Coût des catastrophes naturelles : un mensonge de plus

Par Rémy Prud’homme

Le Figaro, qui cite l’AFP, qui cite les Assureurs de France explique que le coût des événements climatiques pour les assureurs est trois fois plus élevé en 2024 (5 milliards) qu’en 1984 (1,5 milliard). Ces trois institutions voient là une preuve irréfutable des méfaits croissants du « dérèglement climatique ». Vite, doublons la taxe carbone et les crédits du ministère de la transition écologique ! Il est pourtant facile de voir que la démonstration est quadruplement mensongère.

Primo, elle compare un coût en euros 1984 avec un coût en euros 2024, une absurdité que l’on ne pardonnerait pas à un étudiant de première année. Secundo, cette présentation ignore le fait qu’en 40 ans, la France s’est développée, qu’il y a davantage de maisons, d’entreprises, de routes, etc. à la merci des phénomènes climatiques, et qu’un ouragan donné détruit plus de biens en 2024 qu’en 1984. Tertio, elle fait l’hypothèse que le taux d’assurancialité (le pourcentage de propriétaires assurés) est resté constant ; on espère pour les assureurs qu’il a augmenté. Quarto, elle postule que les dommages naturels dépendent uniquement de la violence des phénomènes et pas du tout des mesures prises pour les contrôler.

Il est facile corriger les deux premiers mensonges. Il suffit de comparer le ratio coût des dommages / PIB (en euros courants) pour les deux dates. En 1984, il était de 0,20%. En 2024, de 0,17%. Rapporté au PIB, le coût pour les assureurs des phénomènes climatiques n’a pas augmenté de 230% (ce qui serait effrayant), il a au contraire diminué de 15% (ce qui est rassurant).

Si l’évolution du coût des dommages pour les assureurs est une mesure de l’évolution des changements climatiques – ce que l’on veut nous faire croire, et qui n’est pas évident – alors les chiffres publiés montrent que le changement climatique a un effet positif. Vite, célébrons le réchauffement, et augmentons nos rejets de CO2 !

L’opération de désinformation des Assureurs, de l’AFP et du Figaro soulève des problèmes qui vont bien au-delà de son sujet. Comment est-elle possible ? Elle ne peut guère s’expliquer par l’ignorance. Les Assureurs, chez qui les statisticiens et les économistes sont nombreux et excellents, savent bien qu’on ne compare pas des euros courants avec des euros constants. Chez eux la tromperie est délibérée.  Pour les journalistes (de l’AFP et du Figaro)qui ne sont pas toujours à l’aise avec les chiffres, et qui veulent – et doivent – faire vite et sensationnel, le doute est permis, et la tromperie n’est sans doute pas intentionnelle.

Pourquoi cette désinformation est-elle engagée ? Pour les Assureurs : parce qu’elle leur profite. Faire croire aux citoyens et aux politiques que le méchant climat augmente considérablement leurs coûts est un bon moyen de faciliter l’augmentation de leurs primes. Ils le font d’autant plus volontiers qu’ils savent que tous les médias vont reprendre la fable de leur triplement des coûts. Pour les journalistes, les pouvoirs publics, et les soit-disant fact-checkers : parce qu’elle s’accorde avec la doxa officielle et dominante, et avec leurs convictions vagues et profondes. Les dommages de Mayotte ou des inondations n’ont rien à voir avec les constructions illégales ou les permis de construire en zones inondables. Pas besoin de chercher si loin quand on a sous la main un bon coupable : c’est « la faute au climat ».

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9 réflexions au sujet de « Coût des catastrophes naturelles : un mensonge de plus »

  1. Le réchauffement climatique est un véritable couteau suisse. Il sert à justifier n’importe quelle mesure ou augmentation de prime ou de taxe.
    Cette théorie est tellement martelée qu’il est devenu impossible d’en discuter, même avec des amis.
    Nous sommes de plus en plus gros te de moins en moins intelligents, le climat n’y est pour rien!

  2. Les ré-assureurs (Hanover Re, Swiss Re, Scor) ont affirmé de manière constante que le coût des catastrophes naturelles augmente fortement.
    Non pas parce qu’elles sont plus fréquentes et plus dangereuses que dans le passé. Mais elles coûtent de plus en plus cher en raison de l’augmentation de la valeur des biens assurés, et, pour ce qui concerne les cyclones, de l’augmentation de la population vivant au bord de la mer. Il est évident que Katrina qui a – indirectement – par la submerson des digues du lac Pontchartrain, aurait fait bien peu de dégâts il y a 150 ans : peu d’habitants à La Nouvelle Orléans, des habitants vivant pauvrement, pas de lac Pontchartrain et donc pas d’inondation de la ville

    • C’est exactement ce que je m’apprêtais à commenter.
      En 40 ans les infrastructures et les équipements domestiques et publics ont énormément évolué en nombre et en sophistication. Beaucoup de domiciles n’étaient ainsi pas équipés en systèmes de surveillance anti-intrusions, anti-incendies, en portails automatiques, l’éléctroménager était beaucoup plus simple, moins nombreux, plus rudimentaire, idem pour les véhicules parqués dans le garage ou dans le jardin. L’Internet et l’informatique grand public n’en étaient qu’à leurs balbutiements.
      Quand un inondation détruit tout ce matériel dans une maison, les montants à indemniser en 2024 sont sans commune mesure avec ceux de 1984.
      Il faut aussi considérer l’augmentation incessante de la population dans certaines régions agréables à habiter comme la Floride, moins de 1 million d’habitants avant la guerre de 14 dont plusieurs tribus indiennes, passés en 2024 à 23 millions en un peu plus d’un siècle, donc potentiellement 23 fois plus de sinistres déclarés aux assureurs en cas de catastrophe météorologique !

  3. Bonjour tous.
    Je suis un ancien assureur, et j ai notamment géré quelques centaines de dossiers de sinistres lors des inondations de la Meuse dans les Ardennes en 1995.
    Ce qui se passe, c’est que le cout d’un dossier sinistre, à gravité égale en terme de dégâts, s’est lourdement aggravé au cours des dernières décennies :
    Sans doute d’un facteur de 2 à 3.
    Par exemple :
    Un dossier sinistre « inondation » ou « Tempête » ou « Incendie » d’un montant de 10 000 euros (équivalent francs) en 1995, couterait sans doute aujourd hui aux assureurs plus 20 000 euros.
    ==> Nouvelles garanties (valeur à neuf // relogement // Biens extérieurs// pertes d’exploitation pour les pros)…
    ==> Explosion des tarifs des prestataires réparateurs (artisans BTP, garagistes, entreprises de nettoyages)…
    ==> Surenchère croissante des assurés sur le montant des indemnités.
    ==> Jurisprudence des tribunaux qui accordent des montants de plus en plus élevés au sinistrés.
    Je pense que ces facteurs expliquent en terme de cout, l’augmentation du poids des indemnisations, augmentation qui n a rien à voir avec la fréquence ou l intensité accrues des évènements climatiques.
    Bien amicalement
    François

    • L’explosion de tarifs des prestataires est en grande partie due à l’avalanche des nouvelles normes qui leur sont imposées par l’Etat et par l’Europe. Et bien souvent ce sont des normes destinées à lutter contre le changement climatique, un comble !
      Le serpent qui se mord la queue…

  4. Il serait bon que le commentaire de Rémy Prud’homme soit envoyé au Figaro qui est ,sur le plan éditorial, complètement inféodé à la Doxa climatique.
    Je veux bien admettre le faible niveau moyen des journalistes mais fonder une information en ignorant l’actualisation des coûts sur une période de trente ans relève de la fake news …voire de la faute professionnelle.
    Il ne faut qu’ils croient que tout, absolument tout est permis.
    Il faut a minima qu’ils mesurent que tout le monde n’est pas dupe.

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