Le vent a tourné mais il reste un problème : la législation sur le climat.

Benny Peiser

Article publié le 29 janvier 2025 par la fondation Clintel. Traduit par Camille Veyres

Dans son dernier discours en tant que directeur de la Global Warming Policy Foundation, Benny Peiser a conclu que les alarmistes du climat sont désormais pratiquement seuls. Mais « le principal problème aujourd’hui est que les gouvernements sont entravés, non seulement par la bureaucratie et la fonction publique, mais aussi par les tribunaux et par les mesures juridiques adoptées par les militants ».

Peiser a tenu sa conférence en ligne , organisée par ICSF et Clintel, le mercredi 29 janvier.


« Il y a trois ans, après la COP de Glasgow, j’ai dit que nous entrions dans une phase différente du débat sur le climat et j’ai dit que l’attention se déplaçait maintenant de la science vers le coût du Net Zero et le coût des politiques climatiques. En l’espace de trois ans, cela s’est vraiment concrétisé, et peut-être beaucoup plus rapidement que je ne l’avais prévu », a déclaré M. Peiser dans son dernier discours en tant que directeur de la Global Warming Policy Foundation.

Il est clair maintenant que les gens sont beaucoup plus préoccupés par le coût des politiques « Net Zero » que par le potentiel du changement climatique. L’alarme climatique, bien qu’elle ne se soit pas éteinte, n’a plus la confiance d’une grande partie du public. Les scientifiques spécialistes du climat ont joué un rôle excessif. Ils ont provoqué tant de partisanerie, de censure et d’intimidation qu’ils ont perdu la confiance du public dans son ensemble.

« Nous allons maintenant devoir décider ce qu’il faut faire de l’agenda politique en matière de climat et d’énergie et comment les gouvernements peuvent vraiment se libérer de l’emprise du climat. Le principal problème est que les gouvernements sont entravés, non seulement par la bureaucratie et la fonction publique, mais aussi par les tribunaux et le droit adopté par les militants ».

Les médias

La situation dans les médias n’a vraiment changé que récemment, au cours des deux ou trois dernières années, a déclaré M. Peiser, en raison de l’essor des médias alternatifs et des médias sociaux. « Twitter ou X ont fait une énorme différence, mais il y a aussi d’autres médias et organes d’information qui ont fait une grande différence. Et bien sûr, cela fait 15 ans que les prophéties sur les catastrophes climatiques se succèdent. La plupart de ces prédictions ne se sont évidemment jamais concrétisées, malgré la hausse des températures. Il n’y a pas un seul événement météorologique extrême aux conséquences catastrophiques qui ait augmenté au cours des dernières décennies, malgré le fait que les températures aient continué à augmenter.

« Le changement climatique se produit beaucoup plus lentement et beaucoup plus progressivement, malgré les gros titres. La tendance n’est encore que la moitié de ce que le GIEC avait prévu à l’origine. Mais la réalité, c’est que de plus en plus de gens se préoccupent aujourd’hui du Net Zero et de la désindustrialisation de l’Europe. Les alarmistes du climat sont vraiment seuls. Ils ont quelques alliés comme Extinction Rebellion et quelques éco-socialistes purs et durs. La plupart des gens, plus de la moitié en tout cas, sont plus préoccupés par les coûts politiques que par l’agenda climatique. »

« Les Européens ont mis tous leurs œufs dans le même panier, celui du Net Zéro, et presque tout ce qu’ils ont proposé et presque tout ce qu’ils ont mis en œuvre s’effondre. Il n’y a pas une seule politique Net Zero qui se déroule comme prévu, qu’il s’agisse de pompes à chaleur, d’usines de batteries ou de véhicules électriques. L’Europe a réussi à réduire ses émissions de CO2 principalement en transférant son industrie à l’étranger et en important la plupart de ses biens de l’étranger, ce qui lui permet de dire qu’elle émet moins. Mais en réalité, si l’on ajoute à l’empreinte carbone tous les produits importés de Chine et d’autres pays asiatiques, le bilan n’est pas très reluisant ».

Chine

Les politiques du « net zéro » ont conduit à un désastre économique et l’industrie automobile européenne est aujourd’hui confrontée à une crise existentielle. La Chine est bien sûr l’éléphant dans la pièce en termes d’émissions de CO2. La Chine est en train de dépasser l’UE en termes d’émissions globales, pas seulement récentes, mais globales. La Chine a maintenant dépassé l’Europe en tant que plus grand émetteur historique de CO2 et va bientôt défier les États-Unis également. En attendant, la Chine est officiellement un « pays en développement »… Selon les règles des Nations unies, la Chine peut faire ce qu’elle veut. Elle n’est pas tenue d’adhérer à des objectifs contraignants parce qu’elle est – et prétend être – un « pays en développement ». Elle affirme qu’elle sera toujours un pays en développement. C’est la position officielle de la Chine. Certains pourraient dire : regardez le nombre de parcs éoliens et solaires qu’ils ont construits, mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. En fait, la Chine profite du charbon bon marché et brûle du charbon comme s’il n’y avait pas de lendemain ».

Le charbon

Le charbon a atteint un niveau record, malgré 20 à 30 ans d’alarmisme climatique, a déclaré M. Peiser. « Lorsque j’ai écrit un article en 2010 sur la COP15 de Copenhague, je disais déjà que la demande d’énergie allait doubler d’ici 2050. L’idée que l’on puisse renoncer au charbon, au gaz et au pétrole était complètement délirante. Cependant, la Chine est en train de faire du parasitisme, ce qui signifie que les Européens ne peuvent plus rivaliser avec la Chine. Si vous renoncez au charbon et au gaz bon marché et que vous misez sur des politiques Net Zero coûteuses et unilatérales, le résultat est le suivant : les prix de l’électricité montent en flèche et votre industrie n’est plus compétitive. En Europe, les prix sont deux à trois, voire quatre fois plus élevés qu’aux États-Unis ou en Chine.

« Pour la première fois, l’UE admet qu’elle ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était et qu’elle a un problème. De plus en plus de fonctionnaires et d’hommes politiques de l’UE disent qu’il faut faire reculer tout le programme Net Zero en Europe, le Green Deal.

Trump

Trump a lancé le slogan « drill, baby, drill ». La question est de savoir si, malgré son annonce de retrait de l’accord de Paris, il peut faire la différence, estime M. Peiser. « C’est le problème auquel chaque gouvernement dans le monde, en particulier dans le monde occidental, est maintenant confronté. Nous avons vu des politiciens européens, et même français, dire que nous devions retarder les règles vertes. La pression est donc énorme sur l’UE pour qu’elle fasse reculer le Net Zero. Mais la grande question est de savoir comment faire reculer les politiques après avoir introduit toutes ces lois et tous ces objectifs Net Zero. Trump a un mandat, il a gagné les élections, il a une majorité dans les deux chambres et les activistes climatiques peuvent encore aller devant les tribunaux. Il y a des lois et des réglementations et donc Trump ne peut pas faire ce qu’il veut. Le plus grand défi pour les démocraties occidentales aujourd’hui est le suivant : même si un parti remporte les élections avec un mandat et dit à l’avance ce qu’il veut faire, la gauche et les éco-socialistes vont devant les tribunaux et les empêchent de le faire à cause des lois et des réglementations environnementales. »

« Le plus grand obstacle pour les gouvernements est donc la législation inhérente au Net Zero, la législation inhérente au climat, les objectifs inhérents et les budgets carbone. La seule façon de s’en sortir efficacement est de changer la loi, ce qui est plus difficile qu’on ne le dit car de nombreuses parties dans le monde occidental, peut-être moins aux États-Unis, sont divisées. Pas seulement dans le courant dominant, mais aussi à droite. Les partis de centre-droit et les partis conservateurs sont tous divisés. Ils ont tous des ailes vertes très fortes qui rejoindront leurs opposants politiques ».

EPA (Environmental Protection Agency)

Trump 1.0 n’a jamais réussi à surmonter l’obstacle du « endangerment finding », qui affirme que le CO2 est un polluant dangereux. « L’EPA n’y a pas vraiment touché. L’EPA de Trump n’a jamais essayé de l’annuler. Alors maintenant, Trump 2.0 essaie d’emprunter cette voie parce que sans changer la loi, les choses seront très, très difficiles. Il y a quelques mois, la Cour suprême a rejeté une contestation du constat de dangerosité de l’EPA, qui est en fait la principale loi empêchant une administration américaine de se lancer à corps perdu dans le forage. Elle dit que l’administration est liée par ce constat et qu’elle ne peut pas agir parce que le CO2 est un polluant dangereux. Il est dangereux pour notre santé et pour la planète. Par conséquent, les gouvernements doivent restreindre toute politique énergétique que le lobby écologiste juge contraire à cette loi. Francis Menton, président de l’association American Friends of the GWPF, a beaucoup écrit sur la façon dont le constat de dangerosité peut être renversé » (voir son site web Manhattan Contrarian). »

« Le G7 a une autre tactique pour se tirer d’affaire, qui consiste à dire qu’il n’y aura pas d’argent, à moins que la Chine ne renonce à son statut de pays en voie de développement. Cette question deviendra le sujet des prochaines réunions de la Conférence des Parties. Il n’y aura pas d’argent provenant des autres pays du G7 à moins que la Chine ne renonce à son rôle de passager clandestin, ce qui est un argument très puissant pour ne pas poursuivre la décarbonisation unilatérale. C’est essentiellement la stratégie de sortie de l’Europe : lancer un ultimatum aux Chinois et leur dire : à moins que vous ne renonciez à votre statut de pays en développement, nous modifierons nos lois sur le climat en conséquence. Nous ne nous laisserons plus berner par une décarbonisation unilatérale. Cela n’a aucun sens, car quoi que fasse l’Europe, ou même les États-Unis, en termes de réduction des émissions de CO2, ils sont dépassés par les Chinois et les autres nations asiatiques qui émettent du CO2 ».

Larmes

« Après avoir passé 15 ans à dire aux gens que cela ne marcherait pas, que cela finirait en larmes et que la réalité énergétique et le Net Zero ne vont pas ensemble, je pense que nous sommes maintenant dans une situation où, pour la première fois, les politiciens et les décideurs politiques frappent à notre porte et nous disent : s’il vous plaît, aidez-nous à sortir de l’impasse. Nous avons besoin d’idées et d’alternatives politiques pour sortir de l’impasse.

« Je suis presque certain que mon successeur aura beaucoup plus de facilité à jouer son rôle au sein du GWPF. De même, la Fondation irlandaise pour les sciences du climat et Clintel auront plus de facilité qu’au cours des 15 dernières années, car nous disons maintenant essentiellement ce que la grande majorité des gens pensent ».

M. Peiser quittera son poste de directeur à la fin du mois de mars, après 15 ans d’activité. Il restera administrateur du GWPF.

Partager

15 réflexions au sujet de « Le vent a tourné mais il reste un problème : la législation sur le climat. »

  1. “””””””” s’il vous plaît, aidez-nous à sortir de l’impasse. Nous avons besoin d’idées et d’alternatives politiques pour sortir de l’impasse.””””””””
    Ils s’adresseront à l’IA qui les sortira du problème climatique et leur fournira encore plus de possibilités pour taxer le peuple

  2. L’« artificialisation » (quel mot atroce !) est en vogue. Après celle des sols, de l’intelligence voici venu le temps de l’artificialisation de la démocratie. L’état de droit, (expression curieuse car existe-t-il un état sans droit ?) empêche toute action du peuple souverain. Il est vrai que l’oligarchie au pouvoir, érigée en caste, tous bords confondus, a fait juridiquement tout ce qu’il fallait pour empêcher que le peuple puisse interférer dans le déroulement de l’exercice du pouvoir. Ainsi, en 2005, rejet de la constitution européenne par le peuple balayé par le traité de Lisbonne en 2007,
    adoption en 2016, à plus de 55% des habitants de Loire-Atlantique, lors un référendum local, du transfert de l’aéroport de Nantes vers ND des Landes, balayé en 2018 après consultation de 3 « experts » (!). Si l’on ajoute à ces événements, les tripatouillages électoraux récents, on peut sans risque de se tromper affirmer que notre démocratie est devenue artificielle, artifice étant compris ici au sens de ruse ou tromperie. Dès lors, Il est illusoire de penser changer le cours des événements avant le naufrage que l’écologie politique nous réserve. Cependant, les élites devraient se méfier. Ce pays a montré au cours de son histoire une certaine propension à la réaction violente : on appelle ça la Révolution..

  3. Les lois qui empêchent…. Les lois ça se change. A condition que les idiots ne continuent pas à voter idiot. Mais le porte-monnaie est un bon aiguillon pour les réveiller.

  4. Le G7 a une autre tactique… Mais que représente le G7 dans le monde des BRICS dédollarisé ?
    Le monde occidental se croit toujours au centre de la pièce, à vouloir gendarmer des pays qui l’ignoreront bientôt totalement. Le vrai problème, c’est la survie de l’Europe, avec sa bande de dirigeants obtus qui la mènent vers l’abîme.

  5. Aidez-nous à sortir de l’impasse… Comme au vieux temps du communisme triomphant, donner à ces politicards un révolver avec une balle et attendre derrière la porte qu’ils s’en servent.

  6. Pour l’instant les médias continuent comme avant, le terme, “à cause du dérèglement climatique” est même devenu un élément de ponctuation comme la virgule.
    Si les décideurs veulent qu’on les aide, il leur suffit de donner la parole au peuple avec un référendum. Puisque notre président y pense, on peut toujours espérer…

    • Sans rapport direct avec cet article, il faut se remémorer que le Conseil Constitutionnel déjà bien orienté à gauche en 1962 avait eu l’occasion d’agacer le général de Gaulle et comment ce dernier organisa le référendum pour l’élection du président de la République au suffrage universel en s’asseyant sans vergogne sur l’avis négatif du C.C. , mais aussi ceux du Conseil d’Etat et du Congrès parlementaire !
      Fin octobre 1962, le référendum donna une forte majorité au général et le Conseil Constitutionnel, penaud, “s’estima finalement incompétent pour juger de la conformité constitutionnelle d’une LOI DIRECTEMENT ADOPTEE PAR LE PEUPLE FRANCAIS, légitimant ainsi la procédure employée.” (Wikipédia)
      De quoi donner des idées à un futur président moins “timide” que l’occupant actuel de l’Elysée.

  7. La Chine, un pays “en voie de développement” qui envoie dans l’espace des satellites et des sondes interplanétaires, construit des porte-avions et des sous-marins nucléaires, a des décennies d’avance sur l’Occident dans pas mal de domaines, et que la France continue à subventionner à hauteur de plusieurs centaines de millions d’Euros chaque année (une aumône misérable quand on considère le budget annuel de la Chine!) au titre de “l’Aide au Développement” tout en continuant à creuser une dette abyssale qu’elle est incapable de rembourser depuis près d’un demi-siècle !
    Certains politiques français, européens ou onusiens relèvent vraiment de la psychiatrie lourde: Electrochocs et aspersion d’eau glacée !

  8. Jean-Paul13 février 2025 at 9 h 03 min
    Jean Paul,
    les décideurs ne veulent pas qu’on les aident, donner la parole au peuple avec un réfédum , c’est juste l’occasion de repasser aux prochaines élections

  9. Après Lisbonne, il a été décidé en “haut lieux” de ne plus demander son avis au peuple sauf sur des sujets secondaires.
    Il faut dire aussi que le milieu scientifique est un tantinet corrompu, ce qui a permis au plus tarés de ses représentants d’occuper la tribune, bien aidés par toutes les officines largement subventionnées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

captcha