Chaleur polaire
Les 11 et 12 mai 2019, des températures supérieures à 31°C ont été enregistrées dans le nord-ouest de la Russie près du cercle arctique, notamment à Elabouga (32.9°C le 11 mai ) et à Koynas 31,2°C le 12 mai), deux villes situées à environ 65°N de latitude.
Ces records de températures ont fait les gros titres de nombreux journaux : « 31,2 degrés au niveau du cercle polaire en mai, encore un record », titre Le Parisien se hasardant à ajouter « ces températures interviennent alors que le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’a jamais été aussi haut ».
Ci-dessous la carte des anomalies de température pour l’Europe le 12 mai :
Anomalies de température pour l’Europe le 12 mai. (l’anomalie de température indique la différence entre la température réelle et la moyenne à long terme 1979-2010). Source : WX charts.
On y voit une anomalie positive de température extrêmement élevée dans le nord-ouest de la Russie ; mais on voit aussi l’anomalie négative sur une grande partie de l’Europe.
Cette vague de chaleur résulte d’une situation météorologique banale : un pont anticyclonique particulièrement solide liant l’anticyclone polaire et l’anticyclone subtropical. La puissance et la persistance de ce blocage sont les deux facteurs expliquant le caractère remarquable de cette vague de chaleur. « La chaleur trouve donc son origine dans un contexte météorologique bien défini et n’est pas la conséquence directe du réchauffement climatique global », commente le prévisionniste Guillaume Séchet créateur du site meteo-paris.com.
Les régions situées au nord du cercle polaire arctique n’ont pas nécessairement un climat polaire.
Le cercle polaire arctique est une ligne fictive qui se trouve à 66° 33′ 47,445″ de latitude Nord et qui correspond à l’inclinaison maximale de la Terre sur son axe, qui vaut 23° 26′ 12,555″ .
La carte ci-dessous montre le tracé du cercle polaire arctique :
©Peter Hermes Furian /123rf – meteo-paris.com
En revanche, la définition des régions polaires est climatologique et non pas astronomique. Le climat polaire est caractérisé par des températures froides toute l’année, sans chaleur estivale et avec des hivers glaciaux. Les températures moyennes du mois le plus chaud ne sont jamais supérieures à 10 °C, ce qui correspond à la limite des arbres. Compte tenu des fortes discontinuités géographiques (continents, montagnes, océans et mers) dans l’hémisphère nord, cet isotherme de +10°C présente un tracé très irrégulier.
Sur la carte ci-dessous on voit par exemple que le climat polaire descend très au sud au niveau de la baie d’Hudson. La ville de Moosonee, située à environ 51°N (à la latitude de Dunkerque) est située dans une région polaire. A l’inverse, de larges zones situées au nord de la Norvège ont un climat continental ou océanique. A Honningsvåg, situé à plus de 70°N de latitude, la température moyenne de juillet est de +11.5°C supérieure aux +10°C définissant le climat polaire.
Source : meteo-paris.com
Les vagues de chaleur au nord du cercle polaire ne sont pas exceptionnelles
Malgré une croyance répandue, les vagues de chaleur dans les régions au Nord du cercle polaire, avec des températures maximales supérieures à +30°C, ne sont pas exceptionnelles. Les zones de climat continental situées au nord du cercle polaire ont des hivers très longs et très froids mais peuvent également connaître des étés doux et courts. On parlera plus précisément de climat subarctique. Les variations annuelles de température y sont très importantes et les variations à échelle météorologique peuvent être également remarquables. Des vagues de chaleur brèves mais marquées ne sont pas rares.
Ainsi, la station météorologique de Banak située en Norvège à 70°3’0″ N enregistre des températures approchant voire dépassant les +30°C, comme le montre le diagramme suivant :
Climatologie de l’aérodrome de Banak, Norvège – Source : meteo-paris.com/infoclimat.fr
Conclusion
De la même façon que les températures anormalement basses pour la saison mesurées en mai sur l’Europe occidentale ne représentent qu’un événement météorologique qui n’invalide pas en soi la théorie du réchauffement climatique global, la présence d’une vague de chaleur remarquable à proximité du cercle polaire n’est en aucune manière une preuve du réchauffement anthropique.