Par Roy Spencer (Traduit de l’anglais par la rédaction)
Un nouvel article de Santer et al. intitulé de manière provocante « Contribution exceptionnelle de la stratosphére à l’empreinte des activités humaines sur la température atmosphérique » va là où aucun climatologue sérieux ne devrait aller : l’article confond le refroidissement stratosphérique avec le réchauffement climatique.
L’article commence par un résumé censé refléter l’importance de cette étude qui mérite d’être cité dans son intégralité (le graissage du texte a été ajouté par nous ) :
Les différences entre les tendances des températures troposphériques et stratosphériques inférieures sont depuis longtemps reconnues comme « l’empreinte » des effets des activités humaines sur le climat. Cette empreinte négligeait les informations de la stratosphère moyenne à supérieure située de 25 à 50 km au-dessus de la surface de la Terre. L’inclusion de ces informations améliore la détectabilité de l’empreinte humaine par un facteur de cinq. La détectabilité améliorée se produit parce que la stratosphère moyenne à supérieure a un signal de refroidissement important dû à l’augmentation des émissions de CO2 d’origine humaine, présente de faibles niveaux de bruit de variabilité naturelle interne et des structures de signal et de bruit différents. L’extension de ces empreintes à la stratosphère supérieure avec des enregistrements de température de longue durée et des modèles climatiques améliorés signifie qu’il est désormais pratiquement impossible d’expliquer les tendances mesurées par satellite dans la structure thermique de l’atmosphère terrestre pour des causes naturelles.
Benjamin D. Santer & al PNAS 8 mai 2023
Les auteurs profitent du manque de connaissances du public sur l’effet de l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère sur la température, et suggère ainsi que le refroidissement stratosphérique fait partie de la signature du réchauffement climatique. Ce n’est pas le cas.
Refroidir n’est pas réchauffer.
La première erreur des chercheurs est de prétendre qu’ils apportent quelque chose de nouveau. Ce n’est pas le cas. Le refroidissement stratosphérique observé dans la stratosphère moyenne et supérieure, est connu depuis de nombreuses années (par exemple ici ). Le refroidissement de la basse stratosphère est inclus dans notre outil de mesure de la température de la basse stratosphère (LS) depuis plus de 30 ans (publié pour la première fois ici ). Le Dr Richard Lindzen me dit qu’il faisait déjà référence au refroidissement stratosphérique dans sa thèse de doctorat de 1964. Alors pourquoi n’avons-nous pas entendu parler de cela auparavant dans la littérature ? Parce que cela n’a pratiquement rien à voir avec le sujet du réchauffement et du changement climatique associé.
Alors, pourquoi mentionner le refroidissement stratosphérique dans le contexte du changement climatique ?
Les climatologues recherchent depuis des décennies une empreinte des activités humaines sur le climat qui soit mesurable et ne puisse pas être raisonnablement expliqué par les variations naturelles du système climatique.
Je suis d’accord avec les auteurs sur le fait que le refroidissement stratosphérique (en particulier dans la stratosphère moyenne à supérieure) est probablement la meilleure preuve d’une empreinte des activités humaines sur les températures mondiales, du moins là où il y a très peu d’air, là où personne ne vit, et où il n’y a pas d’impacts observables sur le temps qu’il fait là où la vie existe. La vapeur d’eau reste un point d’incertitude, car davantage de vapeur d’eau provoquerait également un refroidissement, et notre compréhension des variations naturelles de la vapeur d’eau stratosphérique est assez faible. Mais pour les besoins de la discussion, j’accorde aux auteurs le bénéfice du doute et conviens que la majeure partie du refroidissement observé est probablement due à l’augmentation du CO2, qui à son tour est probablement principalement due à la combustion de combustibles fossiles .
Le refroidissement radiatif infrarouge par la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone est connu depuis longtemps pour être le principal moyen par lequel la stratosphère (et même à des altitudes plus élevées) évacue l’énergie thermique (obtenue à partir de l’absorption de la lumière solaire par l’ozone) vers l’espace. Ce mécanisme de refroidissement fait partie de ce que l’on appelle l’effet de serre : les gaz à effet de serre réchauffent la partie basse de l’atmosphère et refroidissent les parties situées à haute altitude. En fait, sans l’effet de serre, le temps tel que nous le connaissons n’existerait pas. L’effet de serre est sur le plan énergétique analogue à l’isolation d’une maison chauffée en hiver : pour un apport d’énergie donné, l’intérieur de la maison devient plus chaud, et l’extérieur de la maison devient plus froid.
Les effets du CO2 et de la vapeur d’eau sur le refroidissement stratosphérique ont d’abord été décrits théoriquement par Manabe et Strickler (1964). L’ajout de CO2 dans l’atmosphère améliore le refroidissement atmosphérique supérieur, abaissant les températures. L’effet sur la température à cette altitude est important, de l’ordre de plusieurs degrés Celsius, ce qui signifie qu’il est plus facile à mesurer avec les méthodes satellitaires actuelles, comme le soulignent à juste titre les auteurs de la nouvelle étude.
Mais ce qui se passe alors dans la troposphère (où nous vivons) en réponse à plus de CO2 est beaucoup plus complexe. Théoriquement, ajouter du CO2 doit réchauffer radiativement la basse troposphère. Ce réchauffement se mélange ensuite dans toute l’épaisseur de la troposphère à partir d’un renversement convectif.
Quel niveau de réchauffement troposphérique peut être causé par l’augmentation du CO2 ?
Après 30 années et des milliards de dollars dépensés en efforts dans les centres de recherche du monde entier, la dernière génération de modèles climatiques (CMIP6) est maintenant plus que jamais en désaccord sur le niveau attendu de réchauffement troposphérique. Cela est principalement dû aux effets insuffisamment compris sur le réchauffement de la vapeur d’eau, et en particulier la réponse des nuages (le pare-soleil du système climatique) et des processus de précipitations (qui limitent le gaz à effet de serre le plus abondant, la vapeur d’eau).
Je considère qu’il est irresponsable de confondre le refroidissement stratosphérique avec la question du réchauffement climatique. Oui, un fort refroidissement dans la stratosphère supérieure est probablement l’empreinte de l’augmentation du CO2 atmosphérique (probablement due à la combustion de combustibles fossiles), mais pour diverses raisons, cela ne suffit pas à valider les prédictions des modèles climatiques sur le réchauffement de la troposphère (et donc de la surface). Il s’agit d’une question très différente, et les modèles eux-mêmes qui divergent les uns avec les autres d’un facteur de trois ou plus, ne sont pas encore à la hauteur de la tâche.
J’espère avoir fait comprendre pourquoi l’intitulé de l’article « Contribution exceptionnelle de la stratosphére à l’empreinte des activités humaines sur la température atmosphérique » est relativement à la question du réchauffement climatique, un sophisme.
Post intéressant car il met indirectement en lumière l’antagonisme entre les deux catégories de méthodes utilisées pour tenter de comprendre les variations du climat terrestre. La première catégorie est représentée par l’article. On y dit très justement qu’on dépense des millions de dollars pour faire des mesures de plus en plus précises mais sans résultat probant, controverses à n’en plus finir sur des pouièmes de pouièmes où causes et conséquences voltigent dans un tourbillon vers le trou noir. Ce qu’on peut résumer ainsi : la tête dans le gazon on ne comprendra jamais la forêt. Mais on peut avoir de l’espoir, quand même.
L’autre approche est tirée de la géologie. Cela fait des décennies que les preuves de variations climatiques, faibles ou catastrophiques ont été mises en évidence dans toute l’histoire de la Terre depuis l’Antécambrien, donc forcément sans action humaine. Pour ces dernières, on peut citer les grandes glaciations ou les pics thermiques comme ceux de l’Eocène. Depuis peu, une discipline s’est développée, la cyclostratigraphie. Elle est basée sur l’analyse des cycles dans les séries sédimentaires, notamment de milieux marins profonds (car à la côte la sédimentation est très perturbée par la houle et/ou la marée). Les fréquences trouvées sont en accord avec la théorie de Milankovitch qui fait intervenir dans les variations du climat les variations d’ensoleillement dues aux variations des paramètres de l’orbite terrestre (excentricité, inclinaison de l’axe de rotation, rotation de cet axe de rotation -toupie- qui engendre la précession des équinoxes). La discipline met ainsi en évidence la pérennité des paramètres de l’orbite terrestre au cours de âges. Mais si ces paramètres ne changent pas, on ne comprends dès lors pas pourquoi le climat peut varier autant (glaciations/pics thermiques). Un exemple récent : le cycle de 40.000 ans est prépondérant pendant le Pliocène, puis c’est l’excentricité (100.000 ans) qui domine depuis un milion d’années (glaciations quaternaires). On a cherché à comprendre le mécanisme mais rien de vraiment convaincant. Idem pour les accidents climatiques brefs du Tertiaire. Le mieux serait donc d’admettre que pour l’instant on n’y comprend pas grand chose au climat.
Mais pendant ce temps des politiques fous furieux se liguent pour bouziller les économies et les sociétés à coup de mesures d’une stupidité astronomique.
J’ajouterais : merci à la presse décérébrée.
Ben oui, on comprend rien.
Et quand on comprend rien, on croit, on a la foi…
Expliquer l’incompréhensible par l’incroyable… ça marche.
Exemple: quelques % de 0.042% de l’atmosphère suffiraient à provoquer un bouleversement absolument catastrophique et totalement inédit… dont on ne cesse de repousser la date. Faut le faire.
Message aux membres de “just stop oil” et autres groupuscules de militants hystériques:
Mettez-vous au boulot, le secteur du bâtiment recrute, il y a des millions de logements à isoler. Ce qui est une bonne chose, de toute façon. Mais bon, il est vrai que bosser, c’est moins drôle que d’aller saccager des installations, ou asperger de sauce tomate (bio ?) des oeuvres d’art.
Pour bien comprendre à quel point le climat peut varier sans intervention humaine, Druzhinina et al. (2023), par exemple, mettent en évidence des fluctuations de la végétation et du contenu paleontologique de dépôts lacustres sur les bords de la Baltique entre -13.000 et -14.000 ans (transition Bølling–Allerød, un peu avant l’interglaciaire holocène dans lequel nous sommes. Le couvert végétal change d’un pôle forestier (”chaud”) vers un pôle plus steppique (”froid”) en une cinquantaine d’années. Ces fluctuations court terme échappent aux cycles de Milankovitch. Donc comment les expliquer ? Variabilité intrinsèque du climat (système chaotique) ? Forçage externe, mais lequel ? S’il y a forçage externe, on devrait corréler ces événements à grande échelle sur le globe. Mais cela demandrait des centaines d’études dédiées.
La littérature géologique abonde de résultats analogues. Mais les explications piétinent.
Ce qu’il faut retenir en tout cas, c’est que ces changements sont bien plus drastiques que ce qui est attribué au misérable réchauffement récent (à supposer qu’il soit bien dû au CO2 rejeté par l’activité humaine).
Néanmoins la meute hurle à la catastrophe.
A peu près à la même époque (“Dryas récent”), on a pu mettre en évidence au Groenland une hausse des températures de l’ordre de 10°C en l’espace de QUELQUES années (!).
https://en.wikipedia.org/wiki/Abrupt_climate_change
Mais la dernière fable du GIEC pour nous “vendre” le réchauffement supposé d’origine anthropique actuel, 1,2°C en l’espace de 140 ans, serait parait-il sa rapidité, alors que personne ne connait avec précision la rapidité des divers “optimums” climatiques qui ont émaillé jusqu’ici l’Holocène…
Bonjour,
Pardon mais je ne vois pas ce qui cloche dans la publication décrite comme “provocante” par l’auteur du post.
Il semble bien que l’auteur du post soit bien d’accord avec celui de la publication sur l’impact de l’augmentation du CO2 sur la stratosphère non?
Tristan
Tristan,
Le problème est là :
“…il est désormais pratiquement impossible d’expliquer les tendances mesurées par satellite dans la structure thermique de l’atmosphère terrestre par des causes naturelles.”
Les auteurs affirment que l’évolution de la structure thermique de l’atmosphère telle qu’observée, c’est à dire également le réchauffement de la surface, ne peut pas être imputée à des causes naturelles. Autrement dit, le CO2 est responsable du réchauffement récent de la surface.
Or, c’est faux. La stratosphère est un milieu thermiquement assez simple et il est tout à fait logique qu’une hausse du taux de CO2 la refroidisse. Cela illustre d’ailleurs, contre la pataphysique giecienne, le rôle des GES qui est de refroidir et non de chauffer l’atmosphère.
Ce qui importe pour juger d’un éventuel effet de la hausse du taux de CO2 sur les températures de surface est la thermique de la troposphère largement dépendante de la convection. Cet article ne traite pas du tout de cela. Aucun papier n’a jamais démontré l’effet du CO2 sur les températures de surface et le calcul physique est impossible. Les résultats des modèles sont juste arbitraires car fondés sur une pataphysique inaugurée dans Manabe et Wetherhald 1967.
“””””””le rôle des GES qui est de refroidir et non de chauffer l’atmosphère.”””””””
Les GES ne refroidissent , ni ne réchauffent l’atmosphère ; il change simplement le gradient
Je crois (ou plutôt, je suis certain) que vous n’avez pas très bien compris l’article…
La théorie du scientifique danois Svensmark sur la nébulosité de la haute atmosphère qui serait créée par les rayons cosmiques intersidéraux en créant des germes de condensation de la vapeur d’eau, mais étroitement assujettie à l’activité magnétique de notre soleil, une théorie reprise avec succès par Vincent Courtillot, semble bien plus simple et lumineuse pour expliquer les variations climatiques que le prétendu forçage en feed-back dû au gaz carbonique. La nébulosité à l’échelle globale est très mal comprise quantitativement et donc souvent absente, minimisée ou très mal intégrée dans les modèles climatiques sur lesquels le GIEC s’appuie alors qu’ils “surchauffent” tous les températures qu’ils sont censés modéliser, d’un facteur 2 à 4 par rapport aux températures réellement observées.
Non, pas tous cependant, le modèle russe INM CM4, devenu depuis INM CM5 semble beaucoup mieux “cadrer” :
https://rclutz.com/2018/10/22/2018-update-best-climate-model-inmcm5/
Les climatologues russes auraient-ils tout compris ?
Un article récent (Snyder & Haas 2023, ref. ci-dessous) montre comment la sécheresse qui s’installe dans les hautes terres andines pendant notre optimum médiéval où le climat est devenu plus clément a conduit à des conflits meurtriers dans les populations locales.
https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/12872D1C1FE495A97A3EDB88F904B899/S0033589423000236a.pdf/climate-change-intensified-violence-in-the-south-central-andean-highlands-from-15-to-05-ka.pdf
Donc encore un article (et il y en a des tas) qui montre que (1) le climat a changé sans intervention humaine avant le CO2 maléfique et (2) que les changements (pluviométrie) ne sont pas de même sens selon les endroits sur le globe.
A plus courte échelle de temps, la presse alarmiste beugle à la catastrophe climatique sur l’assèchement actuel des nappes phréatiques dans la moitié nord de la France, alors que dans le Sud-Est, on se pèle et qu’il a plu à peu près tous les jours au cours du mois dernier. Le lac de Serre-Ponçon, au niveau fortement abaissé pendant la sécheresse de l’an dernier, est totalement rempli mi-juin, comme d’hab’.
Confusion permanente entre climat et météo.
Pour finir, un article récent de Roger Higgs, géologue indépendant de grande ouverture d’esprit et dont j’ai personnellement apprécié l’esprit critique à propos de l’interprétation des dépôts tertiaires de l’avant pays subalpin. Compilation intéressante dont voici le lien :
https://les7duquebec.net/archives/283657
Les GES constituent la source froide de la gigantesque machine thermique qu’est la troposphère. Donc, bien sûr, ils refroidissent l’atmosphère.
@serge
Avons-nous fini par modifier la rotation de la Terre en pompant l’eau souterraine ?
“”””””” l’assèchement actuel des nappes phréatiques dans la moitié nord de la France””””””””””
Après l’envoi de CO2 , voilà le pompage des nappes qui fout la merde sur TERRE et surtout en France
“”””””””Avons-nous fini par modifier la rotation de la Terre en pompant l’eau souterraine ?”””””””””””””””
https://www.geo.fr/environnement/avons-nous-fini-par-modifier-la-rotation-de-la-terre-en-pompant-eau-souterraine-mouvement-pole-precession-215219