par Philippe de Larminat (professeur retraité de l’École Centrale).
La défiance envers la science ne date pas de la découverte d’un papier déplorable dans la revue prestigieuse The Lancet. Les revues à comité de lecture en ont accepté bien d’autres, jusqu’à de fausses études destinées à les ridiculiser.
Le retentissement du LancetGate pourrait avoir néanmoins un effet positif, celui de permettre enfin la critique d’une théorie hautement suspecte malgré le consensus dominant, celle du changement climatique d’origine humaine. Cette théorie s’appuie essentiellement sur une série restreinte de publications : les rapports quinquennaux d’évaluation du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Évolution du Climat). Ceux-ci se présentent comme des publications revues par les pairs (peer reviewed), mais d’un caractère très particulier : d’abord leur volume : 1500 pages pour le dernier rapport (WG1AR5), ensuite le nombre d’auteurs (plusieurs centaines), enfin un processus de révision qui donne le dernier mot aux rédacteurs principaux, sans que le texte final puisse faire la moindre allusion aux citriques des relecteurs. Cette procédure suspecte d’auto-review interroge, ainsi que l’existence d’un résumé pour les décideurs (Summary for PolicyMakers) négocié, modifié et entériné en séance plénière par les délégations gouvernementales constitutives du GIEC.
La confiance dans le GIEC n’a pas été ébranlée par le Climategate : la divulgation en septembre 2009 de milliers d’e-mails échangés entre les têtes de file du GIEC, mettant en évidence leurs pratiques maffieuses.
Mais les attaques ad hominem n’ont jamais démontre la fausseté de quelque théorie que ce soit, d’autant que les nombreux auteurs sont ici bardés de publications « de haut niveau ».
À la différence de tant d’autres papiers banals à la fois peer reviewed et bidonnés (c’est le terme juste), on se trouve ici devant un bidonnage à la puissance 10, tant par la durée (le premier AR date de 1990), que par le nombre des acteurs, et enfin la diversité des agissements. Bien entendu, les formes scientifiques sont respectées en apparence, bien que certains climatosceptiques le contestent par des arguments risibles (l’effet de serre s’effondre car le GIEC contredit le second principe de la thermodynamique ; Le CO2 n’a aucun effet car son absorption est saturée ; une règle de trois suffit à montrer que…, etc.) Une critique sérieuse ne peut être menée que par des scientifiques eux-mêmes de haut niveau en physique de l’atmosphère, ou en modélisation et simulation, capables de déceler les pratiques du GIEC dans le détail des rapports : distorsion des résultats de simulation, trafiquage des données climatiques, statistiques erronées, fausses citations…
L’expertise de l’auteur de ces lignes se limite à la modélisation comportementale des systèmes complexes, en particulier le climat terrestre, sur lequel il travaille depuis environ dix ans. Cette activité lui a permis de discerner le biais fondamental à travers lequel le GIEC impose sa thèse de la prépondérance de l’activité humaine sur le réchauffement actuel.
Il existe une corrélation manifeste entre la concentration de CO2 atmosphérique et l’accroissement de la température terrestre globale au XXème siècle, corrélation pour laquelle il existe une explication physique plausible, l’effet de serre. Mais il y a une autre corrélation dont le GIEC ne parle jamais, sinon pour tenter de la nier : celle de l’activité solaire, qui a été particulièrement forte au XXème siècle.
Le GIEC a pour obsession de masquer cette explication – mortelle pour sa propre existence –, toute contribution solaire au réchauffement venant en déduction de l’action anthropique. Pour cela, tous les moyens sont bons. En voici une liste courte, accompagnée de quelques mots clé pour recherche internet.
Quantification arbitraire des facteurs de déséquilibre (RCP, radiative forcings) – Exagération systématique du réchauffement actuel (pausebuster, doping RSS temperature) – Trafiquage des reconstructions climatiques (hockey stick graph, Yamal proxies) – Limitation de l’activité solaire au facteur énergétique (TSI vs. magnetic field) – Trafiquage du décompte des taches solaires (Group number vs.Sunspot number) –Floutage des reconstructions pour masquer l’échec des simulations millénaires (AR 5, fig. 5.8) – Limitation des techniques de détection and attribution à la période historique (AR 5, fig. 10.6).
Lorsqu’on procède à une ré-estimation en règle des données pré-aménagées par le GIEC, les simulations des contributions anthropiques au réchauffement montrent que le réchauffement actuel est dû essentiellement à l’activité solaire et à la variabilité interne du climat [1], [2], [3], au point que la contribution humaine apparait négligeable par rapport aux contributions naturelles. L’adhésion à ces conclusions exige néanmoins un entendement au fait de la théorie classique des signaux et systèmes ce qui n’est pas le cas de la plupart des scientifiques du climat (toutes tendances confondues).
Pour finir, revenons à l’une des conclusions du LancetGate : avec l’extinction de la pandémie Covid19, on ne connaitra sans doute jamais l’efficacité réelle de l’hydroxychloroquine, faute de malades en nombre suffisant pour la tester selon les règles. De même, compte tenu des incertitudes irréductibles concernant le passé paléoclimatique, on peut craindre que la contribution humaine au réchauffement ne soit jamais quantifiée, même grossièrement, contredisant ainsi l’assertion majeure du GIEC et des alarmistes du climat, selon laquelle la science aurait parlé.
[1] Philippe de Larminat, Climate change, identification and projections, WILEY, dec. 2014
[2] Philippe de Larminat, Earth Climate Identification vs. Détection and Attribution, Annual Reviews in Control, Elsevier, 2016.
[3] Philippe de Larminat, Black Box Identification of Earth’s Climate System. 2019. ffhal-02178554f