A propos de l’article « Réchauffement climatique » paru dans « Science … & pseudo-sciences »

Jean-Claude Pont écrit au rédacteur en chef de « Science … & pseudo-sciences », à propos de l’article « réchauffement climatique » paru dans le numéro 317 de la revue. Il entend rectifier ce qu’il tient pour « des manquements importants, parfois des ambiguïtés, voulues ou inconscientes ».
Jean-Claude Pont, ancien mathématicien, était professeur d’histoire et de philosophie des sciences à l’Université de Genève, aujourd’hui retraité. Il a donné, lors de la Contre-COP 22 de l’Association des Climato-réalistes en décembre 2016, une conférence intitulée : « La climatologie officielle au crible de l’analyse sémantique. Morceaux choisis ».

Cet article est constitué d’extraits d’un texte plus long que vous pouvez télécharger ici.

Résumé de l’article de Jean-Claude Pont :

« Cette petite revue est une oeuvre de salubrité publique. Je vais m’efforcer d’en faire de la publicité. » C’est ce que j’écrivais au secrétariat de Science… & Pseudo-sciences au moment de m’y abonner, en mai 2016.

Un label exigeant, lourd à porter et qui demande de l’attention. Beaucoup d’attention. Or cette attention s’est nettement relâchée sur les affaires du climat dans le numéro 317.

Le but du présent texte, petite lettre qui a pris de l’ampleur et qui s’est développée jusqu’à l’épaisseur d’un article, était de réveiller cette attention, un débordement commandé par la gravité du sujet ; il était de rectifier tant que faire se pouvait ce que je tiens pour des manquements importants, parfois des ambiguïtés, voulues ou inconscientes, dans certains passages que l’on voit dans ce numéro 317.

Dans mon message d’accompagnement au rédacteur en chef, M. Jean-Paul Krivine, je précisais que la longueur de mon texte me dissuadait d’en solliciter une publication. Je proposais en revanche que la revue le mette à disposition de ceux de ses abonnés qui souhaiteraient un point de vue critique sur ce numéro 317 et surtout sur le thème qui en occupe le centre.

Il fut adressé au secrétariat de la revue le 20 septembre 2016, mais resta sans réponse ni accusé de réception. Je me permis alors de relancer le secrétariat de la rédaction. Il me fut répondu : « Je vous confirme que Jean-Paul Krivine travaille désormais à vous répondre ». A ce jour, je n’ai toujours pas reçu de réponse. Qui plus est, ni le numéro 318 pas plus que les 319 et 320 2017 n’y firent allusion. Ce silence multiple interpelle, mais le familier des pratiques ordinaires du GIEC aura tôt fait d’en comprendre la raison, et remplira ainsi son escarcelle d’un nouvel exemple de l’objectivité et de l’ouverture des milieux et des proches de la grande organisation politique et climatologique.

Voici donc un extrait des critiques et commentaires à faire sur quelques passages du n˚ 317 de Science … & pseudo-sciences.

Page 11 « Ce constat est partagé par la quasi-totalité de la communauté des climatologues. »

A-t-on déjà vu la communauté des cardinaux ne pas partager la croyance en l’existence de Dieu ? Cette communauté de croyance est-elle une preuve de l’existence de Dieu

Page 11 « Le réchauffement a déjà des impacts visibles. Le plus spectaculaire est probablement le recul des glaciers dans les Alpes, même si on peut argumenter que ce recul avait déjà commencé bien avant l’augmentation des températures (…). » (je souligne)

  1. Le premier point à relever concerne la partie soulignée : « on peut argumenter que ce recul a commencé bien avant ». Si on peut argumenter que le recul des glaciers avait déjà commencé bien avant (comme c’est d’ailleurs effectivement le cas, voir la citation de Tyndal plus bas) que reste-t-il de la thèse voulant que la fonte des glaciers soit causée par un réchauffement climatique ?
  2. Il n’est pas indifférent de rappeler que les glaciers des Alpes ont avancé en moyenne de 1’000 mètres entre 1600 et 1850. Et ont commencé à disparaître quelque cinquante ans avant le soi-disant réchauffement climatique, c’est-à-dire pour une cause différente de celle qu’incriminent les climatologues. On pourrait appliquer mutatis mutandis la même réflexion à la cause qui a fait disparaître les glaces de la dernière glaciation. La même cause ne pourrait-elle pas continuer à exercer ses effets ? Pourquoi faudrait-il que précisément une autre cause vienne prendre le relai pour entretenir la disparition des glaciers à partir de 1900 ? La cause ancienne aurait subitement cessé de fonctionner, pour céder la place à une cause différente (CO2). Ce n’est pas sérieux.
  3. John Tyndall (1820-1893) est un physicien important et un glaciologue de premier plan. Dans un classique de l’histoire de la glaciologie (The Glaciers of the Alps, 1860. Traduction, Les glaciers et les transformations de l’eau, 1880, préface, p. 2), Tyndall écrit :

« Après douze ans d’absence, j’ai visité la mer de Glace au mois de juin dernier. Elle m’a présenté d’une manière frappante cet excès de la consommation sur la production[1] qui, s’il continue, finira par réduire les glaciers de la Suisse à n’être plus que l’ombre de ce qu’ils étaient autrefois. »

Cette citation apporte une preuve indiscutable de ce que les glaciers des Alpes ont commencé de reculer au plus tard vers 1850 !

  1. Dans ces lignes, Tyndal propose ce qu’il considère comme une explication naturelle, il ne la traite d’ailleurs même pas comme une hypothèse tant elle paraît aller de soi : « l’excès de la consommation sur la production ».

Deux choses sont importantes dans cette explication:

4.1 C’est la revue Pour la Science, pourtant elle-même très favorable aux thèses de la climatologie officielle[2],qui l’annonçait dans la page de couverture de son numéro de décembre 2007, à l’occasion de l’article Kaser-Mote[3], article repris de la revue Scientific American : « Neiges du Kilimandjaro : le réchauffement climatique innocenté. » Rien que ça, paf, on imagine le déchirement[4] ! En bref, l’évolution d’un glacier est déterminée par un bilan où intervient la différence entre les précipitations et l’ablation. Ce qui leur inspire le commentaire : « Ironiquement, un réchauffement global important, accompagné de précipitations accrues, sauverait les glaces du Kilimandjaro … » (les points de suspension sont des auteurs de l’article). Le terme « ironiquement » mérite une attention sémantique du genre de celles dont je parlais plus haut (voir l’article intégral) : en quoi serait-il « ironique » que la Nature fasse une chose raisonnable ?

4.2 Pour illustrer ce qui suit, je me sers d’une expérience de pensée. Admettons que la « température moyenne » (voir plus bas ce que je dis de ce concept) du globe (même un peu plus basse qu’aujourd’hui) demeure constante sur, disons, cinq ans. Admettons que, dans le même intervalle de temps, les précipitations cessent complètement sur les glaciers. Qu’adviendrait-il ? Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour donner la réponse : les glaciers disparaîtraient. Cette expérience de pensée, bien sûr, ne fournit pas de preuve, mais elle exhibe une autre « variable » qui, à la réflexion, peut être plus décisive que le 0.7 degré en 100 ans admis par le GIEC. La réponse à notre interrogation sur le recul de certains glaciers résidait donc (démontrée dans le cas du Kilimandjaro) dans la phrase soulignée du texte de Tyndall et j’ai un peu honte de ne pas l’avoir trouvé tout seul. Elle est aussi dans l’article de Kaser et Mote mentionné à l’instant.

Mettons en exergue les deux phrases de Tyndall, respectivement celle que l’on peut tirer de Kaser & Mote :

–  « (…) d’une manière frappante cet excès de la consommation sur la production » ;

– l’évolution d’un glacier (Kilimandjaro) est déterminée par un bilan où entre la différence entre les précipitations et l’ablation.

page 11 L’Antarctique perdrait probablement de la glace chaque année .

La courbe qui suit émane de la meilleure source ; elle montre très exactement le contraire.

Banquise antarctique

The growth of Antarctic sea ice has been observed since satellite records began in 1979. The past three years have all been record highs. Photograph: NSIDC.

Page 11 « La hausse des températures est donc avérée et il est quasi-certain qu’elle est liée à l’augmentation en gaz à effet de serre. »

On ne trouve pas un mot, dans les lignes qui précèdent celles de la citation, pouvant justifier la conjonction « donc », qui est sensée introduire une conséquence issue d’un raisonnement précédant. Voilà comment la présence d’un simple terme, je l’annonçais plus haut (voir l’article intégral), permet de se faire une idée des a priori et de la légèreté de l’argumentation.

Page 14 M. Bréon évoque la question du non-sens de la notion de « température moyenne », disant que cet « argument a été beaucoup utilisé ». Un peu plus loin et sans que les lignes intermédiaires puissent permettre de comprendre la transition, M. Bréon écrit à nouveau : « Il est donc probable que l’argument qu’une température moyenne n’a pas de sens va revenir. »

La conjonction « donc » – encore elle -, qui marque la conclusion d’un raisonnement n’a donc pas de raison d’être ici, comme c’était le cas dans le point que je viens de traiter. Pourtant, le lecteur rapide, ou déjà « intoxiqué », trouvera son compte en ayant l’impression d’avoir assisté à une authentique argumentation, qui permettra de désamorcer l’occurrence éventuelle chez un climato-sceptique d’une contre-attaque évoquant l’argument du non sens de la notion de température moyenne. Voilà une analyse sémantique simple qui interpelle celui qui cherche à se faire une idée de la solidité de l’argumentation des climatologues, ainsi que des méthodes auxquelles il recourt pour arrimer la conviction dans les esprits. Une nouvelle figure de style au service de l’analyse sémantique des textes de la climatologie officielle : « les ˝ donc ˝ de pacotille ».

C’est l’occasion de nous interroger sur le sens que peut avoir cette idée – qui n’est pas encore une notion – de « température moyenne ».

Il convient de préciser d’emblée que le concept de « température » relève de la thermodynamique, une partie difficile de la physique, que c’est par conséquent au physicien de la définir. Je présume que si l’on demandait à quelques-uns d’entre eux réunis dans une même pièce, d’indiquer indépendamment les uns des autres une manière de donner un sens à la notion de température moyenne et d’en indiquer la valeur pour la pièce, on aurait autant de méthodes que de têtes. De préciser ensuite que, comme la si justement établi Gaston Bachelard, c’est la méthode de mesure qui donne du sens à une notion et non une Idée a priori planant dans un ciel platonicien. Dis-moi comment je te détermine, je te dirais qui tu es !

(…)

Je me plais à rapporter encore cette petite anecdote. Il s’agit d’un e-mail que j’ai reçu le 30 décembre 2009 de la part d’un physicien de l’EPFZ :

« J’ai bu du petit-lait à la lecture du chapitre “Température moyenne”. A ce sujet, une petite anecdote au sujet de ton collègue Prof. Martin Beniston[5]. Prof. Beniston a donné à Sierre en 1996 (ou 1998 ? pas sûr de la date) une conférence sur les changements climatiques, à laquelle j’ai assisté. J’ai posé la question sur la signification de la température moyenne. Il m’a répondu quelque chose comme: “Si vous additionnez 3 chiffres, 12, 16, et 23 par exemple, et que vous divisez par 3, vous obtenez la moyenne“. Non satisfait de cette réponse, j’ai développé la question – un peu dans le sens des éléments que tu signales dans ton texte… Il a alors bafouillé un peu et esquivé maladroitement la question, en me laissant sur ma faim… Je n’ai pas insisté, mais j’ai quand même trouvé bizarre de la part d’un académicien qui travaille à longueur de journée sur ces concepts. Pas toi ?

« En décembre 2005, Prof. Beniston donne à nouveau une conférence à Sierre, à peu près sur le même sujet. Au terme de son exposé, une personne dans la salle (que je connaissais seulement de vue) pose la même question : “Quelle est la signification de la température moyenne ?”. Mêmes éléments de réponse que 10 ans auparavant, même embarras. Je n’ai pas trouvé que c’était une marque d’intelligence de l’orateur que de ne pas avoir “évolué“ avec les questions de son public… »

(…)

Jean-Claude Pont

(Lien vers l’article complet)


[1] Je reviens plus bas sur cette importante phrase, que j’ai soulignée. On peut d’ores et déjà noter que Tyndall ne met pas en cause la température, mais le bilan consommation / production.

[2] J’utilise à partir de maintenant l’abréviation « thèse officielle ».

[3] Kaser et Mote sont pourtant favorables à la thèse officielle.

[4] L’ironie au lieu de l’imprécatoire !

[5] Le pofesseur Benniston, climatologue de l’Université de Genève, serait un peu pour la Suisse le cardinal Bellarmin de la climatologie helvétique.

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