Par Rémy Prud’homme, professeur des universités (émérite)
Les enfants affamés, ça alimente le business des éoliennes. Les catastrophistes de tout poil nous ressassent quotidiennement, depuis des années, que le réchauffement de la planète entraîne la diminution des rendements agricoles, qui cause l’aggravation de la faim dans le monde. Quelques exemples, entre mille : Reporterre, un site entièrement dédié à ce thème, citant Oxfam, affirme (29.11.2011) que « le changement climatique augmente les risques de famine » ; Les Echos parlent de « l’incroyable baisse de la production provoquée par le réchauffement de la planète » (3.8.2017) ; Radio France International, dans une émission intitulée « famine et changement climatique », sous le patronage de Lambert Wilson, prétend que « la FAO s’alarme des conséquences du changement climatique sur la capacité des populations à se nourrir » (3.1.2019). Le noir se porte bien. Le « deuil sied à Electre » comme dit O’Neil. Marier deux catastrophes, la faim et le réchauffement, n’est-ce pas un joli coup double ?
Au delà des images et des imprécations, cherchons les chiffres. La FAO vient de publier pour la dernière décennie les données de la production mondiale de céréales.
Tableau 1 – Production de céréales, Monde, 2011-2020 (Mt)
Bien loin de décliner, la production agricole progresse. Plus vite que la population, qui s’est accrue d’environ 10% durant la même période – c’est-à-dire deux fois moins vite que la production de céréales.
Malgré le réchauffement climatique ? Plutôt grâce à lui au contraire, ou plus exactement à cause de l’augmentation du gaz carbonique (dire : CO2, ou dioxyde de carbone, ça fait plus chic) dans l’atmosphère. La concentration du CO2 dans l’atmosphère, qui est mesurée assez précisément, augmente régulièrement. Entre 2011 et 2020, de 6%. Cette augmentation est accusée d’être le facteur principal de l’augmentation des températures. Les preuves théoriques et empiriques de cette relation sont fragiles. Ce qui est certain, en revanche, c’est, comme on l’apprend au collège, que le gaz carbonique est la nourriture des plantes, et que davantage de CO2 entraine davantage de rendement des cultures céréalières ou fourragères. Dans la période récente, le +6% du CO2 contribue donc au +18% de la production céréalière. Il n’en est pas la seule cause, bien entendu : l’extension des surfaces cultivées, les OGM, le recours accru aux pesticides et aux engrais – horresco referens ! – contribuent aussi à mieux nourrir l’humanité.
L’essentiel est que, depuis une trentaine d’année, la faim recule dans monde, comme elle ne l’avait jamais fait dans l’histoire de l’humanité. La célèbre course entre population et production agricole a été gagnée. Les prophètes de malheur qui l’annonçaient perdue, de Thomas Malthus (1798) à Josue de Castro (1952) et à Paul Ehrlich (1968), se sont complètement trompés. Les famines dont ils prédisaient la dramatique multiplication ont pratiquement disparu (à la triste exception de celles que causent des guerres civiles ou internationales). Même si beaucoup reste à faire, bien sûr, il faut saluer cette évolution.
Elle contrarie nos idéologues du climat. Agiter la faim dans le monde pour justifier des politiques climatiques, c’était pourtant bien trouvé. Pas de chance, c’est raté. Pour justifier les subventions aux financiers de l’éolien, il va falloir trouver autre chose.