Traduction d’un article publié le 6 janvier 2022 par le météorologue Cliff Mass sous le titre : « The Colorado Wildfire and Global Warming: Is there a Connection? »
Cliff Mass est météorologue, professeur de sciences atmosphériques à l’Université de Washington. Il est spécialisé dans la prévision et la modélisation météorologique. Ses recherches ont notamment porté sur les caractéristiques météorologiques de l’ouest des États-Unis. Il est l’auteur de The Weather of the Pacific Northwest, l’un des livres les plus vendus par l’Université de Washington. Dans cet article Cliff Mass démontre que le lien établi par certains médias entre le réchauffement climatique et le feu de forêt destructeur qui s’est produit dans le Colorado le 30 décembre relève de la désinformation qui sape les efforts visant à identifier clairement les risques et à prendre les mesures cohérentes et efficaces pour éviter que de tels incendies de forêt ne se reproduisent.
Le 30 décembre 2021, un feu de broussailles déclenché par l’homme s’est rapidement propagé dans les quartiers de Superior, une ville du Colorado située entre Denver et Boulder.
Poussé par des vents dépassant 160 km/h l’incendie s’est rapidement déplacé vers les zones peuplées, causant la destruction d’environ 1 000 maisons, endommageant ou détruisant un certain nombre de bâtiments commerciaux et causant la disparition de deux personnes.
Quelques heures après l’événement, plusieurs médias, dont le Washington Post, le Seattle Times, National Public Radio, NBC News et Axios ont affirmé que l’incendie résulte du réchauffement climatique, ou à tout le moins que le réchauffement climatique a joué un rôle majeur dans sa formation. Le gouverneur du Colorado a clairement mis en cause le changement climatique de même que nombre de militants du climat.
La vérité est différente et très claire : cet événement n’a rien à voir avec le changement climatique et il est facile de le montrer. Nous examinons dans cet article pourquoi cette terrible tragédie s’est produite et quelles sont les mesures à prendre pour éviter qu’elle ne se reproduise.
Un feu allumé par l’homme.
L’incendie est d’origine humaine, il n’a pas été allumé par la foudre. Son point d’origine semble se situer dans le camp d’une communauté religieuse fondamentaliste, mais des enquêtes sont encore en cours.
L’énorme accroissement de la population qui s’est produit au cours des 50 dernières années dans cette région a manifestement augmenté la probabilité d’un départ de feu accidentel.
Un feu poussé par des vents forts.
Des vents forts accélérés le long des pentes orientales de la chaîne des Rocheuses sont le point clé de cet événement.
De tels vents sont liés à des ondes de montagne de grande amplitude qui peuvent se produire dans des conditions météorologiques normales. C’est ce qui s’est passé le 30 décembre et ces vents forts avaient d’ailleurs été prévus par les modèles de prédiction numérique à haute résolution (par exemple, le modèle NWS HRRR de la NOAA).
Bien que les vents aient atteint en quelques endroits la vitesse de 100-115 mph (161-185 Km/h), on est loin des records historiques de 144 mph (230 KM/h) en 1972 ou de 140 mph (225 Km/h) en 1982.
Les tempêtes de vent descendantes ne sont pas inhabituelles le long du Colorado Front Range et sont plus fréquentes pendant la saison fraîche (novembre-janvier), comme indiqué par le diagramme ci-dessous.
On observe d’autre part une tendance à la baisse du nombre d’événements venteux de ce type, ce qui suggère que le réchauffement climatique ne les encourage pas. Certaines études (comme par exemple celle-ci) utilisant des modèles climatiques mondiaux forcés par l’augmentation des gaz à effet de serre, suggèrent même que les conditions produisant des tempêtes de vent descendants dans le Front Range sont censées devenir moins fréquentes et plus faibles sous l’effet du réchauffement climatique.
Un feu alimenté par des herbes sèches.
Comme le montre l’image ci-dessous (issue de Google Maps), la région située juste à l’ouest de la ville de Superior, est couverte de vastes prairies qui poussent et verdissent au printemps et naturellement, brunissent et sèchent pendant l’été. Ces herbes sont connues sous le nom de combustibles d’une heure, ce qui signifie que quel que soit leur niveau d’humidité, elles peuvent brûler après une seule heure de séchage.
Et peu d’environnements sont plus propices aux feux que lorsqu’il y a une combinaison de vents forts et d’un faible niveau d’humidité relative ce qui était le cas lors de l’événement de décembre (l’humidité relative était d’environ 23% le matin de la tempête).
Ainsi, il est indifférent que la période précédente ait été chaude, humide, ou sèche : la tempête de vent elle-même a créé les conditions pour que les herbes soient prêtes à brûler. Les affirmations de certains militants selon lesquelles c’est la sécheresse qui a sévi plusieurs mois pendant l’automne précédent qui a créé les conditions de l’incendie, sont manifestement fausses. Et les assertions selon lesquelles le réchauffement climatique contribue à la formation d’herbes prêtes à brûler le sont tout autant.
De plus, les mesures de l’humidité d’herbes séchant en 10 heures (pour les plantes légèrement plus grosses que l’herbe) réalisées sur le site RAWS (Remote Automated Weather Station) du département de l’agriculture (USDA) situé sur la montagne Sugarloaf, ont montré des niveaux d’humidité d’environ 9 % pendant les jours précédents, ce qui est proche de la normale pour cette période de l’année (9% pour décembre). Notons aussi qu’il avait plu le 25 décembre.
De plus, l’herbe a été particulièrement abondante cette année parce que la région a connu un printemps et un début d’été particulièrement humides. Le graphique ci-dessous montre les précipitations cumulées observées pour l’année dernière à Boulder (Colorado), superposées aux valeurs normales.
Les précipitations ont été normales jusqu’au 1er mars environ, mais à partir du 1er juin, elles ont été bien supérieures à la normale, et cette abondance de précipitations s’est poursuivie pendant l’été. Le résultat a été une croissance de l’herbe plus rapide. Or, il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que le réchauffement climatique augmente les précipitations au printemps : On ne trouve aucune sortie de modèle climatique pour soutenir la thèse contraire. On voit que l’année dans son ensemble s’est déroulée presque normalement. Ajoutons que le manteau neigeux dans les montagnes au-dessus de Boulder était au-dessus de la normale l’hiver dernier.
Des conditions météorologiques qui ont peu varié depuis 1950.
D’aucuns affirmeront que le déficit de neige cette année dû aux conditions sèches et chaudes qui ont prévalu cet automne pourrait être la cause de ces feux. Là encore, la thèse ne tient pas. D’abord, il n’est pas inhabituel qu’il n’y ait pas ou peu de neige à la fin du mois de décembre dans la région de Boulder (Colorado). Un tiers des jours d’hiver seulement connaissent 1 pouce [2,54 cm NdT] ou davantage de neige au sol (voir ici ), avec une épaisseur de neige moyenne d’environ 1,5 pouce [3,81 cm NdT]. Or les feux de forêt peuvent se produire dans les prairies avec quelques centimètres de neige au sol.
Il y a peu de preuves pour soutenir que le réchauffement climatique produit des automnes plus secs et plus chauds le long du Front Range. En revanche, d’autres facteurs peuvent expliquer l’automne chaud de l’année 2021 comme nous le verrons ci-après.
Si le réchauffement climatique était la cause des conditions météorologiques prévalant en automne le long du Front Range, on devrait en trouver le signal dans l’évolution des précipitations, de la sécheresse et des températures au cours des dernières décennies. Or ces données sont fournies par la NOAA (NWS Climate Division) pour les mois de septembre à décembre sur la période de 70 ans allant de 1950 à 2020.
1. Précipitations.
La courbe ci-dessous ne fait apparaître aucune tendance à la hausse ou à la baisse :
2. Indice de sécheresse de Palmer (un indice qui inclut la température). La courbe ci-dessous montre une grande variabilité mais aucune tendance significative :
La courbe ci-dessous ne montre qu’un léger réchauffement de l’ordre de 1° Fahrenheit (0,556 °C) en 70 ans (1950-2020).
On n’observe donc pas de signal de réchauffement global à long terme dans cette région qui pourrait expliquer la sécheresse ou le manque de neige.
En revanche l’événement La Niña semble avoir contribué aux conditions chaudes et sèches et au manque de neige qui ont prévalu cet automne sur le Colorado Front Range.
Le rôle de La Niña.
Nous sommes dans une année La Niña modérée, avec des températures de surface de la mer inférieures à la normale dans le Pacifique tropical, central et oriental. La Niña influence la circulation de l’atmosphère sur l’ensemble de la planète. À l’est du Colorado, la Niña se manifeste par des conditions sèches et chaudes. Le site ESRL (Earth System Research Laboratories) de la NOAA permet d’examiner la corrélation entre les températures de surface de la mer tropicale et les conditions de température et de précipitation aux États-Unis.
Les cartes ci-dessous montrent que les années La Niña sont associées sur le Colorado :
à des automnes plus secs que la normale (couleurs orange/rouge) :
et à des températures plus chaudes que la normale (couleurs vertes/bleues).
Dans ces conditions pourquoi attribuer au réchauffement climatique les conditions chaudes et sèches, alors que les tendances à long terme ne suggèrent aucun signal de réchauffement climatique et que la Niña fournit une explication plausible ?
Les vrais responsables de la catastrophe.
De multiples preuves montrent clairement que le réchauffement climatique n’est pas la cause du feu catastrophique de Marshall. Des vents forts et secs en aval, une herbe abondante nourrie par un printemps humide et un déclenchement d’origine humaine expliquent cet incendie.
Cette catastrophe était prévisible si l’on considère les facteurs suivants :
L’augmentation massive de la population de la région.
Entre 1950 et aujourd’hui, cette région du Colorado a connu une croissance démographique explosive qui a non seulement augmenté la population vulnérable, mais a augmenté les causes potentielles de départ de feu et augmenté la quantité de combustibles potentiels (par exemple, les maisons). La ville de Louisville a vu sa population passer d’environ 2 000 à 20 000 personnes au cours des 70 dernières années.
Des prairies situées à proximité des zones de population dense.
Pour des raisons qui se veulent environnementales, de vastes espaces ont été aménagés en prairies « naturelles » dans le cadre du plan global du comté de Boulder, avec grande densité de logements non loin des zones sauvages.
La carte ci-dessous montre les zones protégées pour la conservation de l’environnement, l’étoile rouge marquant l’endroit où des maisons ont été détruites :
Il existe de vastes zones d’herbes inflammables adjacentes aux zones fortement peuplées. Le pire est que ces zones herbeuses sont généralement en amont (à l’ouest) des zones aménagées. Il existe ainsi une situation extrêmement dangereuse où les zones de vents les plus forts, juste à l’est du Front Range, sont couvertes de prairies. Tout départ de feu entraînera des incendies qui se propageront vers l’est dans les régions peuplées. Des prairies inflammables en amont de grands ensembles résidentiels, on ne pourrait imaginer une situation plus dangereuse.
Un habitat très dense.
L’augmentation des espaces réservés aux zones sauvages, laisse moins de place au logement et au développement urbain. Il en résulte (peut-être pour des motifs spéculatifs), de nombreux ensembles résidentiels situés près de Superior et de Louisville très denses en habitat comme le montre la photo ci-dessous :
Ainsi, si une maison prend feu, l’incendie se propage facilement aux maisons voisines. Dans de nombreuses situations d’incendie de forêt, les maisons fournissent des quantités massives de combustible contribuant à faire croître et à propager le feu. Ce fait a été documenté pour le feu de Camp fire qui s’est produit à Paradise (Californie). On est clairement dans une situation analogue.
Peu d’efforts ont été déployés pour créer des zones de sécurité dépourvues d’herbes suffisamment larges autour des zones urbanisées.
Des graminées envahissantes et hautement inflammables.
Au cours du siècle dernier, des graminées envahissantes hautement inflammables (par exemple le brome faux-seigle ou l’avoine) se sont répandues dans la région, augmentant considérablement le risque d’incendies de forêt. Les mesures qui ont été prises pour régler ce problème sont limitées.
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Une raison de plus pour dire que l’homme est responsable du réchauffement climatique
Meteo-France balise sa route, celle du “il fait froid, c’est parce que le climat se réchauffe, banane !“
Alors, au cas où, on vous le répète, (banane !) :
Changement climatique : les épisodes de froid sont-ils surprenants dans un climat réchauffé ?
Trouvé sur son site internet.
Je viens de relire Dersou Ouzala, dans sa dernière version (complète). Fin 19eme, début 20eme, la taïga sibérienne de l’Amour était déjà dévastée par les incendies, selon Arseniev.
Et on y crevait de chaud l’été. Tiens tiens, déjà ?
Au passage, pour les insomniaques, c’est très long, 700 pages du même, mais 30 pages tous les soirs et vous vous endormez comme un bienheureux dans un monde redevenu enfin normal.
Le froid polaire sur toute la côte Est jusqu’au Sud de la Floride avec la région de Boston bloquée complètement par 1m de neige, ne cherchez pas, c’est le changement climatique.
Ils vont arriver à nous faire croire que si un jour les chutes de neige augmentent un peu dans les Alpes ce sera à cause du réchauffement climatique, et que si, en conséquence, les glaciers se remettent à avancer, ce sera pour la même raison.
Un ami qui tient une station météo personnelle bénévolement dont il fourni les relevés à MétéoFrance, en Ardèche, me montre ses relevés sur ces dernières années: Il constate une légère tendance à la baisse des moyennes des températures. Il s’en ouvre à MétéoFrance qui prétend faire le constat inverse et qui ne lui répond jamais, comme d’ailleurs à des centaines d’autres bénévoles qui font la même constatation que lui.
Résultat: MétéoFrance vient de décider de mettre fin à sa collaboration avec tous ces bénévoles empêcheurs de danser en rond…
3 cas possibles :
Un année plus chaude que les précédentes, c’est bien la preuve d’un réchauffement climatique,
Une année identique aux années passées, on ne prend pas en compte, ce n’est pas significatif,
Une année plus froide, c’est bien la confirmation d’un dérèglement climatique.
Plus de 80% des incendies de forêts en France comme en Californie ont une origine humaine intentionnelle ou accidentelle. Je crois que la population de Californie a été multipliée par 10 ou 15 en un siècle !!!
Les habitations individuelles, grosses consommatrices d’énergie (2 fois plus qu’en France) y ont mité tout le territoire…
Et allez donc expliquer à un écologiste fondamentaliste que même portés pendant une journée à 50°C un tas de brindilles sèches ou un godet rempli d’essence ne peuvent PAS s’enflammer spontanément.
Une fois n’est pas coutume, les services français de lutte anti-incendies de forêts ont plusieurs années d’avance sur leurs homologues US: Les moyens mis en oeuvre et les stratégies affinées ont considérablement diminué les surfaces détruites chaque année, même s’il leur est quasiment impossible de stopper un feu par un vent violent qui va brûler parfois plus de 10000 ha. Il est incontestable que la forêt provençale n’a jamais été aussi étendue et aussi épaisse que ces dernières années.