Le spécialiste des cyclones Franck Roux qui s’exprimait sur les ondes de France Inter le 10 septembre, indiquait que la période de répétition d’un ouragan de l’ampleur d’Irma sur les iles de Saint Martin et Saint Barthélémy est d’une centaine d’années ou plus (ceci résulte de la faible étendue de ces iles). Autrement dit la probabilité qu’un tel événement se produise pendant la durée d’une vie humaine est très faible. La sidération de la population qui n’a pas la mémoire d’une telle catastrophe est compréhensible. La sur-réaction franco-française l’est beaucoup moins, d’autant moins qu’au même moment un séisme de magnitude 8,2 provoquait la mort de 61 personnes au Mexique.
En réaction aux propos convenus des médias français, nous souhaitons rappeler les éléments factuels suivants :
- Irma n’est pas un évènement sans précédent dans l’Atlantique Nord;
- On n’observe pas d’augmentation du nombre ni de l’intensité de l’activité cyclonique sur une période de 40 ans;
- Le réchauffement climatique n’a pas d’impact détectable sur l’activité cyclonique mondiale.
L’ouragan IRMA n’est pas un événement sans précédent dans l’Atlantique Nord
Les ouragans de catégorie 5 (caractérisés par une vitesse de vent dépassant 251 km/h et /ou une pression atmosphérique inférieure ou égale à 925 hPa) sont rares mais pas exceptionnels : de 1924 à 2017, la NOAA en dénombre 24 soit 1 tous les quatre ans en moyenne. Notons de plus que certains ouragans historiques pour lesquels on ne dispose pas de données mesurées mais qui ont causé des dégâts extrêmes pourraient avoir atteint la catégorie 5 avant le XXe siècle.
Evalué en terme de pression atmosphérique Irma se situe en 12ème position, loin derrière Wilma :
Evalué en terme de vitesse des vents, IRMA se situe en 2ème position, ex aequo avec Gilbert (1988), Labor Day (1935), Gilbert (1988) et Wilma (2005).
Evalué en termes de pertes humaines, rappelons que le grand Ouragan de 1780 qui s’est abattu sur les îles des Caraïbes, tuant plus de 22.000 personnes à la Martinique, la Barbade et Sainte-Lucie est l’une des tempêtes les plus mortelles jamais enregistrées. Seul l’ouragan de catégorie 5 Mitch qui du 26 octobre au 5 novembre en 1998 a fait plus de 11.000 morts en Amérique centrale, s’est approché du grand ouragan de 1780 en termes de pertes humaines. Le journal en ligne Lapresse.ca répertorie les ouragans les plus meurtriers ayant affecté l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et les Caraïbes, ces vingt dernières années.
Il n’y a pas eu d’augmentation de l’activité cyclonique en 40 années
Ce n’est que depuis la mise en place d’une surveillance satellitaire complète que l’on peut établir des statistiques sur le nombre et l’intensité des tempêtes tropicales qui, pour la plupart, se perdent en mer (sur une moyenne de 80 cyclones se formant chaque année, une vingtaine seulement atterrissent ).
Les données exhaustives dont on dispose depuis 1970 ne mettent en évidence aucune augmentation de l’activité cyclonique. Toutes les sources de données sont convergentes sur ce point :
Le GIEC a édité en 2012 un rapport spécial sur les événements extrêmes (SREX) dont sont issues les données ci-dessous.
Le graphique ci-dessous établies par Ryan Maue, un expert du domaine, répertorie la totalité des tempêtes 1970 à 2015. Elles montrent une grande variabilité inter annuelle mais nulle tendance à la hausse, qu’il s’agisse des simples tempêtes (courbe du haut) ou des cyclones de catégorie 3 et supérieures (courbe du bas).
La courbe du haut présente le nombre des tempêtes tropicales qui ont atteint le minimum pour être identifiées (vents soutenus maximaux au dessus de 34 nœuds). La courbe du bas est relatif au nombre d’ouragans (vitesse au dessus de 64 nœuds). » mis à jour le 30 novembre 2015.
Dans son rapport annuel 2016, l’assureur AON fournit le nombre de cyclones entre 2000 et 2016 comparé aux moyennes 1980-2015. Là encore, aucune augmentation n’est perceptible.
Il n’y a pas de lien entre l’activité cyclonique et le réchauffement climatique
Dans un communiqué du 30 août 2017, l’agence américaine NOAA indiquait :
« Il est prématuré de conclure que les activités humaines (et en particulier les émissions de gaz à effet de serre) ont un impact détectable sur les ouragans de l’Atlantique ou sur l’activité cyclonique mondiale ».
La plupart des scientifiques qui se sont exprimés à propos de ces évènements se sont montrés prudents dans leur déclaration indiquant que l’on manque de données pour établir un lien entre l’activité cyclonique et le réchauffement climatique. Les plus “réchauffistes” d’entre eux (Jean Jouzel) se réfugient derrière les modèles climatiques pour annoncer un renforcement de l’intensité des cyclones : les modèles du GIEC prévoit pour la fin du XXI° siècle une augmentation de 2 à 11% selon les scénarios d’émission de gaz à effet de serre.
Alarmez, alarmez, il en restera toujours quelque chose !
Les évènements extrêmes sont un sujet sensible facile à instrumentaliser à des fins politiques ou médiatiques en raison de leur charge émotive et de leur caractère spectaculaire.
Ainsi Stéphane Foucart dans Le Monde du 08 septembre n’hésite pas à titrer :
« La planète subit de plein fouet le dérèglement climatique…Ouragans, inondations, sécheresses, incendie », poursuivant : « Une séquence de catastrophes naturelles historiques, aggravées par le réchauffement, frappe tous les continents ».
Stéphane Foucart se trompe ou nous ment comme le montre cet article publié sur le site des Climato-réalistes, et de façon synthétique le diagramme ci-dessous (issu du rapport annuel de l’assureur AON) :
C’est également l’occasion de rappeler les circonstances de la démission du GIEC en 2005 du spécialiste des cyclones à la NOAA Christopher Landsea. Celui-ci avait refusé de signer un rapport du GIEC (auquel avait participé comme auteur principal, son collègue Kevin Trenberth), dont il estimait les conclusions erronées et contraires aux observations. Christopher Landsea avait à cette occasion rédigé une lettre de démission dans laquelle il déclarait :
« Pour ce qui me concerne, je ne peux pas, en toute honnêteté, continuer à contribuer à un processus que je considère comme motivé par des objectifs préconçus et qui sont scientifiquement infondés. Comme les responsables du GIEC n’ont rien trouvé à redire aux actions du Dr. Trenberth et l’ont maintenu à son poste d’auteur principal, j’ai décidé de ne plus participer à la préparation de l’AR4 ».