Par MD
On sait que les Iles Fidji ont été désignées pour présider la conférence de l’UNFCCC dite « COP-23 », qui se tiendra en réalité, à l’invitation de l’Allemagne, à Bonn du 6 au 17 novembre 2017.
Cet archipel du Pacifique est situé vers -17° de latitude sud et 178° de longitude est [1]. Il comporte deux îles principales et 320 îles ou îlots dont la plupart sont inhabités. La population actuelle est de 870 000 habitants.
Les îles Fidji sont considérées comme particulièrement menacées par le « changement climatique », ce qui leur vaudra sans aucun douteun accueil enthousiaste. Pour avoir une idée des désagréments déjà subis par cet archipel et des risques qui le menacent, les données historiques ne sont pas sans intérêt. A titre d’illustration, voici quelques graphiques chronologiques[2]. La présente note n’a aucune prétention scientifique.
Démographie des îles Fidji
Le pourcentage de population urbaine est passé de 30% en 1960 à 54% en 2015.
Economie et utilisation des sols
Les surfaces urbaines couvrent 1 750 km2, dont 120 km2sont situées à moins de 5 m au-dessus du niveau de la mer (source B.M.).
L’agriculture
Climat des îles Fidji
Températures
La température moyenne annuelle est de 25°C, avec des variations interannuelles importantes. Elle varie au cours de l’année de 23°C (juin à août) à 26°C (décembre à mai), Il semble que la tendance des trente dernières années soit à une certaine stabilisation de la température moyenne annuelle.
Précipitations
Il tombe en moyenne 1 700 mm d’eau par an, avec des écarts interannuels considérables (800 à 3 000 mm selon les années). La saison des pluies va de décembre à mars. Les mois les plus secs sont juin à août.
On ne discerne depuis soixante-dix ans aucune tendance à l’accroissement ni à la diminution des précipitations (il en va de même pour les mois de fortes ou de faibles précipitations).
Cyclones
Que ce soit au niveau global pour l’ensemble du Pacifique ou au niveau plus précis du Pacifique sud, aucune tendance n’est discernable quant aux nombres d’événements cycloniques annuels.Météo-Fidji prévoit une saison 2017-2018 inférieure à la moyenne [3]. Les intensités exprimées en ACE [4] manifestent la même stabilité sur longue période.
Niveau de la mer aux Fidjis
Le niveau marin présente une augmentation tendancielle (environ +15 cm en quarante ans) mais très irrégulière.La stagnation observée depuis les années 2010 pourrait résulter d’un phénomène tectonique local ayant affecté les références terrestres[5] . Toutefois, d’autres marégraphes de cette zone du Pacifique tropical situés dans un rayon d’environ mille kilomètres autour de Fidji manifestent une tendance récente analogue.
(à noter que l’amplitude journalière des marées est en général inférieure au mètre, comme pour d’autres îles du Pacifique).
Comparaison marégraphe et repère GPS à Lautoka.
Les mesures satellitaires de la NASA à Lautoka ne commencent qu’en 2002. La superposition des deux graphiques (les deux graduations sont en mm) semble montrer que l’altimétrie terrestre n’exerce pratiquementpas d’influence sur le niveau marin, ce que suggéraient déjà les analogies avec les autres relevés marégraphiques de la zone [6].
Séismicité et cadre structural des Iles Fidji.
D’après les documents scientifiques (respectivement : CEA et ENS Lyon, pour l’Atlas du Vanuatu), les Iles Fidji semblent se situer sur une sorte de plateforme relativement peu exposée aux séismes importants par comparaison avec les archipels circonvoisins.
Il est vrai que le repère GPS se trouve sur une éminence à environ 1 km du marégraphe, qui lui est situé sur la jetée du port :
Références
https://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators
https://data.giss.nasa.gov/gistemp/station_data/
http://climexp.knmi.nl/selectstation.cgi?id=someone@somewhere
http://www.psmsl.org/data/obtaining/map.html
https://www.wunderground.com/hurricane/hurrarchive.asp?region=ep
http://www.cyclonextreme.com/cyclonecaledoniehistorique.htm
https://en.wikipedia.org/wiki/Accumulated_cyclone_energy
http://www.met.gov.fj/aifs_prods/TCOutlook_1718.pdf
https://sideshow.jpl.nasa.gov/post/series.html
http://www-dase.cea.fr/actu/dossiers_scientifiques/2013-02-06/index.html
http://acces.ens-lyon.fr/santo/pedagogie/syntheses/cadre-structural/index_html
https://www.google.fr/maps/@-3.2618391,-153.0533067,3z
http://sealevel.colorado.edu/content/regional-sea-level-time-series
Données marégraphiques dans le Pacifique
En complément aux graphiques précédents, on trouvera ci-après les courbes de seize relevés marégraphiques répartis dans les régions tropicales de l’océan Pacifique[6].Les sources sont les mêmes que précédemment : il s’agit de données mensuelles, empruntées au PSMSL pour l’essentiel, et complétées en tant que de besoin (notamment pour l’année 2017 jusqu’en octobre ou novembre selon les cas) par les données de l’université d’Hawaï.Rappelons que les niveaux RLR sont exprimés en mm.
L’origine temporelle des graphiques est janvier 1993, date à laquelle commencent la plupart des séries du PSMSL. On dispose ainsi de près de 25 ans de relevés. Cette date est aussi celle du début des relevés par satellites de l’université de Boulder dans le Colorado(dont les séries régionales s’interrompent mi-2016 et sont en cours de révision).
Les stations sont repérées sur la carte ci-dessous :
Pour plus de lisibilité, les graphiques ne comportent chacun que deux à quatre stations, réparties grossièrement par secteurs géographiques. Les nombres qui suivent les noms des stations sont les numéros PSMSL. Les années indiquées en abscisses correspondent aux mois de janvier. On voit que les fluctuations saisonnières peuvent dépasser 200 mm.
Il ne s’agit ici que de donner desimples images, et non d’en faire l’analyse, ce qui serait un autre sujet.Chacun pourra ainsi se faire une idée synoptique de l’évolution des niveaux marins au cours de cette période.
L’impression générale qui se dégage de ces graphiques est celle d’une augmentation tendancielle du niveau de l’océan Pacifique sur la période. On note cependant une sorte de stabilisation depuis une dizaine d’années(sauf à Hawaï où les niveaux marins, après une baisse temporaire, retrouvent les valeurs de 2004-2005). Ceci confirme l’observation faite précédemment à Fidji et archipels circonvoisins. Cette stabilisation apparente ne présage pas nécessairement d’une tendance durable, mais montre au moins qu’il n’y a pas eu d’« accélération » récente.
[1]A peu près aux antipodes de Tombouctou, pour fixer les idées.
[2] Selon les sources, les séries n’ont pas toutes la même origine, et certaines d’entre elles comportent quelques lacunes.
[3]« The Tropical Cyclone (TC) activity in the 2017-18 TC season within the Regional Specialized Meteorological Center Nadi – Tropical Cyclone Centre (RSMC Nadi-TCC) Area of Responsibility (AoR) (Equator to 25˚ South between 160˚ East and 120˚ West) is anticipated to be below average with moderate confidence. The official 2017-18 TC Season begins on 1st November 2017 and ends on 30 April 2018 ».
[4] L’ « accumulated cyclone energy » a été définie par le NOAA (National oceanique & atmospheric administration). En simplifiant, il s’agit du carré de la vitesse du vent (en nœuds) sur 6 heures, cumulé sur la durée du cyclone puis sur l’année.
[5] Les îles Fidji sont pratiquement sur la « ceinture de feu » du Pacifique.
[6] Les relevés des Iles Samoa n’ont pas été retenus : ils font en effet apparaître une rupture de série en 2009-2010, que le PSMSL signale sans en fournir d’explication nette (tsunami en 2009 ?)