Un tournant historique dans la géopolitique mondiale

Samuel Furfari

La victoire écrasante de Donald Trump aux élections présidentielles américaines de 2024, conjuguée à la conquête républicaine du Sénat et du Congrès, ainsi que de nombreux postes stratégiques de gouverneurs, marque un tournant historique dans la géopolitique mondiale de l’énergie. Comme je l’ai souvent répété, « l’énergie est trop sérieuse pour la laisser aux rêveurs », et ce raz-de-marée républicain va permettre à Trump de mettre en œuvre sa vision énergétique avec une autorité et une cohérence sans précédent. 

Une nouvelle ère énergétique américaine

La conquête républicaine des institutions fédérales et étatiques offre à Trump une opportunité historique de transformer radicalement la politique énergétique américaine. Le démantèlement des politiques climatiques de Biden sera rapide et systématique. La sortie définitive de l’accord de Paris libérera les États-Unis des contraintes liées aux émissions de CO2, ce qui permettra une expansion sans précédent de la production énergétique fossile nationale. Cette liberté d’action, soutenue par une majorité parlementaire solide, marquera le retour d’une Amérique énergétiquement souveraine et dominante. 

La relance massive du fracking, qui permet de produire le pétrole et le gaz de schiste, portée par des gouverneurs républicains acquis à cette cause dans les États producteurs, va décupler la capacité d’exportation de GNL américain. Par exemple, le sénateur Ted Cruz du Texas, réélu, est un ardent défenseur des énergies fossiles. Nul doute que le Texas devrait conserver son statut de premier État producteur d’énergie aux États-Unis, avec une production pétrolière dépassant celle de nombreux pays, comme par exemple l’Irak. Cette offensive énergétique coordonnée bouleversera les équilibres mondiaux. Les terminaux d’exportation de GNL, dont la construction était freinée par Joe Biden, permettront aux États-Unis d’inonder le marché mondial, affaiblissant considérablement l’influence de la Russie et des pays du Golfe. Cette stratégie, loin d’être improvisée, s’inscrit dans une vision géopolitique globale où l’énergie devient le principal levier d’influence américain. Ursula von der Leyen, qui a demandé à Donald Trump d’envoyer plus de GNL vers l’UE, se rend-elle compte de l’incongruité de sa démarche ? 

La fin des utopies vertes

L’administration Trump, forte de son contrôle total sur les institutions, mettra un terme immédiat aux subventions massives accordées aux énergies renouvelables, notamment aux projets d’éoliennes et de panneaux solaires chinois. Les projets d’hydrogène vert camouflés dans le sympathique, mais trompeur concept de molécules vertes, symboles d’un idéalisme technologique coûteux et inefficace, sont déjà en cours d’abandon avant même la victoire de Trump. Même Engie a démantelé ses équipes hydrogène et BP vient d’annoncer l’abandon de 18 projets. Il n’y aura bientôt plus que les négociateurs du gouvernement belge de l’Arizona qui se fourvoient encore dans cette chimie qu’ils ne maîtrisent pas. Les technologies de capture et stockage du carbone (CCS) et de capture et utilisation du carbone (CCU), qui engloutissent des milliards de dollars pour des résultats insignifiants, seront également condamnées. Trop souvent, je reçois des demandes d’avis sur des projets qui voudraient, à l’image des alchimistes d’antan, transformer l’excrément de la vie — le CO2 — en molécules nécessaires à notre vie quotidienne. L’Administration Trump va contribuer à mettre fin à ces utopies, qui ont la vie dure dans l’UE. 

Un bouleversement géopolitique au Moyen-Orient

La nouvelle puissance énergétique américaine servira de levier diplomatique majeur, en particulier au Moyen-Orient. Le renforcement des accords d’Abraham, facilité par la position dominante des États-Unis sur le marché énergétique, pourrait enfin ouvrir la voie à une paix durable dans la région. La capacité américaine à influencer les prix mondiaux de l’énergie donnera à l’administration Trump un pouvoir de négociation sans précédent avec les pays producteurs arabes. 

Cette réorientation énergétique aura de lourdes répercussions économiques. La baisse des prix de l’énergie, résultant de l’augmentation de la production américaine, stimulera sa compétitivité industrielle. Les États membres de l’UE qui ont massivement investi dans les énergies renouvelables, notamment en Allemagne, verront leur compétitivité s’effondrer. Le conseil européen informel de Budapest du 8 novembre s’est penché sur l’inquiétant rapport de Mario Draghi sur la perte de compétitivité de l’UE, mais sans conclure. Il est trop tôt pour que ceux qui ont organisé la destruction de notre compétitivité l’admettent. Mais face à une Amérique bénéficiant d’une énergie fossile abondante et bon marché, la situation des politiciens verts sera intenable ; d’ailleurs, Olaf Scholz a été contraint de limoger son ministre libéral qui n’acceptait plus la destruction organisée de l’économie allemande. Attendez que l’administration Trump se mette en marche pour observer les conséquences de l’écologisme de Bruxelles-Strasbourg ! 

Le contraste avec l’obstination européenne

En effet, pendant que les États-Unis embrassent le pragmatisme énergétique, la Commission européenne persiste dans son Pacte vert, s’accrochant à des objectifs climatiques irréalistes et coûteux. Wopke Hoekstra, le commissaire néerlandais en charge de la politique climatique, l’a d’ailleurs confirmé lors de son audition devant les parlementaires européens : la Commission européenne maintient son objectif, pourtant extravagant, de réduire ses émissions de CO2 de 90 % d’ici 2040. 

La large victoire républicaine marque un tournant décisif dans l’histoire énergétique mondiale. Un correspondant m’a demandé, à titre humoristique, si Trump avait lu mon dernier livre qui traite de la perte de compétitivité de l’UE, puisque nous avons la même position. Les conseillers de Trump, loin de s’inspirer directement de mes travaux, ont simplement adopté une approche rationnelle qui s’imposait d’elle-même. Soutenus par une majorité solide au Sénat et au Congrès et un réseau de gouverneurs alignés, ils vont pouvoir déployer une stratégie énergétique cohérente et pragmatique qui redessinera durablement la carte géopolitique mondiale. 

Libérée des contraintes idéologiques climatiques, l’administration Trump confirme plus que jamais que l’énergie est trop sérieuse pour être laissée aux mains des idéologues. Pendant que l’UE s’enlise dans ses ambitions vertes, les États-Unis sous Trump tracent la voie d’un réalisme énergétique qui pourrait bien devenir le nouveau paradigme mondial, isolant encore plus les écologistes de Bruxelles-Strasbourg. 

L’une des premières conséquences de l’arrivée prochaine de l’administration Trump sera une nouvelle humiliation des militants climatiques lors de la COP29 qui a débuté cette semaine à Bakou. Je vous conseille de ne pas perdre votre tem

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