par Rémy Prud’homme
Beaucoup pensent et disent que la meilleure façon de réduire notre dépendance au gaz (russe) importé est d’augmenter la production d’électricité renouvelable. Doublons notre production d’électricité éolienne ou photovoltaïque, et nous n’aurons plus besoin de l’électricité des centrales au gaz. Cette proposition a l’apparence du bon sens. Elle est malheureusement complètement fausse. Tous les spécialistes le savent, mais apparemment pas le Président de la République, et il n’est peut-être pas inutile d’essayer de revenir sur ce paradoxe.
La clé en est évidemment le caractère intermittent et aléatoire de l’électricité éolienne et photovoltaïque. Celle-ci n’est produite qu’un petit nombre d’heures par an (disons pour fixer les idées 1000 heures pour le solaire, 2000 heures pour l’éolien terrestre et 3000 heures pour l’éolien en mer). Il n’y a aucuneraison pour que ces heures-là soient celles où nous avons le plus besoin d’électricité. Cas limite, mais éclairant (si l’on ose dire) : pour les pics de demande, qui ont lieu un mardi de janvier à 7 heures du soir, la production d’électricité photovoltaïque sera toujours égale à zéro. On ne sait toujours pas stocker de l’électricité en grande quantité à des prix décents.
Il en résulte que 30 TWh par an d’électricité éolienne aléatoire n’est absolument pas la même chose, ne rend pas du tout les mêmes services, que 30 TWh par an d’électricité pilotable. En fait, pour se protéger de catastrophiques grandes pannes, les installations éoliennes et photovoltaïques doivent être accompagnées d’installations pilotables, comme des centrales au gaz,capables de prendre immédiatement le relai en cas de défaillance des renouvelables. Le gaz est en quelque sorte l’indispensable béquille des renouvelables intermittents.
Les chiffres confirment ce lien. En France, entre 2010 et 2020, la production d’électricité intermittente a beaucoup augmenté ; loin de diminuer, la production d’électricité au gaz a également augmenté ; la capacité des centrales au gaz plus encore : ce qui, soit dit entre parenthèses, signifie une baisse de l‘efficacité des centrales au gaz. Le cas de l’Allemagne, championne des renouvelables intermittents, et fière de l’être, raconte la même histoire. Durant la même période, la capacité descentrales au gaz y a augmenté de 30%.Si le recours aux éoliennes en mer était la façon idéale de se protéger de la dépendance au gaz russe – comme on veut bizarrement nous le faire croire -l’Allemagne ne serait pas dans la situation dramatique que chacun connaitaujourd’hui.
Ce lien entre intermittents et gaz naturel est d’ailleurs connu depuis longtemps. Du président de la Russie au président d’Engie, les marchands de gazont toujours été des soutiens actifs au développement des renouvelables intermittents. C’est ainsi qu’en avril 2022, Engie crée un « label » intitulé « Transition énergétique durable » (y-a-t-il donc des transitions énergétiques éphémères ?) pour faciliter l’implantation d’éoliennes et de fermes (sic) photovoltaïques. Les marchands de gaz ont compris que davantage d’intermittent, c’est davantage de ventes de gaz.
Les éoliennes en mer soulèvent un autre problème, de sécurité. Sans rien connaitre des réalités militaires, j’imagine que les éoliennes en mer (ou les câbles électriques qui les relient à la terre) constituent des cibles faciles pour des sous-marins. Parions qu’il y a à Moscou un groupe d’experts qui planche, ou qui a déjà planché, sur le sujet. Espérons qu’il y a aussi à Paris ou à Berlin ou à l’OTAN des groupes qui réfléchissent auxmeilleures façons de contrer ce scénario.
J’ai pu constater que finalement la plupart des gens ne comprennent rien à l’énergie.
Récemment, quelqu’un m’a affirmé qu’ il faudrait greffer des dynamos (!) aux roues des voitures électriques pour qu’elles se rechargent toutes seules en roulant…
Pas étonnant, dans ces conditions, que les écologistes puissent faire avaler n’importe quoi à l’opinion, et pire, peut-être aussi à nos dirigeants.
Bonjour,
Loin de moi l’envie de polémiquer.
Cette disposition existe déjà dans les véhicules électriques! Cette personne en a compris un peu de la conservation de l’énergie!..
Cela dit, je suis d’accord avec votre conclusion, le problème est que ce n’est plus un problème technique mais une religion….et là bonjour les dégâts!!
Très cordialement
serge
Bonjour à vous
Vous avez raison, mais ce que j’essaie d’expliquer, c’est que beaucoup de gens croient, sans le savoir, au mouvement perpétuel. Ce qui était le cas de cet interlocuteur. Et c’est bien tout le problème.
Il y a pire encore. Sur certains sites écologistes, on affirme que les pompes à chaleur créent plus d’énergie qu’elle n’en consomment.
Il est vrai que dans le cadre d’une religion, on est prêt à croire n’importe quoi.
Ce que je redoute, c’est que nos dirigeants soient tout aussi ignorants de ces questions, ce qui les conduit à prendre des décisions pour le moins harsardeuses. En plus avec des arrière pensées politiques…
Cordialement
@ohmdeboi
Je vous rejoins sur de nombreux points. Concernant les pompes à chaleur, il faut être précis dan ce que l’on énonce mais il est bien vrai qu’une PAC va fournir dans une maison chauffée et sur une saison, entre 3 et 5 fois plus d’énergie thermique que d’énergie électrique consommée. La différence est puisée dans le jardin et retournera dans le jardin par les déperditions de la maison. On ne crée pas d’énergie avec une PAC mais on déplace les calories là où on en a besoin.
Cordialement,
Exact. Il s’agit bien d’un transfert d’énergie.
Sauf que quand il fait vraiment froid, c’est à dire quand on a le plus besoin de calories, les PAC n’on plus grand chose à pomper…
Bonjour, vous dites, que le solaire c’est environ 1000h par an. Or si vous consultez la base RTE qui donne le mix énergétique de la France, le solaire produit environ de 9h à 17h en moyenne soit 8h par jour. Ce qui fait environ 2500h par an.