Par Rémy Prud’homme, professeur des universités (émérite)
L’expédition au Mont Blanc du président, accompagné d’une cour de scientifiques et d’une meute de journalistes, avait pour objectif de vendre les trois thèses de la doxa réchauffiste. La première est que la terre se réchauffe. La seconde est que ce réchauffement est causé par les rejets de gaz carbonique des hommes. La troisième est que nous devons à n’importe quel prix arrêter de rejeter du carbone afin d’éviter la fin du monde. Les glaciers reculent, ergo il faut multiplier les éoliennes, tel est le message de cette séance de com.
Le cas du Mont Blanc illustre et accrédite en effet la première de ces thèses. Le volume et la longueur de son glacier se réduisent au fil des années, et la cause ne peut guère en être que l’augmentation de la température dans les Alpes.
Mais a contrario le cas du Mont Blanc, et des autres glaciers alpins, affaiblit et discrédite la thèse de la cause anthropique de ce réchauffement. Il jette trois pierres dans le jardin de cette thèse.
Tout d’abord, les glaciers alpins, et en particulier celui du Mont Blanc, diminuent depuis le début du 19ème siècle. Ils ont commencé à se réduire avant la révolution industrielle et ses rejets massifs de CO2 en France et a fortiori dans le monde. L’effet a précédé la cause, ce qui habituellement ne plait guère aux scientifiques.
Ensuite, la fonte des glaciers alpins fait partout apparaître des traces, des objets, parfois même des constructions, qui témoignent d’une très ancienne occupation humaine des lieux. Sous la glace, la vie. « Des objets », cela ne veut pas dire une demi douzaine de pierres taillées ou de fers forgés, mais bien des centaines. Cela va de la momie d’Otzi, un chasseur du néolithique, à des brodequins du 14ème siècle, en passant par des armes romaines. Leur collecte et leur étude a donné naissance à une véritable discipline, l’archéologie glaciaire. Ces scientifiques se réjouissent du réchauffement qui leur apporte ces trésors ; et s’en inquiètent, car sortis de la glace qui les conservait, tous ces objets sont menacés de destruction. Mais tout cela signifie qu’à ces périodes lointaines, où les niveaux de CO2 étaient bien plus bas qu’aujourd’hui, la température était bien plus élevée qu’aujourd’hui, ce qui porte un coup à la théorie de la relation causale CO2 -> température.
Troisièmement, la hausse de la température est beaucoup plus rapide dans ces zones alpines que dans l’ensemble du globe. A l’occasion de la visite de M. Macron au Mont Blanc, on a dit et redit que la température à Chamonix a augmenté de 4 degrés en quelques décennies. Le GIEC, peu suspect de minimiser le réchauffement mondial, a fait la synthèse d’une dizaine d’estimations de son évolution sur la période 1880-2015, et conclut que la moyenne des températures de la planète a augmenté d’un peu moins de 1 degré sur cette période. S’il y a des zones à +4°, cela suggère qu’il y a aussi des zones à 0°. La doxa dominante voit dans les variations du niveau de CO2 la cause des variations de température. Or il se trouve que le niveau de CO2 est le même sur toute la planète, et qu’il évolue partout de la même façon. L’évolution des températures devrait donc être la même partout (à de modestes différences près entres pôles et équateur). Les glaciers alpins nous révèlent qu’il n’en est rien. Ce contraste entre l’unicité de la cause et la diversité des effets jette le doute sur solidité de la doxa.
Ces cailloux glaciaires jetés dans le jardin de la science officielle ne constituent pas une réfutation en règle. Mais ils incitent à la prudence. Prétendre que le recul du glacier du Mont Blanc « prouve » le caractère anthropique du réchauffement, c’est des menteries, pas de la science.