Le développement durable politique : une menace pour la planète et sa population

Un article de Paul Paul Driessen, consultant au CFACT (Committee for a Constructive Tomorrow) sur le site duquel on pourra trouver la version originale.

Le développement durable est une tendance dure de la pensée économique qui s’exprime dans les campus, les médias, au sein des conseils d’administration des grandes entreprises et chez les autorités régulatrices.

Il en existe trois formes différentes :

  • Le développement durable authentique qui recouvre une gestion prudente, attentive, responsable, économique en vue de la conservation des terres, de l’eau, de l’énergie, des métaux, des forêts, de la faune et des autres ressources naturelles. Les entreprises, les familles et les communautés responsables pratiquent au quotidien ce type de durabilité : moins polluer, recycler quand il est logique de le faire, utiliser moins d’énergie, d’eau et matières premières pour fabriquer les produits dont nous avons besoin.
  • Le développement durable de communication, qui assène des affirmations dénuées de sens, superficielles, non vérifiables en vue de façonner des images de marques d’entreprises converties aux énergies renouvelables, à la responsabilité sociale, à la justice environnementale, à la réduction de l’empreinte carbone ou à la durabilité. Son objectif principal est de gagner les faveurs de la presse et d’apaiser les organisations environnementales radicales.
  • Le développement durable politique qui est la forme la plus dangereuse. Il repose sur des assertions idéologiques et des modèles théoriques cherchant à se substituer à la réalité perceptible aux yeux de tout un chacun. À l’instar du «dangereux changement climatique causé par l’homme», son objectif est de donner aux activistes et aux gouvernements le droit d’exercer un contrôle accru sur l’utilisation de nos moyens de subsistance, de nos libertés et nos modes de vie. Cette forme de développement durable est basée sur une fausse compréhension des réalités dans le domaine de l’énergie, de l’économie, de l’extraction des ressources, de la fabrication et des droits humains.

Le développement durable politique repose sur l’idée que nous nous devons de satisfaire les besoins des générations actuelles que dans la seule mesure où cela ne compromettra ceux des générations futures. Il postule que nous épuisons rapidement des ressources limitées et que par conséquent, il nous faut réduire nos besoins actuels afin de préserver les ressources au bénéfice des générations futures.

En première analyse,  cela semble logique, et même éthique.

Les préceptes de la durabilité, nous enjoignent ainsi de prédire quelles seront les technologies futures et de veiller à ce que les prélèvements d’aujourd’hui ne compromettront pas des besoins en énergie et matières premières totalement imprévisibles, parce que générés par des technologies futures qui restent inconnues.

Nous sommes ainsi censés préserver les besoins supposés des générations futures, même si cela doit se faire au prix du sacrifice des besoins des générations actuelles, incluant notamment les aspirations, la santé et le bien-être des personnes les plus pauvres, les plus mal nourries, les plus affectées par la maladie, les plus privées d’énergie, et dépourvues de toute pouvoir politique.

Pendant des milliers d’années, l’humanité a avancé au rythme de l’escargot. Puis, à mesure que l’ère industrielle moderne basée sur les énergies fossiles a monté en puissance, les progrès ont accéléré au point que la vitesse du changement soit devenue presque exponentielle. Comment pourrait on prédire aujourd’hui  les ressources qui seront disponibles  dans dix, cinquante ou cent années ?

Nous ne sommes pas passé du silex au cuivre, puis au bronze, au fer à l’acier et au-delà, parce que l’humanité avait épuisé ces ressources. Nous l’avons fait parce que nous avons innové. Nous avons inventé des procédés meilleurs, plus efficace, plus pratique. Chaque avancée exigeant des ressources différentes.

Qui peut prévoir aujourd’hui de quelles technologies nous disposerons dans le futur et quelles seront les matières premières que ces technologies consommeront ? Comment pourrions nous garantir les besoins des futures générations si nous ne pouvons prédire quels seront leurs besoins?

Au nom de quoi devrions nous habiliter les activistes et les gouvernements à réglementer les activités d’aujourd’hui sur la base de technologies, de modes de vie, de besoins en ressources futures qui sont largement imprévisibles? Pourquoi devrions nous ignorer ou compromettre les besoins bien tangibles des générations actuelles, pour répondre à des besoins futurs totalement imprévisibles ?

L’argument de l’épuisement des ressources ne tient pas compte non plus des nouvelles technologies qui augmentent les réserves en sources d’énergie ou matières premières, en diminuant leurs coûts ou en réduisant leurs besoins. Ainsi le cuivre : parce que les câbles en fibres légères fabriquées à partir de silice (l’un des plus minéraux les plus abondants sur terre) peuvent transporter mille fois plus d’informations qu’un gros faisceau de fils de cuivre 800 fois plus lourd.

Lorsque la Hearthstone House au Wisconsin est devenue en 1887 la première résidence alimentée par de l’énergie hydroélectrique, personne ne pouvait prévoir le rôle dominant que jouerait l’électricité dans l’amélioration de nos modes de vie comme elle le fait aujourd’hui sous des formes les plus variées. Personne ne pouvait imaginer les nombreux procédés dont nous disposerions pour en produire.

Personne ne pouvait prédire que 120 ans plus tard, de petits téléphones cellulaires munis de superbes appareils photo numériques disposeraient de plus de puissance informatique et de capacité de mise en réseau qu’un gros ordinateur de bureau de 1990. Personne ne s’attendait non plus à ce que nous ayons besoin d’autant de cadmium, de lithium, de métaux rares et d’autres matières premières pour fabriquer des milliers d’éoliennes.

Personne n’avait anticipé que les nouvelles technologies sismiques, de forage en eau profonde et de fractures hydrauliques 4-D permettraient de produire autant de pétrole et de gaz naturel au point qu’aujourd’hui, nous avons encore au moins un siècle de ces ressources en réserve, alors que les «experts» nous disaient que nous n’en avions plus que pour quelques années.

Et pourtant, nous sommes enjoints de prévoir le futur des 50 ou 100 prochaines années, d’ignorer les besoins bien réels des générations actuelles au profit des besoins présumés des générations futures. Nous serions également censés faire en sorte que les ressources naturelles essentielles d’aujourd’hui restent éternellement dans le sol. En réalité, elles doivent durer assez longtemps pour que nos intelligences créatives découvrent des ressources de substitution : de nouveaux gisements, de nouvelles techniques de production, des matières premières ou des technologies de substitution.

Bien sûr, tout cela n’apparaît pas conforme au dogme du développement durable. Cette doctrine vise à débarrasser le monde des combustibles fossiles, quel qu’en soit le coût social, économique, environnemental ou humain. A supposer par ailleurs que les alternatives proposées soient vraiment durables et respectueuses de l’environnement.

Par exemple, les quotas obligatoires d’éthanol absorbent 40% du maïs produit aux Etats-Unis, cultivé sur plus de 15 millions d’hectares de terres cultivées, pour remplacer 10% de l’essence consommée. L’éthanol à base de maïs nécessite également des milliards de gallons d’eau, d’immenses quantités de pesticides, d’engrais, de carburant pour les tracteurs et de gaz naturel, tout cela pour produire une énergie qui renchérit le prix des denrées alimentaires, endommage les petits moteurs et dont le rendement est 30% inférieur à celui de l’essence et qui pendant tout son cycle de production et d’utilisation émet autant de dioxyde de carbone que l’essence.

Imaginons le remplacement de 100% de l’essence américaine par de l’éthanol de maïs. Comment cela pourrai-il être durable?

L’énergie éolienne obligatoire et subventionnée nécessite des millions d’hectares pour les turbines et les lignes de transmission ultra-longues, des milliards de tonnes de béton, d’acier, de cuivre, de métaux rares et de fibre de verre. Le bruit subsonique et le scintillement lumineux des turbines créent des problèmes de santé chroniques pour les personnes sensibles vivant à proximité et tuent chaque année des millions d’oiseaux et de chauves-souris pour produire une électricité coûteuse, intermittente et peu fiable qui doit être doublée par des dizaines de générateurs fonctionnant avec des combustibles fossiles ou qui nécessiteraient des milliards de batterie (non existantes aujourd’hui).

Pendant ce temps, les entreprises américaines et canadiennes suppriment des milliers d’hectares de forêts et transforment des millions d’arbres en granulés de bois qu’ils transportent en camions vers les ports côtiers pour être acheminés sur des navires fonctionnant au pétrole vers l’Angleterre où les granulés sont transportés par camion et brûlés pour générer de l’électricité, tout cela afin que l’Angleterre puisse atteindre ses objectifs en énergies renouvelables. Comment ces pratiques pourraient elles être durables, ou respectueuses du climat?

Pourquoi ne pas tout simplement construire des centrales à énergie fossile, des mines pour le charbon, des unités de fractionnement pour le gaz naturel (ou construire plus de centrales nucléaires) et oublier l’éthanol, les éoliennes, les granulés de bois et autres alternatives pseudo-renouvelables et pseudo-durables … jusqu’à l’émergence de meilleures technologies ?

Car pendant ce temps, plus de 1,2 milliards de personnes n’ont toujours pas d’électricité, 2 milliards ne dispose d’énergie électrique que de façon sporadique et aléatoire. Des centaines de millions de personnes sont affligées de maladies horribles, et cinq millions meurent chaque année des maladies pulmonaires et intestinales liées à la respiration de la fumée émise par les feux domestiques… et ne disposent pas de systèmes de réfrigération, d’eau propre et de nourriture dépourvues de bactéries.

Comme l’a noté Steven Lyazi, ces personnes veulent simplement trouver leur juste place au sein de la communauté des  hommes qui bénéficient de la prospérité et de conditions de vie saines.  Au lieu de cela, on leur dit que cela ne serait pas durable, qu’ils doivent se contenter de quelques éoliennes près de leurs villages et de petits panneaux solaires sur leurs huttes – pour charger des téléphones cellulaires et pomper un peu d’eau, alimenter quelques ampoules et faire fonctionner de minuscules réfrigérateurs.

Le développement durable dans sa version politique est irrationnel, injuste, inhumain, éco-impérialiste et écologiquement destructeur. Il est particulièrement dangereux pour les populations pauvres du monde.

Il est temps de repenser et de réviser cette folie.

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