La tempête Amélie, la première de l’automne 2019 en France, a déferlé sur le pays, dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 novembre avec des vents de 146 km/h à Belle-Ile (Morbihan), battant selon Etienne Kapikian prévisionniste à Météo France, le précédent record de 137 km/h du 19 novembre 1996, mais pas le record absolu détenu par la tempête du 15 octobre 1987 (162 km/h). Le passage de la tempête Amélie est survenu peu après les précipitations “records” du lundi 15 octobre 2019 sur l’Aude, notamment à Trèbes, la ville la plus touchée avec 295 millimètres entre minuit et six heures. Ces épisodes sont-ils exceptionnels, et sont-ils en augmentation sous l’effet du réchauffement climatique ? Les données fournies par Météo-France permettent de vérifier qu’il n’en est rien.
On n’observe pas de tendance à l’augmentation du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-est de la France
Chaque automne, la Provence, l’Ardèche et le Languedoc connaissent de violents épisodes orageux appelés « épisodes cévenols ». Après l’été, des remontées d’air chaud humides et instables en provenance de la mer entrent en contact avec les reliefs montagneux. Ces nuages, chargés, se refroidissent alors très rapidement et déversent une pluie intense, violente et localisée.
On lit sur le site de Météo France :
En l’état actuel de l’analyse des observations, on ne note pas de tendance marquée à l’augmentation du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-est de la France (Figure 1) depuis qu’on peut les recenser de manière précise (à partir de 1958).
Une autre page du site de Météo-France relève une intensification des fortes précipitations dans les régions méditerranéennes entre 1961 et 2015 : +22 % sur les maxima annuels de cumuls quotidiens. Mais ajoute Météo-France, il y a une grande incertitude sur l’ampleur de cette intensification du fait de la très forte variabilité interannuelle.
La figure 2 ci-dessous illustre cette variabilité :
Aucune augmentation du nombre et de l’intensité des tempêtes en France
En France, les mesures fiables de vent forts ne sont disponibles que depuis le début des années 1980.
Un nombre de tempêtes en légère baisse entre 1980 et 2018
La figure 3 ci-dessus présente l’évolution du nombre annuel de tempêtes entre 1980 et 2018 . Le nombre d’évènements varie fortement d’une année à l’autre mais aussi sur un pas de temps multi-annuel.
Le graphique ci-dessus fait apparaître :
- une légère tendance à la baisse sur l’ensemble de la période ;
- une forte activité dans les années 1980, notamment de 1986 à 1990 ;
- une faible activité dans les années 2000, notamment de 2000 à 2005 ;
- une reprise de l’activité ces dernières années.
Réduction de l’intensité des tempêtes depuis les années 2000
Le graphique de la figure 4 présente les 40 tempêtes majeures observées en France depuis 1980 en termes de sévérité (indice SSIs). Comme précédemment, on constate que le nombre d’évènements majeurs a été légèrement plus important dans les décennies 1980-1989 et 1990-1999 que depuis les années 2000. Des diagnostics similaires sont obtenus par reconstitution de mesure de vent à partir des valeurs de pression au niveau de la mer disponibles sur des périodes plus longues en France (années 1950).
Même diagnostic si l’on présente les 40 tempêtes survenues en France depuis 1980 en fonction de la surface du territoire touchée
Dans une récente interview à Francetvinfo Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo-France résumait ainsi la situation française :
Il n’y a pas d’augmentation de tempêtes ou d’inondations sur la France sur les 50 ou 100 dernières années. Dans notre pays, il y a toujours eu des événements climatiques extrêmes comme les pluies cévenoles de la semaine dernière. On a des traces de pluies diluviennes de ce type qui remontent au 12e siècle.