La conférence « Natural Variability and Tolerance » s’est tenue à Oslo vendredi 18 et samedi 19 octobre à l’occasion des dix ans du mouvement européen KlimaRealistene.
Onze présentations ont été faites, voici les quatre premières.
La première a été celle de Niklas, alias Niels-Axel Mörner qui lie la circulation océanique à la LOD (length Of Day, durée du jour, c’est-à-dire le temps que met la Terre pour faire un tour sur elle-même) — ce que fait d’ailleurs aussi Vincent Courtillot en partant lui de la magnétosphère. Selon Mörner, les variations de la LOD conduisent à des variations dans la circulation atlantique, et influent sur les températures aussi bien que sur le niveau marin dans les régions concernées.
Ronan Connoll a présenté des considérations intéressantes sur l’histoire de l’extension de la banquise. Comment reconstituer l’évolution de celle-ci avant les observations satellitaires, qui ne remontent qu’à 1978 ? La question est d’importance, car il semble que cette date ait marqué la fin d’une période d’accroissement de l’extension de la glace de mer, qui elle même pourrait avoir suivi une période de réduction. Quantifier l’ampleur de ces évolutions passées permet de replacer la tendance baissière observée au début de notre siècle dans un contexte plus général (même si cette baisse semble être stoppée, ou du moins s’être considérablement ralentie ces dernières années). Ronan Connolly a donc, avec ses co-auteurs, mené un travail de reconstitution à partir des données pré-satellitaires disponibles (notamment celles de Walsh). Il a levé un certain nombre de lièvres dans ces dernières, notamment sur l’hypothèse parfois faite d’un englacement total de certaines régions au nord de l’Union soviétique. À l’époque de la collecte des données Walsh (américaines), la difficulté des communications scientifiques entre l’Est et l’Ouest avait rendu impossible l’accès direct aux données observationnelles de vastes parties de l’Arctique. À présent que cet obstacle n’est plus, Connelly a pu constater que supposer un englacement total dans les régions arctiques au bord de la Sibérie ne correspondait pas toujours à ce qui avait été observé à l’époque par les Soviétiques. Il a donc mené une réanalyse des reconstitutions précédentes sur la base de ces données complémentaires. Sa conclusion : l’Arctique semble alterner entre périodes multi-décennales de réchauffement et de refroidissement, et la période actuelle ne montre rien de bien remarquable dans ce schéma général.
Dans cette même veine de l’exhumation d’observations anciennes, Ole Humlum s’est focalisé sur le Groenland, en utilisant notamment comme fil rouge les résultats du GISP2, qui a produit une reconstitution de la température depuis près d’un millénaire et demi au Groenland. Les températures y ont monté d’environ 2°C entre l’an 800° et l’an 1000, époque qui vit les premières installations humaines se mettre en place. La chute de température de même ampleur les décennies suivantes a conduit à de considérables difficultés pour les habitants, avec lesquels les relations avec le continent furent finalement coupées. Ole Humlum a attiré l’attention sur les deux problèmes qu’ont pu rencontrer les colons à partir du XIe siècle, lorsque les températures ont commencé à baisser : non seulement il dût être difficile de s’adapter au froid dans un endroit qui, malgré tout, demeurait quand même plutôt frais, mais un autre problème fut peut-être de croire que le froid ne devait pas revenir, ce qui put conduire à une certaine impréparation.
L’évolution de la population islandaise au cours du IIe millénaire montre aussi les difficultés causées par le froid après l’Optimum médiéval : 77 500 habitants en 1095, 72 000 en 1311, puis seulement 50 000 en 17803 et à peine 38 000 en 1780. Ole a également montré l’évolution de la Mer de Glace, qui indique de façon très nette que le recul observé aujourd’hui n’a rien de nouveau, déjà bien entamé qu’il était au XIXe siècle, à une époque où les 4×4 étaient encore plutôt rares.
Un dernier exposé de la première session a été celui de Franck Lansner, qui a étudié les tendances de températures des stations météo d’une manière originale. Il propose de distinguer entre deux types de stations : celle qui sont influencées par les vents océaniques (venant de l’ouest) et celles qui ne le sont pas.
Tout le monde s’accorde à dire que les températures que l’on mesure en bord de mer sont en général moins extrêmes que celles que l’on mesure à l’intérieur des terres, l’océan exerçant un effet tampon. On peut donc s’attendre à deux types de tendances, également valables, mais témoignant chacun d’évolutions différentes. Pour distinguer entre les deux, il ne suffit pas de définir une distance plus ou moins conventionnelle du littoral : ce qui compte, c’est la possibilité qu’ont les vents océaniques d’influencer les mesures. C’est donc plutôt le niveau de protection au vent qui compte, celui-ci dépendant pour une bonne part du relief qui sépare une station de l’océan.
Cette séparation des stations en deux types a son importance lorsqu’il s’agit d’homogénéiser. Selon Franck Lansner, les stations qu’il appelle OAS (celle des vallées, préservées des vents océaniques) doivent être homogénéisées entre elles, tout comme les stations OAA (influencées par l’océan). Les effets en sont manifestes sur le résultat du traitement des données, rendant notamment bien plus marqué le réchauffement jusque dans les années 40 et le refroidissement qui a suivi jusque dans les années 70. En exploitant les stations OAS de 16 régions du globe, Lansner confirme que la Terre s’est réchauffée à l’échelle mondiale au milieu du XXe siècle, et que celui-ci ne montre pas de différence notable avec le réchauffement plus récent.