Après avoir balayé le nord et l’Est de l’Europe la tempête Ciara a provoqué dans son sillage des vents violents dans les Alpes-Maritime et en Haute-Corse accompagnés d’une douceur remarquable et d’un assèchement de l’air sous le vent de la montagne (effet de foehn) augmentant le risque d’incendie. Il s’agit d’une configuration météorologique rare mais constitutive du climat azuréen et corse selon Météo-France. Le dernier événement de ce type avait eu lieu fin février 1990 à l’occasion de la tempête Viviane qui avait abouti à un record mensuel de chaleur à Bastia avec 23,9 °C le 27 février.
Les tempêtes en France ne sont recensées de façon fiable que depuis le début des années 1980. En nous basant sur les données fournies par Météo France, nous avons cherché à savoir si 40 années d’historique mettent en évidence une tendance à l’aggravation. Il s’avère qu’il n’en est rien, ni pour la fréquence ni pour l’intensité.
Une grande variabilité annuelle et pluri annuelle recouvrant une légère tendance à la baisse
La figure ci-dessus présente l’évolution du nombre annuel de tempêtes entre 1980 et 2018. Le nombre d’évènements varie fortement d’une année à l’autre mais aussi sur un pas de temps multi-annuel.
On note ainsi :
- une forte activité dans les années 1980, notamment de 1986 à 1990 ;
- une faible activité dans les années 2000, notamment de 2000 à 2005;
- une reprise de l’activité ces dernières années.
Sur l’ensemble de la période, une légère tendance à la baisse est observée.
Les tempêtes les plus sévères ont eu lieu au cours de la décennie 1990-1999
Le graphique ci-dessous représente les 40 tempêtes majeures observées en France depuis 1980 en terme de sévérité (indice SSIs[1]).
Comme précédemment, on constate que le nombre d’événements majeurs a été plus important pendant les décennies 1980-1989 et 1990-1999 que depuis les années 2000. Aucune tendance climatique ne peut être établie sur l’évolution de leur intensité commente Météo France.
Parmi les 335 tempêtes répertoriées depuis 1980 :
- 9 apparaissent comme exceptionnelles;
- 33 tempêtes sont considérées comme fortes ;
- 293 comme modérées.
Le graphique suivant présente les 25 tempêtes majeures survenues entre 1980 et juin 2019.
On constate que sur les 10 tempêtes dites exceptionnelles, une est survenue pendant la décennie 2000-2010 (Xynthia ), deux pendant la décennie 1990-1999 (Lothar et Martin) et 7 pendant la décennie 1980-1990.
Absence de lien avec le réchauffement climatique
Le 5e rapport du GIEC (GIEC, 2013) n’accordait qu’un faible degré de confiance à la projection de l’évolution des trajectoires des tempêtes dans l’hémisphère Nord.
Les études actuelles ne permettent pas de mettre en évidence une tendance future notable sur l’évolution du risque de vent violent lié aux tempêtes. Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la fréquence et l’intensité des tempêtes que ce soit à l’horizon 2050 ou à l’horizon 2100.
Météo France
[1] L’indice de sévérité SSI : l’indice SSI (Storm Severity Index) permet de caractériser au mieux les effets des vents forts à la meilleure résolution spatiale et temporelle, mais son calcul n’est possible qu’après 1995, date de disponibilité des données d’observations horaires. Pour cette raison il n’a pas été retenu pour l’étude de nos tempêtes. Toutefois, les cartes de sévérité basées sur cet indice sont proposées dans les fiches Tempêtes historiques dont la date est postérieure à 1995. Un événement tempête est qualifié de exceptionnel pour un indice SSIs supérieur à 12 ; fort pour un indice SSIs compris entre 4 et 12 ; modéré pour un indice SSIs inférieur à 4.