C’est la conclusion d’une étude publiée le 6 avril dans la revue américaine Proceedings de la National Academy of Sciences par des chercheurs de la Woods Hole Oceanographic Institution.
La « pompe biologique » des océans est plus efficace qu’on ne le pensait
La « pompe biologique » désigne le processus de grande ampleur par lequel le CO2 est absorbé par le phytoplancton contenu dans les océans. Le mécanisme est le suivant : avec l’aide de l’énergie solaire, le phytoplancton absorbe le CO2 et relâche de l’oxygène. Il est à son tour absorbé par le zooplancton animal et d’autres espèces marines qui l’amènent plus au fond des océans. Quand ces dernières espèces meurent, elles se transforment en débris riches en carbone qui tombent au fond des océans.
Ce processus participe donc à la séquestration du carbone par les océans; la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère serait beaucoup plus élevée si cette « pompe biologique » n’existait pas. L’équilibre entre la séquestration du carbone atmosphérique et les exportations par la « pompe biologique » est aussi le facteur clé déterminant le niveau du pH dans les eaux de surface océaniques.
De petits changements dans l’efficacité de la pompe biologique peuvent altérer considérablement la séquestration du carbone océanique et par conséquent le CO2 atmosphérique et le climat, ainsi que le fonctionnement des écosystèmes dans les eaux intermédiaires.
La zone où vit le phytoplancton est appelée la zone euphotique. Or la capacité du phytoplancton à absorber le CO2 dépend en grande partie de la quantité de lumière qui pénètre dans les couches supérieures des océans.
L’étude révèle que cette zone est plus importante que prévue et qu’elle absorbe jusqu’à deux fois plus de CO2 que ce qui était jusque là estimé.
Cet ajustement modifie les évaluations régionales de l’efficacité de la pompe à carbone ainsi que les budgets mondiaux de carbone.
Les modèles climatiques doivent être améliorés, selon l’étude
Les modèles climatiques, y compris ceux utilisés par le GIEC évaluent le plus souvent la pompe à carbone dans l’océan à une profondeur de référence fixe.
L’extrapolation de ces flux à d’autres profondeurs, qui définit l’efficacité de la pompe biologique, est souvent exécutée en utilisant une relation flux-profondeur empirique « idéalisée », souvent appelée la « courbe de Martin ».
En utilisant les nouvelles mesures, nous allons être capables d’améliorer les modèles non seulement pour dire à quoi ressemblent les océans aujourd’hui mais à quoi ils ressembleront dans l’avenir.
Docteur Ken Buesseler, géochimiste de la Woods Hole Oceanographic Institution qui a dirigé la recherche.