Bernard GRANDCHAMP, ingénieur agronome (M 73) – Oenologue – Ancien expert près la Cour d’Appel de Bordeaux
« We cannot command Nature except by obeying her » (Francis Bacon – Novum organum, 1620)
En préambule, on ne questionnera pas ici la pertinence du « réchauffement climatique », car le monde viticole n’en étudie plus désormais l’hypothèse mais s’applique à lui apporter des réponses – cette hypothèse étant communément admise.
La nature (génétique) de la vigne est d’être une liane, c’est à dire une plante à croissance continue. L’ensemble de sa physiologie et donc les règles de sa culture s’en déduisent, règles qui ont toujours consisté à obtenir le vin qui offre le plus d’agrément : produire un raisin mûr est la condition nécessaire à l’élaboration d’un « bon vin ». Ainsi, en un lieu géographique donné, matérialisé par le sol dans lequel une vigne est plantée, et sous un climat particulier – celui du lieu (variable chaque année sous le nom de millésime), produire du raisin mûr constitue toujours une adaptation de cette physiologie par le moyen d’une viticulture spécifique. Or, caractériser la vigne comme une liane signifie, physiologiquement, qu’au sein de la plante existe un antagonisme constitutif (génétique) entre croissance végétative et mise à fruit – privilégiant a priori la croissance. Si donc l’élaboration d’un « bon vin » nécessite l’obtention préalable d’un raisin mûr, ce fait entre en contradiction avec l’aptitude « naturelle » de la vigne à pousser. La viticulture consiste alors, en dernière analyse, à créer (à partir d’un sol donné et sous un climat particulier – désignés par le mot « terroir ») des conditions de milieu propices à cette maturité, c’est à dire à la mise à fruit au détriment de la croissance.
Le réchauffement climatique, indépendamment de sa vitesse et de son intensité, va représenter alors une modification notable – sinon majeure – de ces conditions de milieu propices, se caractérisant essentiellement par une augmentation de la chaleur (température reçue) et de la sécheresse (de l’atmosphère et du sol). Et ces conditions nouvelles ne seront pas sans conséquences sur le schéma constitutif « raisin mûr – bon vin ».
L’augmentation de la chaleur, via l’augmentation de température, se traduira essentiellement – toutes choses égales par ailleurs – dans une plus grande précocité du cycle végétatif de la vigne. Et ceci signifiera surtout : en premier lieu un débourrement plus précoce au printemps, d’où une plus grande sensibilité de la vigne aux gelées printanières (les jeunes pousses gèlent à partir de -2°C) ; en second lieu une maturité avancée en date (raisins plus riches en sucre donc vin plus riche en alcool, ce qui – modifiant l’équilibre gustatif du vin – risque d’entraîner un moindre agrément pour sa consommation). La réponse globale à cette situation ressortira toujours à une tentative de retarder le cycle végétatif de la vigne. Indépendamment d’une nécessaire réadaptation des pratiques culturales (en particulier les moyens éventuels de lutte contre le gel de printemps), il s’agira essentiellement : soit, dans le même lieu, de changer de ”cépages” (variétés botaniques de l’espèce « Vitis vinifera », en plantant des cépages à cycle plus long (la longueur du cycle végétatif étant une caractéristique variétale : le Pinot noir de Bourgogne est un cépage à cycle court, tandis que le Cabernet sauvignon de Bordeaux est un cépage à cycle long) ; soit de changer de lieu, par implantation en situation nord, ou bien en altitude, ou bien en latitude plus élevée (d’où les exemples actuels de réinstallation de vignobles au sud de la Bretagne, et d’installation au sud de l’Angleterre).
Mais le réchauffement climatique se traduit également par un accroissement de la sécheresse (de l’atmosphère et du sol), c’est à dire de la perte d’eau des tissus végétaux (transpiration), et de la baisse de la réserve utile du sol (évaporation). Et, outre accroître en fin de cycle – par perte d’eau – les risques de sur maturité (richesse en sucre) déjà liés à l’augmentation de température, cette sécheresse entraîne beaucoup plus fondamentalement – par alimentation en eau insuffisante de la plante – une perturbation de la circulation de sève pouvant aller jusqu’à la mort des ceps (surtout chez les jeunes vignes). Or, il n’existe pas de cépages naturellement résistants à la sécheresse. Seuls, certains porte-greffes (puisque la vigne est une plante nécessairement greffée depuis l’apparition du phylloxera à la fin du XIXe siècle) sont tolérants à un certain niveau de sécheresse. Dès lors, toutes choses égales par ailleurs, si ce niveau est dépassé (comme potentiellement dans divers secteurs du vignoble du Languedoc), la seule réponse possible devient l’irrigation – généralement par système « goutte à goutte » permettant entre autres une adaptation fine des besoins aux ressources en eau (sachant toutefois que ce besoin en eau peut entrer en concurrence avec d’autres productions agricoles, voire des utilisations humaines, et que la vigne ne peut raisonnablement être classée parmi les cultures indispensables).
Quoi qu’il en soit de la mise en œuvre de réponses, dont les principales viennent d’être ici brièvement esquissées, elles devront tenir compte en sus de deux facteurs : tout d’abord, la vigne étant une culture pérenne qui – outre être plantée (y compris en terme de rentabilité économique) généralement pour 30 ou 40 ans – demande au minimum 3 ans pour la réalisation effective d’une restructuration (arrachage, replantation, entrée en production), ce qui rend d’emblée improbables des réponses dans l’urgence ; ensuite, en lien avec l’objectif permanent de production de « bon vin », il sera nécessaire de vérifier le cas échéant – à chaque étape de certaines de ces mises en œuvre – les risques de modification du « goût du vin » dans des lieux (terroirs) où il est fait référence à un type de vin (le « vin du lieu »’ avec sa traduction en « Appellation d’Origine Contrôlée ») – en prenant le temps d’ajuster des modifications éventuelles au plus près de ce « goût du lieu ».
De là que, in fine, le « demain » de la vigne doit plutôt être apprécié comme un « après-demain » de l’humain – sur une échelle de temps se déclinant probablement en décennies…
Depuis qu’elle existe (plus de 9000 ans), la culture de la vigne a toujours consisté en adaptations fines, en un lieu et sous un climat particuliers, de techniques (pratiques culturales) ordonnées avec la volonté d’obtenir du « bon vin ». Un changement, voire un réchauffement, climatique ne conduira au fond qu’à de nouvelles adaptations de ces pratiques – en respectant quoi qu’il en soit la « Nature de la vigne ».
L’augmentation de la chaleur, via l’augmentation de température,
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Marre de ces thermomètres qui nous apportent de la chaleur
Un article d’A. Préat paru en juin dernier sur science-climat-energie.be commente une étude de G. Teil de 2020:
https://www.science-climat-energie.be/2024/06/14/les-vignerons-et-le-rechauffement-climatique/#more-22699
Avec un sous-titre intriguant : “Les vignerons seraient-ils climatosceptiques ?”
J’y ai découvert que l’avancement incontestable de la date des vendanges de 2 à 3 semaines depuis plusieurs décennies, selon les vignerons, n’est pas une conséquence du réchauffement en cours, contrairement à ce que je pensais, mais un changement dans les méthodes de culture initiées dans les années 60 par l’INRA, qui ont fait baisser la charge en raisin laquelle permet à la vigne de mûrir mieux et plus rapidement ses raisins.
Se méfier des idées préconçues…
D’ailleurs depuis une demi douzaine d’années, je constaterais plutôt une tendance à un retour des vendanges à une date plus “normale”, du moins en AOC Cassis (celle où je vis), ce qui ferait croire à une légère baisse des températures locales. Tout cela est très subjectif.
C’est d’ailleurs l’opinion de l’auteur qui nous dit: “Les vignerons ne semblent pas très préoccupés par le changement climatique car les vignerons ne peuvent percevoir dans leur expérience quotidienne un réchauffement moyen de deux degrés sur quelques dizaines d’années alors que les variations interannuelles sont bien supérieures à cette élévation moyenne.”
Je partage cette opinion. L’éventail des climats où la vigne prospère est tellement large, puisqu’on trouve des vignoble en zone quasi équatoriale au Costa Rica (2 récoltes par an!), tropicale à Madagascar, méditerranéenne semi désertique en Afrique du Nord et continentale froide (Allemagne) que nos viticulteurs français ne s’inquiètent pas outre mesure de l’avenir du climat. Il sera toujours temps de changer de cépages et de méthodes de culture comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises et par exemple de façon bien plus dramatique lors de la crise du phylloxera.
Tout à fait d’accord avec vous, les gens qui mettent en relation l’avancée de la date de vendanges et le réchauffement climatique n’ont jamais travaillé dans la vigne. Mon père était un tout petit producteur, mon oncle en vivait. Ils taillaient fin mars début avril sur les bois qui coulaient ( donc perte de sève) mais repoussaient au maximum cette date pour laisser place aux gelées de printemps et tailler sur les bourgeons pas gelés. Aujourd’hui la plupart des tailles sont terminées fin février, aucune perte de sève. Par ailleurs les techniques culturales comme le travail d’un rang sur deux et l’autre rang en pelouse permettent une activité microbienne de la terre plus intense et favorisent ainsi l’assimilation des nutriments. Le plus important est la récolte en vert. Toutes les grappes au dessus du deuxième fil de fer coupées en été bien avant maturité. Celles qui restent au plus près des vieux bois se développent plus vite et concentrent plus de sucre…..
Rien à dire, écoutons, pour une fois, un”vrai” spécialiste, factuel.
Le dernier paragraphe (conclusion) est, AMHA, le plus intéressant.
Je ne parlerais pas de ce que je connais pas en terme de régions viticoles ou de cépages, ou encore de ce que je connais peu, mais pour ce qui est des vins de Bourgogne, les années chaudes et sèches à la fois, sont une bénédiction qui donne des crus d’exception et de longue garde, l’année 2023 en étant un sommet !
Le pinot noir supporte bien la sécheresse d’autant que ses racines vont à grande profondeur dans le sol, idem le chardonnay.
Personnellement dans mon (petit) cercle de connaissances, je ne connais pas d’exploitants viticoles bourguignons que le réchauffement inquiète, beaucoup signeraient pour des 2023 à répétition.
Qui dit sécheresse dit aussi beaucoup moins de maladies, ce qui se traduit par beaucoup moins de traitement ce que tout le monde semble souhaiter à commencer par le viticulteur pour qui c’est moins d’argent à dépenser pour des produits phyto et moins de travail à les épandre. La vinification est également plus aisée.
A contrario, cette année 2024 a été fraiche et pluvieuse en Bourgogne et bof, ce ne sera pas la peine d’acheter et encore moins de stocker.
@hbsc xris
Réflexion d’un vigneron qui a un peu de “bouteille”:
“Si j’avais à choisir entre le climat des années 1970–1980 et le climat d’aujourd’hui, je signe tout de suite pour aujourd’hui. […] C’est ça qui est paradoxal. […] J’ai étudié, fin des années 1970. Et quand on goûtait des vins des années 1970, que ce soit des Bourgogne, ou des Bordeaux… la plupart du temps, on se regardait et on se disait « est-ce que c’est vraiment le métier qu’on veut faire ? ». […] C’étaient vraiment des vins épouvantables”.
Manifestement, je ne sais si c’est à cause du réchauffement ou de l’amélioration des techniques viticoles, mais les vins actuels sont d’un niveau de qualité bien supérieur à ce qu’il était au 20e siècle.
Je pense en particulier au contrôle de la température de fermentation: Il y a 50 ans très peu de vignobles étaient équipés de groupes de réfrigération. Si la période de vendange était un peu chaude, les fermentations avaient tendance à s’emballer et la température du moût à dépasser le seuil au delà duquel tous les subtils parfums du “bouquet” s’évaporaient pour toujours, laissant un pinard plat et insipide…
Cher Monsieur,
Ne préjugez pas (nous sommes seulement en novembre!) de ce que vos amis vignerons bourguignons vont faire naître de leurs raisins 2024… 😉
Et puis, il faut bien qu’il y ait des millésimes qui – comme on dit – permettent d’en “attendre” d’autres !
Pour mémoire, différents textes évoquent la culture de la vigne en Angleterre et au Danemark au XIIe siècle. Les variations climatiques ont toujours affectées les productions agricoles et les pays se sont adaptés en fonction des conditions existantes.
Bref, rien de nouveau sous le soleil 🙂
“””””Lorsque les Romains ont envahi le Royaume-Uni en 43 après J. -C., ils ont apporté avec eux leur amour du vin et leur savoir-faire en matière de viticulture. Ils ont courageusement planté des vignes à travers cette île verdoyante, créant ainsi les prémices d’une tradition viticole britannique.”””””
C’est pas moi qui le dit , c’est Wiki, mais on avait déjà appris cela en quatrième
La vigne est sans aucun doute un cas particulier de la végétation. La chute des feuilles (“fall” en american english pour désigner l’automne) est toujours à la même date pour l’ensemble des arbres (sauf mon beau sapin “qui garde sa parure”).
Excellent article. Rédigé par un très bon agronome.
Une des solutions pour lutter contre la sécheresse est la baisse de la densité végétale. C’est ce que fait la nature dans les zones arides. Moins d’arbres, moins d’herbacées, végétation discontinue. Pour la vigne ce serait une bonne solution, que n’évoque pas l’auteur. Arracher un plant sur trois ? Planter moins dense à chaque renouvellement ?
Sans que pour autant le rendement en hectolitres à l’hectare soit réduit dans la même proportion.
Toutes nos cultures, toutes nos forêts sont plutôt trop serrées, trop denses. Tant qu’il pleut normalement ça passe. Si une sécheresse apparaît le bon agronome et le bon forestier doivent d’abord penser à réduire les densités. Pour que chaque plante individuelle ait la même quantité d!eau. Henri Voron. Agronome INA 64.
Je suis tout de même étonné de voir le « forcing » exercé par les compagnies locales distributrices d’eau potable auprès des vignerons pour qu’ils irriguent leurs vignes. Une AOC du Sud Est de la France, proche du littoral, s’est ainsi vue autorisée récemment à irriguer alors que de mémoire d’homme on n’y a jamais vu de viticulteur acculé à la faillite pour cause de sécheresse. Quelques exploitants ont sauté le pas avec le secret espoir d’améliorer leurs rendements les années sèches, en oubliant que l’autorisation saisonnière d’irrigation ne sera pas donnée par la mairie quand la ressource en eau sera réduite: Tous, particuliers comme exploitants devront réduire leur consommation à leurs besoins essentiels. Interdiction d’arroser les jardins (et les vignes), de laver les voitures et de remplir les piscines.
A mon avis l’irrigation des vignobles est une négation de la notion même de « terroir » viticole, bien particulière à la France. Le terroir associe une géologie, une podologie, un habitat, une tradition dans la façon de cultiver, et « last but not least » un CLIMAT, bien spécifiques. Un climat est soumis à des aléas météorologiques tout particulièrement dans la quantité annuelle des précipitations et leur répartition sur l’année. Remédier artificiellement à ces aléas par l’irrigation est un non-sens total.
Cher “camarade”,
Merci pour votre commentaire.
Je n’ai effectivement pas évoqué la question de la densité de plantation, car cela m’aurait conduit à entrer dans plus de détails (liés aux différentes “pratiques culturales”) – et j’aurais dès lors débordé de l’espace de texte qui m’était originellement imparti…
Mais vous avez tout à fait raison sur le lien entre basse densité et faible teneur en eau du sol (la vigne étant une plante à haut niveau de transpiration) : ainsi par exemple, en Espagne, le vignoble traditionnel est/était conduit sans irrigation avec une densité d’environ 3000 pieds / ha, et en Languedoc (avec une conduite en “gobelet libre”, donc sans palissage des rameaux sur fil de fer) la densité traditionnelle était de 4400 pieds / ha – en plantation “au carré” pour une répartition plus homogène des racines)…
Dans son “Histoire des climats depuis l’an mil” l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie utilise abondamment les dates de vendange, souvent conservées dans des abbayes qui en tenaient des registres précis et suivis sur de longues périodes, comme indicateurs climatiques, de température en particulier.
Le commentaire de Jack (ci-dessus) qui mentionne l’influence des pratiques agricoles sur les dates de vendanges apporteraient-elles quelques réserves sur les conclusions de Le Roy Ladurie?
Le commentaire de Jack est très juste.
La question de la date des vendanges est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait.
Fin XIXème, début XXème, les vignerons qui plantent désormais des vignes greffées sur plants hybrides américano/européennes (et non uniquement américains comme on le lit souvent) signalent déjà un décalage d’une semaine en avant de la date moyenne des vendanges et y voient l’influence du porte greffe.
Le mode de culture change aussi à cette époque puisque désormais la vigne se cultivera en rangs uniquement et sera labourée et non cultivée en “foule” piochée comme c’était le cas auparavant, cela peut avoir joué considérablement sur l’ensoleillement.
Avec les AOC, disparaissent progressivement nombreuses zones peu favorables à la viticulture, pas seulement dans des régions, mais au sein d’un même terroir, toutes les zones extrêmes sont recyclées, par exemple en prés pour l’élevage en de nombreux endroits de Bourgogne.
Et on cesse, au sein d’une même parcelle, de planter des cépages en mélange avec des décalages de récolte pour tenter d’avoir tout de même un minimum, les plus mauvaises années.
Maintenant oui, globalement on vendange plutôt et les années sèches et ensoleillées sont, en principe, une bénédiction pour la vigne. Et travailler (tailler à la main par exemple ou lier les rameaux) dans la vigne et y vendanger (à la main) par beau temps est une bénédiction également !
Le Roy Ladurie, qui a été excellent, en son temps, à défriché un sujet sur lequel beaucoup reste à écrire et à comprendre.
Cher Monsieur,
Ne préjugez pas (nous sommes seulement en novembre!) de ce que vos amis vignerons bourguignons vont faire naître de leurs raisins 2024… 😉
Et puis, il faut bien qu’il y ait des millésimes qui – comme on dit – permettent d’en “attendre” d’autres !
Je me permets d’apporter un rectificatif à votre affirmation sur le greffage : les vignes cultivées (espèce Vitis vinifera) sont nécessairement greffées depuis l’apparition puis l’invasion par le phylloxera à partir des années 1860, et surtout tous les porte-greffes utilisés proviennent (dans leur quasi totalité) d’un petit nombre d’espèces américaines (principalement Vitis riparia, Vitis rupestris, et Vitis berlandieri) et de leurs croisements entre elles par hybridations. Car, après des décennies d’expérience de replantation en France, les porte-greffes issus de croisements “interspécifiques” (soit entre Vitis vinifera et divers Vitis américains) se sont avérés insuffisamment résistants aux piqûres du puceron phylloxera…