Une étude publiée le 3 mars 2022 dans la revue Nature par des scientifiques de l’Université de Reading établit un lien entre les conditions météorologiques (sécheresses en Asie, canicules estivales en Europe) et l’évolution de la pollution atmosphérique (augmentation en Asie du Sud-Est, réduction en Europe). L’Université de Reading a publié à cette occasion un communiqué de presse. Cette étude confirme les résultats d’une précédente publication (3 février 2020) dans la revue Nature qui établissait que la réduction des aérosols étaient la principale cause du réchauffement hivernal en Europe.
La pollution de l’air est connue pour avoir un impact direct sur les températures de surface, puisque les aérosols empêchent la chaleur du soleil de pénétrer jusqu’au sol. L’augmentation de la pollution en Chine et dans d’autres régions d’Asie du Sud et de l’Est au cours des 40 dernières années a donc entraîné une baisse des températures de surface, tandis que les mesures de réduction de la pollution en Europe ont entraîné un ciel plus clair et des températures plus élevées.
Cette étude montre que le courant d’ouest subtropical eurasien (ESWJ pour Eurasian subtropical westerly jet), composante majeure de la circulation atmosphérique estivale dans l’hémisphère nord, s’est sensiblement affaibli l’été au cours de la période 1979-2019, avec des répercussions importantes sur les conditions météorologiques extrêmes.
L’analyse des simulations faites dans le cadre du projet d’inter comparaison des modèles couplés (CMIP6 pour Coupled model intercomparison project en anglais) suggère que les aérosols anthropiques ont probablement été le principal moteur de l’affaiblissement de l’ESWJ. L’effet combiné du réchauffement aux latitudes moyennes et élevées (dû à la réduction des aérosols en Europe), et du refroidissement des régions tropicales et subtropicales (dû à l’augmentation des aérosols en Asie du Sud et de l’Est) ont réduit le gradient de température entre les deux régions, affaiblissant considérablement le courant-jet ESWJ au-dessus de l’Asie.
Si, les pays d’Asie du Sud-Est respectent leurs engagements de réduire leurs niveaux de pollution atmosphérique au cours des prochaines décennies, cela pourrait entraîner un renforcement de l’ESWJ l’été au-dessus de l’Eurasie, réduisant potentiellement la probabilité de vagues de chaleur prolongées (mais augmentant la probabilité de cyclones aux latitudes moyennes).
Le Dr Buwen Dong, scientifique du NCAS à l’Université de Reading, a déclaré : « Cette recherche contredit les suggestions selon lesquelles l’affaiblissement du courant-jet estival était le résultat d’un réchauffement rapide de l’Arctique supposé causé par les émissions de gaz à effet de serre ».