Le carbo-réductionnisme est un mensonge qui doit cesser

Par Drieu Godefridi, PhD, Sorbonne

Article publié le 21 avril 2023 par le site Science Climat et Énergie


Depuis 1992 et le sommet de la Terre à Rio, l’Occident vit au rythme d’une ‘urgence climatique’ toujours renouvelée, jamais réalisée. Depuis 1992, l’Occident — le seul Occident — se fixe pour objectif principal, métaphysique, quasiment ontologique, la réduction des émissions de CO2 (et autres gaz à effet de serre, qui seront sous-entendus dans la suite de cet article).

Nous sommes en 2023, l’heure d’un premier bilan, en quatre volets.

1/ Les émissions de CO2 n’ont cessé de croître et continueront à croître

Depuis 1992, les émissions mondiales de CO2 n’ont cessé de croître. La Chine ouvrant deux nouvelles centrales à charbon par semaine, et l’Inde étant plus que jamais résolue à poursuivre la courbe de son développement, comme l’ensemble du monde extra-occidental, il est acquis que les émissions mondiales de CO2 vont continuer à croître, et ne cesseront de croître dans un avenir prévisible.

Cette augmentation des émissions mondiales de CO2, notons-le avec force parce que c’est important, serait inévitable quand même l’Occident persisterait dans ses tentatives de réduction. En effet, les réductions occidentales sont et resteront plus que compensées par l’augmentation des émissions dans le reste du monde. Le vrai est que la réduction occidentale est dérisoire en regard des augmentations mondiales.

2/ L’objectif de réchauffement cantonné à 1,5° (Accord de Paris) sera-t-il atteint ? 

Atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris supposait une réduction drastique des émissions de CO2. Cette réduction n’a pas eu lieu, nous n’en prenons aucunement le chemin et cette réduction mondiale n’aura pas lieu. Par conséquent, l’objectif de l’Accord de Paris — à supposer même que celui-ci fasse sens sur le plan scientifique, ce qui est douteux — ne sera pas atteint. C’est désormais une certitude ou, pour s’exprimer dans les termes du GIEC, une projection avec degré de confiance très élevé. Un fait.

3/ L’objectif UE ‘zéro carbone en 2050’ sera-t-il atteint ? 

Plus extrême encore que l’Accord de Paris, voici l’objectif ‘zéro carbone’ de l’Union européenne. Comme nous le rappelions à l’instant, même si l’UE cessait d’exister, les émissions mondiales de CO2 ne cesseraient de croître. De ce point de vue, la réduction des émissions européennes, qui n’a bien sûr de sens que si elle s’inscrit dans un cadre mondial effectif — quod non — est dénuée de rationalité. Sinon ‘donner l’exemple’ à des régimes et pays qui, dans le monde, souvent nous haïssent. Croit-on que la Chine, la Russie, l’Inde se laisseront dicter leurs conditions économiques et leurs émissions de CO2 par l’Occident ? Ce n’est pas sérieux.

Ce qui n’empêche pas ‘les élites’ de l’UE, prises dans une démarche négationniste du réel, d’agir et décréter comme si le monde réduisait ses émissions de CO2. Le Commissaire européen Frans Timmermans, probablement l’idéologue le plus radical parvenu aux responsabilités en Europe depuis 1945 — dont le chef de cabinet est l’ancien responsable de la campagne contre le nucléaire de Greenpeace — multiplie les mesures, initiatives et déclarations, visant à réduire drastiquement les émissions européennes de CO2. Fût-ce au prix de la désertification économique de l’Europe, de mesures chaque jour plus liberticides, et de l’augmentation cruelle de la dépendance de l’Europe à la Chine (terres rares, cuivre, nickel, cobalt, lithium).

Ceci, sans tenir aucun compte de l’évolution des émissions mondiales de CO2 — comme si le paramètre était indifférent. Or, il est bien évident que le climat ne connaît ni l’Europe, ni l’Asie et que rien de ce que l’Europe n’accomplit dans ce domaine n’a le moindre sens si la réduction des émissions n’est pas mondiale.

4/ Les conséquences économiques du scénario de réchauffement même le plus pessimiste du GIEC seraient-elles significatives ?

Fait intéressant relevé dans son dernier ouvrage Unsettled, par celui qui fut qui fut l’expert climat du président Obama, le physicien Steven Koonin, même si le scénario de réchauffement le plus pessimiste du GIEC venait à se réaliser, ses conséquences économiques seraient négligeables.

Dans son cinquième et dernier rapport (complet) en date, le GIEC estime qu’un réchauffement de 3° — le double donc de l’objectif de l’Accord de Paris — causerait une réduction de la croissance économique mondiale de 3%. Trois pourcents par an ? Non, 3% d’ici à 2100. Soit une réduction de la croissance économique mondiale de 0,04% par an, une réalité à peine mesurable d’un point de vue statistique. Cela, soulignons-le avec énergie, dans le scénario pessimiste du GIEC ! Dans les scénarios plus ‘optimistes’, l’impact économique du réchauffement sera virtuellement inexistant. Citons le GIEC, AR5, chapitre 10: ‘For most economic sectors, the impact of climate change will be small relative to the impacts of other drivers…. Changes in population, age, income, technology, relative prices… and many other aspects of socioeconomic development will have an impact on the supply and demand of economic goods and services that is largely relative to the impact of climate change.’

Dit autrement, et d’un strict point de vue factuel, la croissance économique et le bien-être des Européens sont plus menacés par les politiques écologistes extrémistes et délirantes, que par le réchauffement. Ce n‘est pas Godefridi qui le soutient : ce sont les données du GIEC.

La leçon de tout ceci est simple : les générations futures nous jugeront sévèrement pour avoir laissé la bride à l’écologisme extrémiste. Nous devons nous adapter aux évolutions du climat, partiellement causées par l’homme. Parce que les émissions mondiales, et le stock accumulé dans l’atmosphère, de COne vont pas décroître : c’est un fait.

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12 réflexions au sujet de « Le carbo-réductionnisme est un mensonge qui doit cesser »

  1. Permettez-moi un pas de côté décalé !
    Pensez-vous sérieusement qu’une partie des élites soit si bête que cela ? Nous ne sommes pas les seuls à avoir des doutes sur la responsabilité de l’homme sur le réchauffement climatique, mis à part quelques irréductibles scientifiques, quelques politiciens ainsi que la majorité des journalistes !
    L’Europe est à la traine économiquement parlant ; Les grandes affaires se font en Asie et aux USA. Nous avons beaucoup de peine à atteindre les 2% de croissance. Alors que faire ? Peuvent se dire ces élites. L’idéal serait une guerre mondiale, si possible non-atomique. Car la destruction des infrastructures serait une aubaine extraordinaire pour la croissance ; et qu’importe 100 millions de morts…sur 8 milliards.
    Bon, d’accord, la guerre généralisée n’est pas une option. Alors, il reste une autre possibilité : la lutte contre le réchauffement climatique ! Celle-ci va nous obliger, en Europe du moins, à révolutionner notre économie et à créer toutes les nouvelles infrastructures sans émission de CO2. Quel formidable moteur d’une croissance renouvellée ! Soit, nous savons que les petits vont en souffrir, mais de toute manière c’est toujours comme cela dans une économie capitaliste ; pourquoi s’en faire ? En attendant, les jeunes et ceux qui souffrent d’anxiété climatique se font rouler dans la farine ainsi que la plupart des journalistes et citoyens. La géo-stratégie, c’est un jeu d’échec. La lutte contre le réchauffement climatique est une bonne carte à jouer !

    • Ce à quoi je rajouterai les énormes intérêts financiers en jeu, qui font que nombre “d’élites” souhaitent plus que tout un changement de paradigme économique, afin de faire fructifier leurs placements. A l’exemple d’Al Gore, multimillionnaires (et pas vraiment écolos dont son train de vie) grâce à la revente massive de bons CO2, qu’il avait participé à mettre en place. A l’époque, l’avocat fiscaliste de sa société était un certain Barack Obama 🙂

    • Encore faudrait-il que toute la planète sans exception suive la voie de l’Europe, faute de quoi ce sera sa ruine assurée, rapide et définitive. Un gros concurrent de poids en moins pour la Chine et les USA dans la compétition mondiale.
      Probablement le but recherché…

  2. 1/ Les émissions de CO2 n’ont cessé de croître et continueront à croître
    C’est une évidence, le pétrole sera utiliser jusqu’à la dernière goutte , le gaz jusqu’à la dernière bulle et le charbon jusqu’à la dernière pelletée ; et il y a entre trente et cent ans pour ces ressources
    2/ L’objectif de réchauffement cantonné à 1,5° (Accord de Paris) sera-t-il atteint ?
    Bien sûr puisque le CO2 n’a pratiquement aucune influence dans cette augmentation de température principalement liée à la fin du petit âge glaciaire
    3/ L’objectif UE ‘zéro carbone en 2050’ sera-t-il atteint ?
    Bien sûr que non , voir ma réponse au point 1/
    4/ Les conséquences économiques du scénario de réchauffement même le plus pessimiste du GIEC seraient-elles significatives ?
    Elles le sont déjà aujourd’hui avec la décroissance qui se manifeste dans plein de domaines

  3. Je plains vraiment tous ceux qui adhèrent aux thèses réchauffistes, ça doit vraiment pas être facile de vivre tout en se disant que nous sommes à l’aube d’une catastrophe écologique sans précédent qui ne pourra malheureusement pas être évitée. C’est fou tout même le mal que peuvent faire les médias mainstream.

  4. Comme le montre ce lien, il est évident que les pays émergents ne sont plus à l’heure de la colonisation, quand l’Occident leur dictait leur conduite.
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/22/apres-l-ouganda-la-tanzanie-donne-son-feu-vert-a-la-construction-d-un-oleoduc-controverse_6162824_3212.html
    L’Europe, les USA se sont enrichis au XXe siècle grâce aux hydrocarbures, et même si on ne peut que déplorer que celles-ci abîment la planète, il est légitime que le reste du monde veuillent se développer avec. On n’a jamais freiné la course au développement quand il y a de l’argent à récolter.
    J’habite en Savoie et après la sécheresse hivernale, les médias disaient qu’on se dirige vers un printemps catastrophique : il pleut quasiment tous les jours depuis plus d’un mois et il y a encore pas mal de neige sur le massif de Belledonne. La Nature reprend toujours ses droits.
    Le grand art des médias est de toujours arriver à montrer un événement climatique sous un angle alarmiste, même s’il ne l’est pas, tellement l’esprit des gens est formaté par le réchauffement climatique anthropique (RCA) !

    • Idem ici en Eure-et-Loir, il pleut abondamment depuis mars.
      Aucun problème de sécheresse.
      J’espère un été bien pourri histoire que les médias nous lâchent la grappe avec la météo alarmiste.
      Peu de personnes savent que la météo de l’année dernière 2022, est identique à la météo de l’année 1921 en France, ou qu’on a eu 40 000 morts et une canicule qui a duré 70 jours en France en 1911…
      Peu de journalistes disent que les vagues de chaleur de 2022 sont la conséquence de l’apport massif d’air chaud en provenance du Sahara, ainsi que d’un nombre d’heures d’ensoleillement plus important que la normale.
      Mais c’est plus vendeur de dire que la météo de 2022 en France vient du RCA, parce que l’Homme peut être culpabilisé et taxé,, contrairement à la Nature.

      • Les prédictions météorologiques et climatiques (ah, ils sont fortiches pour dire quel temps il fera dans 50 ans) sont aussi prophétiques que les élucubrations du devin dans Astérix !
        Il y a quelques années, j’avais lu ceci, suite à une sécheresse : « Le RCA va accentuer les périodes de sécheresse. »
        Puis, suite à des pluies diluviennes : « Le RCA va accentuer les périodes de pluie. »
        C’est formidable, quoi qu’il arrive, ils ont la bonne formule !
        C’est bien pour cela que le mot « changement » a pris la place de « réchauffement ».
        Mais comme il n’y a jamais eu de stabilité dans le climat.

    • Encore faudrait-il que toute la planète sans exception suive la voie de l’Europe, faute de quoi ce sera sa ruine assurée, rapide et définitive. Un gros concurrent de poids en moins pour la Chine et les USA dans la compétition mondiale.
      Probablement le but recherché…

  5. Non seulement la concentration en CO2 va continuer à croître, mais, en fait on s’en fou ! Le CO2 n’a qu’un rôle tout a fait marginal dans la variation climatique. Eu égard sa concentration actuelle, il est en état de saturation quant à sa capacité à absorber dans l’IR. Le gros de la courbe est à 100% on ne voit pas bien comment ce gaz va absorber plus que 100% ! Quant à l’argument désespéré de l’IPCC au sujet de l’effet de couche, cette théorie ne s’est jamais vérifiée dans les relevés…

    Donc, le problème de fond n’est pas que nos dirigeants fassent semblent, à des fins partisanes et intéressées, de croire que le taux va baisser, non, le problème c’est que ces personnes utilisent une argumentation totalement fausse sur le plan scientifique…

    Le CO2 est innocent, pour paraphraser le Pr Gervais….

  6. Tout argument scientifique, si pertinent soit-il, est impuissant face à la propagande médiatico-réchauffiste.
    Même si le doute parvient à s’installer, on nous bassinera avec le sacro-saint principe de précaution, au cas où…

    Plus qu’à espérer que la Nature va se charger, dans les années à venir, de remettre les pendules à l’heure.

    • Je crains que dame Nature, même si elle se refroidit, n’arrivera pas à convaincre les « réchauffistes ». Ils trouveront toujours des arguments : fonte de l’Arctique qui modifiera le Gulf Stream, « c’est justement parce que ça se réchauffe que ça se refroidit » (ils osent le dire), etc.
      Je crois plus aux connaissances des scientifiques qui, je l’espère, arriveront à faire entendre la voix de la raison.
      Une chose qui accuse fortement les « réchauffistes », c’est de refuser le débat avec ces scientifiques. Si on est si sûr de soi, on accepte de confronter ses théories, les faits.
      Ce qui est effrayant, c’est d’être arrivé à créer de l’éco-anxiété chez les jeunes avec le climat, alors qu’à notre porte d’autres jeunes souffrent de la guerre et n’ont cure de ces petits tracas de bisounours.

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