Rémy Prud’homme, professeur des universités (émérite)
Six ans déjà passés. En 2015, à Paris, la COP 21 venait de sauver la planète, les rejets de CO2 allaient diminuer, les températures cesser d’augmenter, et les tempêtes disparaître. La COP 26 va s’ouvrir à Glasgow, porteuse des mêmes certitudes. Le moment est venu de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, et de voir ce qui a changé, si quelque chose a changé. Les climatologues patentés vous diront que six ans n’est rien en matière de climat. Ils ont totalement raison. Mais comme d’autres climatologues patentés (parfois les mêmes) nous parlent chaque jour de l’ « urgence » climatique et de l’ « accélération » du réchauffement, l’exercice de comparaison entre 2015 et 2021 n’est peut-être pas inutile. Trois évolutions, qui sont solidement établies, apparaissent particulièrement intéressantes.
La première est que les rejets annuels de CO2 du globe ont augmenté après la COP 21. En dépit d’une baisse importante en 2020, ils passent de 32,2 Gt (milliards de tonnes) en 2015 à 33,8 Gt en 2021, soit une augmentation de 5%. Les rejets de CO2 augmentaient avant la COP 21, mais plutôt moins vite qu’après. La COP 21 nous avait promis une baisse ou au moins une décélération, on a eu une accélération. De ce point de vue, la COP 21 a échoué.
La deuxième est que la teneur de l’atmosphère en CO2, supposée être la principale cause du réchauffement de la planète, a augmenté au cours de la période considérée. Elle est passée de 400 ppm (parts par million) en 2015 à 417 ppm en 2021, une augmentation de plus de 4%. Cette augmentation a été constante, régulière et importante. L’augmentation de la teneur en CO2 entre 2015 et 2021 s’est faite au même rythme que durant les années précédentes. De ce point de vue aussi, la COP 21 a échoué.
La troisième évolution, la plus importante, est que la température du globe n’a pas augmenté du tout au cours de ces six années. Par température du globe, il faut entendre moyenne des températures enregistrées partout dans le globe, calculée à partir des mesures obtenues par satellites et par ballon-sonde. Quatre institutions publient des séries mensuelles de ces températures, reproduites ci-après[1]. Elles racontent toutes la même histoire : depuis la COP 21, la température du globe est restée à peu près stable, avec une légère tendance à la décroissance. De ce point de vue la COP 21 a réussi.
Cette constatation est rassurante, mais elle contredit doublement le discours politique et médiatique dominant. D’une part, de Greta Thunberg au Fonds Monétaire International en passant par le pape, on nous répète ad nauseam que la température du globe est en augmentation constante, rapide, catastrophique. Le fait est que depuis 2015 le réchauffement climatique s’est au contraire arrêté, et même transformé en un (léger) refroidissement climatique La réalité des observations contredit les affirmations des institutions.
D’autre part, les abondantes données disponibles montrent que depuis 2015 on a une augmentation de la teneur en CO2 sans aucune augmentation des températures. Cela s’accorde fort mal avec la théorie dominante qui affirme un lien causal entre teneur en CO2 de l’atmosphère et température du globe. La réalité des observations contredit l’explication causale de la théorie.
Bien entendu, les conclusions que suggèrent ces contradictions sont fragiles. Elles ne reposent que sur le petit nombre d’années qui séparent les COP de Paris et de Glasgow, ce qui est bien peu en matière climatique. Elles ne nous disent rigoureusement rien sur le climat de l’an 2100. Elles soulignent cependant un amusant paradoxe. D’un côté, on peut dire que la COP 21 a doublement échoué dans ses moyens, puisqu’elle n’a pas réussi à enrayer la hausse des émissions annuelles de CO2, ni celle de la teneur de l’atmosphère en CO2 – moyens présentés comme absolument indispensables pour réduire la hausse des températures. D’un autre côté, on peut dire que la COP 21 a réussi dans ses objectifs, puisque une limitation du réchauffement a été enregistrée. Ce paradoxe jette un doute (cartésien) sur les politiques climatiques des COPs : leurs moyens semblent inadaptés à leurs objectifs ; les théories qui les soutiennent sujettes à caution ; les prévisions climatiques qui les accompagnent peu crédibles ; et les coûteuses mesures qu’elles impliquent difficiles à justifier.
[1] Ce graphique, qui met en page des données officielles, est emprunté à un article publié sur le site de l’association des climato-réalistes le 14 octobre 2021.