Par le Prince Michael de Liechtenstein (*)
Traduction d’un article publié le 3 décembre sur le site Geopolitical Intelligence Services (GIS) fondé par le Prince Michael de Liechtenstein
En déclarant l’état d’urgence climatique, le Parlement européen a ouvert la porte à des mesures excessives qui pourraient à terme violer les libertés individuelles et éroder la démocratie dans l’Union européenne. Le débat sur le climat est devenu un moyen politique pour mettre en œuvre un programme radical.
De nombreux militants écologistes insistent sur le fait que les systèmes de liberté et de marché sont incompatibles avec la protection de l’environnement (source : GIS)
Il faut certes lutter contre la pollution et les déchets et assurer la propreté de l’air et de l’eau. Mais il n’est pas moins important de défendre la liberté individuelle, l’État de droit et d’autres valeurs telles que la vie privée et les droits de propriété.
Les parlements ont pour mission de représenter les intérêts des citoyens. Il est de leur devoir d’empêcher les gouvernements et les administrations d’abuser de leur pouvoir, de limiter les droits individuels ou de compromettre la prospérité de leur pays pour des raisons politiques. Et les parlements devraient aussi veiller à ce que les dépenses publiques soient limitées aux dépenses essentielles et à ce que les règlementations fiscales et autres et les impôts ne deviennent pas excessifs.
Activisme aveugle
Nous sommes actuellement bombardés de nouvelles apocalyptiques sur le changement climatique. Les ONG sont devenues les grands prêtres d’une religion du climat ; elles avertissent que l’humanité prendra fin si des objectifs extrêmes ne sont pas atteints – à tout prix, y compris avec des conséquences juridiques, économiques, sociales et même environnementales. En vue de ces objectifs des pratiques néfastes sont adoptées : sont imposées des techniques agricoles, fondées sur des principes non scientifiques et excessifs, qui endommagent les forêts et les terres, un recyclage antiéconomique imposé par une réglementation excessive, des mesures de protection des consommateurs qui entraînent des déchets, et l’utilisation forcée de voitures électriques alors que la pollution que causent leurs batteries n’est pas encore résolue.
Les personnes qui ne sont pas d’accord avec ces affirmations apocalyptiques sur le changement climatique sont intimidées verbalement ou même physiquement. Les écoliers, trompés par la désinformation alarmiste, manifestent dans des rassemblements qui ressemblent à des croisades.
Il faut des actions pratiques et sur le terrain contre la pollution, pas des théories et des objectifs déconnectés des réalités mais qui font plaisir à ceux qui les fixent
Certains vont même jusqu’à soutenir que le fait de nier ou de minimiser ce qui est déclaré être un “changement climatique” devrait faire l’objet de poursuites. De nombreux médias couvrent ce sujet d’un point de vue hystérique sans tenir compte des faits. La politique tourne maintenant autour d’un activisme aveugle, abandonnant les stratégies de long terme qui limiteraient le gaspillage. Il faut des actions pratiques et de terrain contre la pollution, et non des théories et des objectifs déconnectés des réalités mais qui font plaisir à ceux qui les fixent. L’approche actuelle consiste à demander des mesures immédiates, qu’elles soient utiles ou inutiles, même si elles sont potentiellement nuisibles.
Faux débat
Cet activisme a atteint le Parlement européen. Strasbourg a déclaré ce qui suit : “En prévision de la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP25 qui se tiendra à Madrid du 2 au 13 décembre, le Parlement a approuvé jeudi une résolution déclarant l’urgence climatique et environnementale en Europe et dans le monde.“
Déclarer l’état d’urgence a des conséquences critiques. ça permet aux gouvernements d’introduire des mesures en dehors des procédures constitutionnelles et juridiques normales, et ça leur permet de violer les droits individuels. Certains membres modérés du Parlement européen qui voulaient remplacer le terme “urgence” par celui plus approprié de “situation d’urgence” ont été marginalisés. C’étaient surtout les Allemands qui se sentaient concernés : une déclaration d’état d’urgence a,en 1933, permis aux Nazis de prendre la réalité du pouvoir. [NdTGesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich du 24 mars 1933]
La peur se répand et radicalise la société
Des objectifs fantasmatiques ou théoriques ont été fixés pour tenter de camoufler l’aspect totalitaire de la proclamation d’un état d’urgence, non seulement pour l’Europe, mais aussi pour le monde. En outre, le Parlement a demandé à la Commission européenne d’aligner toutes ses propositions législatives et budgétaires afin de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C.
Dans une résolution séparée, le Parlement a demandé à l’UE de soumettre à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiquessa stratégie pour atteindre la neutralité climatique le plus rapidement possible, au plus tard en 2050. Les députés ont demandé à la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, d’inclure un objectif de réduction de 55 % des gaz à effet de serre d’ici 2030 dans son prochain “Green Deal” européen.
La résolution a été adoptée par une large majorité de libéraux, de verts, de socialistes et d’autres personnes de la gauche, mais aussi par certains membres du Parti populaire européen (PPE). Les conservateurs et réformistes européens étaient contre. Le représentant tchèque et expert GIS AlexandrVondra a déclaré que : ” L’intensification de la rhétorique ne dispense pas de discussions sérieuses qui devraient maintenant avoir lieu “.
Le porte-parole du PPE pour l’environnement, Peter Liese, s’est montré très préoccupé, qualifiant l'”urgence climatique” de “faux débat” destiné à détourner l’attention de la prise de décision réelle. “Il y a une urgence à agir, mais pas d’état d’urgence à déclarer. L’urgence peut également être interprétée comme une atteinte aux droits fondamentaux, tels que la liberté de la presse et la démocratie “, a-t-il ajouté.
Les mesures nécessaires pour lutter contre la pollution et les déchets sont remplacées par de l’activisme
La situation est critique. Les parlements n’assument pas pleinement leurs fonctions. La peur se répand et radicalise la société. Les mesures nécessaires pour lutter contre la pollution et les déchets sont remplacées par de l’activisme.
La discussion sur le climat a dégénéré en un outil démagogique [NdT : « populist » dans le texte] pour introduire des solutions socialistes et une planification bureaucratique centrale. Beaucoup affirment clairement que le système de de liberté et de marché doit être aboli. Les leçons des atrocités et des absurdités de l’inhumain système soviétique qui s’est effondré il y a 30 ansseulement sont déjà perdues. Les citoyens deviennent des sujets. Les droits individuels, la liberté d’expression et d’opinion, et les droits de propriété sont sacrifiés. Par démagogie, irresponsabilité et manque de courage, les parlements (et pas seulement celui de Strasbourg) trahissent leur devoir de défendre la liberté et les intérêts légitimes des citoyens, une mission qui inclut la mise en place de mesures réelles et efficaces pour protéger l’environnement.
(*) Sur l’auteur
Le Prince Michael de Liechtenstein a complété sa formation à la Faculté d’économie de l’Université de Vienne (Autriche) par un Magister der Sozial- undWirtschaftswissenschaften (M.A. en gestion d’entreprise). Pendant ses études, il a effectué divers stages pratiques / travail dans des banques et des entreprises de production au Canada, aux Etats-Unis et en Belgique (Bruxelles).
De 1978 à 1987, il a travaillé pour Nestlé SA dans les domaines du contrôle de gestion, de la gestion et du marketing sur différents marchés en Europe et en Afrique.
En 1987, il est retourné au Liechtenstein où il a pris la fonction de directeur général des Industrie- undFinanzkontor Ets. Vaduz, qui est aujourd’hui une société fiduciaire de premier plan avec une tradition et un savoir-faire dans la préservation à long terme et transgénérationnelle du patrimoine, en particulier du patrimoine familial. Le Prince Michael de Liechtenstein est aujourd’hui président de l’IndustrieundFinanzkontor Ets. et aussi président-fondateur de Geopolitical Intelligence Services AG Vaduz.
Le Prince Michael de Liechtenstein est membre de diverses organisations professionnelles telles que STEP. En outre, il est membre du conseil d’administration du Liechtenstein Institute of Professional Trustees and Fiduciaries et président de l’European Center of AustrianEconomics Foundation Vaduz.