Éolien terrestre, histoire et géographie.

Par MD.

Introduction.

Dans un article de février 2022, on avait analysé le régime des vents sur le territoire métropolitain et mis en évidence le synchronisme remarquable entre les différentes régions françaises ainsi que l’absence d’une tendance à la hausse ou à la baisse de l’intensité des vents sur longue période. Plus récemment, un article avait traité de la production d’électricité en général, dont la production éolienne en particulier (et en annexe une mise à jour du régime des vents). On examine ici la répartition des installations éoliennes terrestres en France et son évolution, ainsi que différents autres éléments d’information. Les données utilisées sont empruntées à Réseau de transport d’électricité (RTE, filiale d’EDF), au site ODRÉ (Open data réseaux énergie), au service statistique du ministère SDES. Et enfin au site Géorisques qui recense les parcs, les éoliennes (aérogénérateurs) en exploitation ou en attente en précisant lieux, dates, puissances, dimensions, constructeurs et exploitants (il y a malheureusement des lacunes, des chiffres aberrants, des doubles comptages, et la mise à jour est inachevée).

Répartition géographique des éoliennes terrestres.

La carte ci-dessous illustre la répartition des éoliennes au niveau départemental par puissances installées croissantes.

On constate une très grande disparité entre départements qui n’est manifestement pas explicable par les régimes des vents à l’échelle régionale (Provence-Côte d’Azur et Aquitaine ne sont pas notablement moins ventées que les Hauts-de-France). De nombreux autres paramètres sont en jeu : occupation des sols à l’échelle locale, sites classés, contraintes militaires, risques d’incendies de forêts, (in)tolérance aux nuisances, coercitions administratives ou vulnérabilité aux arguments (sonnants et trébuchants) des promoteurs, etc.

Évolution de la puissance installée et de la production.

Le graphique ci-dessous représente l’évolution de la puissance installée au niveau national.

L’accroissement est quasi linéaire depuis une dizaine d’années, à raison d’environ 1 400 MW de plus par an.

Au niveau régional, on retrouve les disparités déjà observées, et le peu d’enthousiasme manifesté par certaines régions.

La production est illustrée par le graphique suivant.

La production croît tendanciellement au même rythme que la capacité installée (environ 3 TWh de plus par an en moyenne). Les irrégularités annuelles reflètent celles du régime des vents : on voit que les années 2020 et 2023 avaient été particulièrement ventées. La production éolienne de 2024 a été de 46,6TWh soit 8,7% de la production électrique toutes filières confondues.

Les productions annuelles régionales reflètent naturellement les capacités installées respectives.

Facteur de charge.

RTE a publié sur ce thème un document très complet auquel on pourra se reporter. On peut retenir un facteur de charge de 22% à 26% selon les années, sans tendance discernable, avec une moyenne de l’ordre de 23,5%. Lorsque les promoteurs de l’éolien affirment que 1 MW installé assure la consommation de 400 foyers à raison de 5 MWh par an et par foyer, leur calcul est exact sur le papier (1MW x 8 760h x 0,235 # 2 000MWh) mais ils omettent de dire que l’intermittence engendre, soit une surproduction inutile, soit des insuffisances que l’on doit compenser par un back-up d’énergie pilotable.

Prix de l’électricité.

On trouve des séries longues des prix de l’électricité sur Eurostat (série nrg_pc).

On a vu que l’essor de l’éolien a débuté vers 2005. Le solaire photovoltaïque était apparu vers 2010. Il apparaît clairement que l’intrusion des filières intermittentes dans le mix électrique a déterminé une hausse continue (avant même la « crise » de 2022) alors que le tarif domestique était resté pratiquement inchangé jusqu’à la fin des années 2000. On ne s’étendra pas plus sur ce sujet, qui nécessiterait un article complet.

Données diverses.

Effectifs des parcs et des éoliennes.

Fin 2024, on dénombrait environ 2 500 parcs pour environ 24 000 MW installés, le nombre d’éoliennes en service étant de l’ordre de 8 500 unités. Le graphique suivant montre la répartition des parcs selon leurs puissances installées.

Un parc moyen comporte 3,3 éoliennes de 2,8MW de capacité soit environ 9,5MW.

Hauteur des éoliennes.

La hauteur totale d’une éolienne est définie comme la hauteur du mât plus le demi-diamètre du rotor :

La moyenne de hauteur des éoliennes terrestres actuelles est de 145 m. A titre de comparaison, les flèches des cathédrales de Strasbourg et Rouen culminent à environ 150 m.

Constructeurs des éoliennes.

Le graphique ci-dessous donne la répartition entre les principaux constructeurs (nationalités abrégées entre parenthèses). Notons que sur la période de développement, il y a eu des cessations d’activité, des fusions et acquisitions entre les différents groupes, notamment allemands et espagnols.

Exploitants des éoliennes.

Selon Géorisques on dénombre environ 2 200 sociétés d’exploitation des installations en service. À côté de groupes bien identifiés et ayant pignon sur rue, comme Engie Green ou EDF Renouvelable, il s’agit le plus souvent de petites sociétés ad hoc exploitant un seul ou un petit nombre de parcs éoliens. Une exploration rapide sur internet permet de constater que certains noms ou raisons sociales de dirigeants et certaines adresses de sièges sociaux reviennent avec insistance. Beaucoup de ces sociétés ont un capital social très faible au regard de leurs investissements et ne déclarent aucun salarié ; on a parfois l’impression d’un réseau financier plus que proprement industriel. À noter qu’une autre base de données, Windpower, fournit des informations supplémentaires, mais sa série est incomplète (et soumise à redevance).

Conclusion.

Ces quelques aperçus ont pour objet d’illustrer l’évolution historique et l’état actuel de l’éolien terrestre en France. On s’en est tenu aux aspects factuels sans entrer dans les débats sur la pertinence et les inconvénients de cette source d’énergie, sujets amplement traités dans d’autres articles – et ravivés par l’actualité récente. On remarquera seulement que, sous des noms de baptême bucoliques, ces « fermes » sont en réalité des installations industrielles incongrues et disproportionnées, dévoreuses d’espace et souvent imposées aux habitants des communes rurales contre leur gré, comme le montrent les très nombreux contentieux qui continuent à accompagner leurs implantations.

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12 réflexions au sujet de « Éolien terrestre, histoire et géographie. »

  1. La véritable question devrait être: La France qui, grâce à ses centrales nucléaires, a exporté l’an dernier des quantités record d’énergie électrique, sans précédent dans son histoire, a-t-elle vraiment besoin de l’apport marginal et ingérable de ces moulins à vent qui tuent les oiseaux par millions chaque année et détruisent les paysages incomparables de notre pays, l’une des premières destinations touristiques au monde ???

    • Jack, Vous avez tout à fait raison, et cette « véritable question » a déjà été traitée notamment dans les deux articles que je cite en introduction, et que vous aviez déjà commentés à l’époque.
      Comble d’ironie, RTE vient de s’apercevoir il y a deux jours que nous avions une surproduction d’électricité, après avoir milité activement pendant des années pour obtenir ce brillant résultat. Il faut oser.
      Bien à vous
      MD

  2. Un grand merci pour ce travail journalistique qui devrait faire honte à tous les médias mainstream!
    La répartition sur le territoire en dit long sur la considération des gueux, l’explosion des tarifs est également très instructive et démontre que si on voulait continuer la destruction de notre industrie, on ne s’y prendrait pas autrement.
    Il va falloir à Bayou un peu plus de niaque s’il veut convaincre les Français de sa volonté de redresser les finances de notre pays.

  3. Tout va s’effondrer en même temps et prochainement,
    l’éolien et autres énergies ’’vertes’’, la théorie du genre, le wokisme, l’immigration est une chance, le système social le meilleur du monde, le bio alimentaire ( couscous puis cassoulet au canard sans saucisse au porc !!)le réchauffement climatique dû au Co2, la mondialisation heureuse, la Russie coupable de la guerre (=Valérie Bacot coupable du meurtre de son mari !!), l’Europe fédérale avec l’euro, la France avec sa dette abyssale…..
    Ça va coincer malheureusement !

    • @Saez Laurent
      Vous auriez pu rajouter:
      Le prof de Lyon-2, Fabrice Balanche, agressé par des étudiants, désigné comme coupable par la présidente de cette université, ou encore la journaliste de Frontières écrasée contre un mur par une députée socialiste unanimement exposée par la gauche comme une militante d’extrême droite, etc.. etc…

  4. Lorsqu’un projet d’installation d’éoliennes avait été prévu non loin du Col de La Bataille, dans le Vercors, il y a quelques années, il y a eu une levée de boucliers de la part des Autochtones. On le comprend !
    Mais ce qui était tout de même inquiétant, c’est que les revendications portaient presqu’exclusivement sur la destruction du Paysage et de l’impact sur la faune !
    C’est louable ! Le site est certes magnifique, hautement touristique, isolé, quasiment inhabité ; la faune aviaire y abonde.
    Mais les manifestants ne se rendaient pas compte, — parce que non informés par les médias –, qu’il allait falloir transporter l’électricité produite sur des dizaines kms de distance, à travers des montagnes tout aussi peu peuplées, — et donc peu impactées par la « civilisation » –, vers des lieux où, enfin, elle allait alimenter, par intermittence bien sûr, des zones habitées.
    Rien non plus sur la perte en ligne ; sur le coût d’entretien des éoliennes, et du réseau de transport « malmené » par l’intermittence ; sur le massacre de la forêt, afin d’ouvrir des pistes larges pour accéder aux éoliennes et au réseau ; sur la nécessité d’ouverture d’une centrale thermique (facilement pilotable) pour compenser,– pendant les 75% de la période sans vent –, l’intermittence.
    Ces dernièrs points ne sont évidemment pas spécifiques à ces éoliennes là, mais quand on veut militer — à juste titre — contre ces moulins à vent, il faut mettre en avant tous les impacts négatifs qui dénaturent le projet ! …………Encore faut-il être informés !!!
    Heureusement, le projet ne s’est pas fait ! …….. et je continue à randonner dans ce lieu Paradisiaque 👍👍
    Climatiquement vôtre. JEAN

    • @Jean Nivon
      Propagande pour la réutilisation des éoliennes en fin de vie:
      Il faut voir cette prétendue « maison » que certains promoteurs veulent fabriquer en série à partir de tronçons de mâts d’éoliennes réformées. Quel bonheur d’habiter dans ce long tunnel où les seules ouvertures sur la nature ambiante sont aux extrémités. Je suppose qu’ouvrir des fenêtres latérales est impossible, mais pourquoi?
      https://www.msn.com/fr-fr/infrastructure-urbaine/durabilit%C3%A9-environnementale/des-designers-allemands-transforment-une-%C3%A9olienne-d%C3%A9saffect%C3%A9e-en-petite-maison/vi-AA1tDcYd
      En dehors des mâts, les pales en composites de ces moulins ne peuvent être recyclées et les enthousiastes des éoliennes occultent discrètement la destruction de leurs emplantures en béton hautement ferraillé, entre 1000 et 2500 tonnes, qui selon certains calculs absorberait entre un quart et un tiers de l’énergie totale produite par ces éoliennes sur les 20 ans en moyenne de leur durée de vie. Glissons aussi vite sur tout le CO2 émis pour la fabrication du ciment nécessaire pour produire de telles quantités de béton…
      Et pourtant, si les écolos exigent le démantèlement intégral des centrales nucléaires en fin de vie, il faut leur rendre la pareille avec les éoliennes, en imposant la destruction de leurs fondations bétonnées. Je crains malheureusement que ce soit loin d’être le cas…

      • […….. absorberait entre un quart et un tiers de l’énergie totale produite par ces éoliennes sur les 20 ans en moyenne de leur durée de vie. ]
        Encore faut-il préciser qu’il s’agit d’énergie primaire, celle directement produite par l’éolienne ! Et non l’énergie utilisée par l’entreprise ou le particulier, en bout de ligne ! ( perte en ligne ; REMPLACEMENT de l’énergie nucléaire — qu’on est obligé d’arrêter en cas de vent, pour éviter la saturation du réseau — par l’éolien ! Ce qui entraine même le prix de revient de l’énergie nucléaire à la hausse du fait que la centrale ne fonctionne pas au maximum de ses capacités ).
        Quant aux écolos, s’ils peuvent détruire les centrales nucléaires avec, entre autre et si c’est possible, l’énergie éolienne, ils ne pourront plus utiliser le nucléaire pour fabriquer leurs moulins à vent 😂
        Je vous laisse le soin d’énumérer toutes les anneries que les écolos nous font endurer avec leurs moulins à vent ! Vous êtes plus calé que moi en la matière !
        …….. Mais il y a tant à dire !😁
        Climatiquement vôtre. JEAN

  5. Juste une petite coquille au paragraphe « facteur de charge » : lire #2000 MW.h
    Mais c’est devenu accepté dans le langage courant désormais…

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