La résilience des océans est possible d’ici 2050, selon une étude internationale publiée le 31 mars dans la revue Nature. D’après les recherches d’experts de dix pays différents, les écosystèmes marins peuvent encore se reconstruire.
L’étude s’intéresse aux effets positifs des efforts de conservation des océans. Les scientifiques estiment qu’il est possible de restaurer des écosystèmes complets en une génération seulement, d’ici à 2050.
Les chercheurs rappellent par ailleurs que l’humanité doit beaucoup aux océans: 2,5% du PIB mondial, que ce soit pour l’emploi, la nourriture et potentiellement les énergies renouvelables et de captation de CO2 . Les océans ne pourront plus fournir ces fonctions si les écosystèmes marins continuent de s’effondrer.
Nous ne sommes pas des rêveurs. L’action menée ces dernières années porte ses fruits. C’est du win-win de restaurer la vie marine, c’est astucieux d’un point de vue économique.
Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de l’étude
De nombreux exemples de résilience dans les dix dernières années
Nous voulions sortir de cette litanie de mauvaises nouvelles. La littérature scientifique a des preuves de résilience des océans, mettons-les en avant. Nous avons plein d’exemples sur ces dix dernières années.
Jean-Pierre Gattuso
Jean-Pierre Gattuso évoque la réhabilitation d’une mangrove, dans le Delta du Mékong (Vietnam), qui avait été entièrement détruite par l’utilisation du napalm.
Il y a aussi de très bons résultats pour les mammifères marins. Nous avons observé que les baleines à bosse qui étaient quelques centaines en 1948 sont aujourd’hui 40’000. Les éléphants de mer du nord étaient une vingtaine en 1800, ils sont 200’000 aujourd’hui. Donc oui, l’histoire nous montre des bonnes nouvelles.
Jean-Pierre Gattuso
A l’heure où une grande partie des activités humaines sont à l’arrêt pour cause de pandémie, l’étude cite des centaines de cas d’écosystèmes marins revitalisés, notamment :
- Un rebond des stocks de poissons au cours des deux guerres mondiales en raison d’une diminution de la pêche ;
- Des récifs coralliens récupérés des essais nucléaires dans le Pacifique Sud ;
- L’amélioration des conditions dans les mers Noire et Adriatique après l’effondrement de l’Union soviétique.
Les auteurs ont émis 45 recommandations, et un appel aux gouvernements à poursuivre la tendance au rétablissement en protégeant les habitats et les espèces vulnérables, en adoptant des pratiques de pêche durables. Ils ont évalué le prix de ces efforts entre 10 et 20 milliards de dollars américains par an, mais estimé que ces initiatives allaient déclencher une renaissance dans les industries mondiales des fruits de mer et de l’écotourisme.
L’intervew de Jean Pierre Gattuso est à lire dans Sciences et avenir