Par Samuel Furfari (*)
Article publié le 25 Novembre par Valeurs Actuelles
Obsédée par la réduction des émissions de CO2, l’Union européenne n’a pu que constater qu’elle n’était pas suivie dans sa croisade. Son isolement, désormais acté, risque de nous coûter cher.
Sans surprise, la COP27 est une déception pour les militants du climat, mais une réussite pour l’Égypte et d’autres pays africains et quelques autres qui ont fait pression pour défendre leurs intérêts. L’Union européenne, leader des Cop, a été, comme l’année dernière à Glasgow, désavouée par la majorité des pays. Il n’y a toujours pas d’ « augmentation des ambitions » pour réduire les émissions mondiales de CO2. La COP27 a finalement admis que tenter de les atténuer est une chimère. Depuis la Cop1, les émissions ont augmenté de 59 % et, sans la crise du Covid, elles auraient augmenté de 65 %. L’Union européenne peut encore penser qu’elle est le leader mondial, elle ne l’était déjà plus, et la rencontre de Charm el- Cheikh l’a confirmé.
Les négociateurs de l’Union n’ont pas apprécié, paraît-il, la façon dont les tractations ont été menées par la présidence égyptienne. Mais comment le pays hôte pourrait-il s’opposer à l’utilisation des combustibles fossiles alors que, grâce à de nouveaux gisements de gaz naturel dans la mer du Levant, il est non seulement en train de devenir autosuffisant mais il va devenir un exportateur de gaz ?
Ce ne sera guère mieux l’année prochaine, puisque la Cop28 se tiendra aux Émirats arabes unis, un pays qui doit sa prospérité au pétrole et au gaz au point d’avoir choisi de faire figurer sur son drapeau la couleur noire, pour l’« or noir ». L’année prochaine, l’Union européenne sera de nouveau désavouée.
On voudrait nous faire croire que cette COP a posé les bases de la justice climatique, car on a annoncé la création d’un fonds d’aide aux pays les plus pauvres pour compenser les « pertes et dommages » causés par le développement de la prospérité et de la qualité de vie dans les pays de l’OCDE. Seule l’idée a été adoptée, tout le reste est à définir. Mais déjà la France a proposé d’organiser une réunion à Paris pour convaincre les potentiels donateurs, sans doute aussi pour tenter de contrer la forte influence russe et chinoise en Afrique.
Emmanuel Macron avait déjà convoqué le One Planet Summit à Paris en décembre 2017 pour tenter de délier les bourses des donateurs. C’est lors de la Cop de Cancún, en 2010, que les 100 milliards de dollars par an d’un fonds vert avaient été promis pour que les pays en croissance puissent acheter des éoliennes dans les pays riches. En vain puisque, entre 2011 et 2021, les éoliennes et les panneaux solaires n’ont répondu qu’à 20 % de la croissance de la demande énergétique, si bien que l’écart entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables se creuse. Mais on ne change pas une équipe qui perd! En réalité, la COP27 aura surtout servi à montrer à l’Union européenne que les pays africains ont l’intention de se développer et que cela ne se fera qu’en augmentant les émissions de CO2. Heureusement, comme le montrent des travaux de plus en plus nombreux, il n’y a pas d’urgence climatique.
En revanche, il est urgent que l’Union se ressaisisse en matière de politique énergétique, qui n’est devenue qu’une branche de la politique climatique, elle-même conduite par les partisans de la décroissance. Nous en payons durement les conséquences, et ce n’est que le début.
* Samuel Furfari est professeur en géopolitique de l’énergie. Dernier ouvrage paru : Énergie, tout va changer demain? Analyser le passé, comprendre l’avenir.
Bonjour,
Je vous recommande le long entretien avec Lionel Zinsou, un économiste franco-béninois.
Je vous mets le lien vers l’endroit où il dit sans l’ombre d’un doute que les africains n’appliqueront pas les recommandations des COP.
Tout l’entretien est par ailleurs fort intéressant.
https://youtu.be/6aWXwEUrd6o?t=7417
Bonjour, JM Jancovici était invité sur France Inter le 24 novembre dernier pour faire le bilan de la COP. L’interview ne commence pas trop mal, mais rapidement l’idéologie reprend le dessus. La volonté de réduire les libertés de chacun est exprimée sans retenue, que ce soit la température des logements, ou la vitesse sur autoroute. Également un passage sur les actions radicales menées par les militants climatiques, blocage des routes, dégradation d’œuvres d’art, ou caillassage des forces de l’ordre lors des manifestations contre les bassines, Jancovici ne les désapprouve pas, voire les considère positivement. Je recommande le passage à la 21ème minute, concernant les transports aériens. Notre ami souhaite la mise en place d’une règle d’inspiration communiste (c’est son terme) chaque habitant de la planète terre ne pourrait, au cours de sa vie, prendre l’avion plus de quatre fois (fréquence à affiner notre ingénieur n’a pas terminé ses calculs). Quelques intervenants dont un qui lit actuellement le livre de G Thunberg sont intervenus, ce qui complète agréablement le tableau. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter.
https://www.youtube.com/watch?v=FMGb4Wb0gO0
Pour votre information, Radio France vient de publier une “charte” dont l’article 1 est le suivant:
Article 1: Nous nous tenons résolument du côté de la science, en sortant du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine.
Elle est un fait scientifique établi, pas une opinion comme une autre ».
Le service public de la radio ( dont la compétence en matière scientifique est bien connue) abandonne sans aucune retenue son obligation de pluralisme pour une position militante explicite….sans que cela choque qui que ce soit.
Donc M. Jancovici peut tout s’autoriser……..au risque toutefois de se décrédibiliser ….à trop tirer sur la corde……
Il était par ailleurs piquant de voir la tête de Léa Salamé quand notre rock star énergétique s’en est pris à l’avion et à ceux qui le prennent, y compris pour aller voir leur famille (notre très médiatique ingénieur nous a sentencieusement et très sérieusement indiqué que ces personnes verraient tout simplement moins. leur famille …) ……quatre fois dans leur vie ?
A propos des ingénieurs, je n’avais pas compris que leur nouveau rôle était de nous expliquer comment organiser le retour à la diligence et à la charrette.
On erre entre irresponsabilité, suffisance et infantilisme…..sans doute la marque des pouvoirs actuels en France et en Europe .
J’avoue que l’évolution de la pensée de Mr Jancovici me trouble!
Ses présentations du début des années 2000 m’avaient sembler très pertinentes et en particulier ses analyses mettant en avant les liens entre ‘disponibilité de l’énergie’ et PIB.
Certes, j’avais pu remarquer dans certains de ces articles qu’il croyait qu’une serre de jardin fonctionnait parce que la paroi de la serre ne laissait pas passer le rayonnement infrarouge; mais ce n’était qu’une méconnaissance encore excusable dans la mesure où cette croyance est encore très répandue et que peu de gens ont entendu parler des expériences de Robert Wood au début des années 1900.
Depuis quelques années, les prises de positions de Jancovici deviennent de plus en plus idéologiques voire inquiétantes et en tout cas de plus en plus éloignées des positions auxquelles on pourraient s’attendre venant d’un brillant ingénieur.
Est-ce que cette évolution, que je juge regrettable, est due à une véritable conviction ou à un simple analyse lucide indiquant que suivre le courant de pensée majoritaire actuel est plus favorable et moins risqué pour la suite de sa carrière et de son entreprise que de ruer dans les brancards?
J’aimerais bien que l’opinion de cet article se répande dans tout l’Occident, en Europe et en France, notamment. Mais j’ai le sentiment que l’Europe persiste et signe dans cette stratégie mortifère. Et puis il y a l’ONU et son émanation, le GIEC. Je ne vois pas de changements dans tout ça. Pourtant, je les espère avec impatience.