respectivement les surfaces brûlées, le nombre de feux, la surface moyenne brûlée par incendie entre 1990 et 2014. Le pic de 2014 correspond à l’incendie de Västmanland qui a brûlé 15000 hectares.
Les statistiques de L’agence suédoise pour la forêt (Sweedish Forest Agency) permettent de remonter plus loin dans le passé : Les 2 diagrammes ci-dessous montrent l’évolution du nombre d’incendies et des surfaces brûlées entre 1944 et 2014 (avec une interruption entre 1980 et 1998 en raison d’un changement de méthode statistique) ne font apparaître aucune tendance significative.
Et pas davantage en Grèce
A propos des incendies survenus en Grèce, Jean Jouzel à déclaré à France Info le 24 juillet : « le nombre de décès liés aux catastrophes climatiques serait multiplié par 50. On pourrait passer jusqu’à 150 000 morts en Europe liés au réchauffement climatique et en particuliers aux canicules. On rentre dans un autre monde, c’est maintenant qu’il faut agir ». Les trois diagrammes ci-dessous extraits du rapport de la Commission Européenne montrent sur une période de 36 ans (1980-2016) une grande variabilité annuelle mais aucune tendance à l’augmentation du nombre ou de l’intensité des incendies en Grèce, en liaison avec un supposé réchauffement climatique.
S’il faut agir comme le souhaite Jean Jouzel, c’est au gouvernement grec de le faire en améliorant la qualité de son système de prévention et de lutte contre les incendies pour le plus grand bien de sa population qui paye chaque année un lord tribut aux feux (plus de 80 victimes en juillet 2018).