Arctique : un été plutôt frais, Antarctique : le 2ème hiver le plus froid depuis le début des mesures

Source NSIDC (National Snow & Ice Data Center)

Banquise arctique la plus étendue depuis 2014

L’étendue minimale de la banquise arctique (niveau atteint le 16 septembre 2021) était de 4,92 millions km², soit la plus élevée depuis 2014 et la douzième valeur la plus basse de l’ère satellitaire (43 années). C’est 1,35 million de km² au-dessus du record de baisse établi en septembre 2012 et 1,49 million km² en dessous de la moyenne de la période 1981-2010.

Extension de la banquise arctique au 5 octobre 2021 (en km²)

Après le minimum du 16 septembre, l’étendue de la glace a recommencé à progresser principalement dans la région de la mer de Beaufort, la grande zone d’eau libre qui existait à la mi-septembre se remplissant de glace (figure 2). La lisière des glaces s’est également étendue dans la mer de Sibérie orientale. La mer du Groenland oriental est restée en grande partie libre de glace pendant une grande partie de l’été, mais la banquise s’étend maintenant vers le sud.
De même, la banquise a recommencé à augmenter assez rapidement à mesure que les zones d’eau libre dans les mers de Beaufort et de Chukchi ont commencé à se remplir. Les températures océaniques sont restées basses dans cette région en raison du retrait tardif des glaces qui a limité la quantité d’insolation solaire absorbée par l’océan. L’océan plus frais a permis un gel rapide alors que les températures de l’air sont tombées en dessous de zéro. Dans l’ensemble, la superficie de la banquise a augmenté de 430 000 km² entre le 16 septembre et la fin du mois, soit à peu près la même augmentation que la moyenne de 1981 à 2010.

Figure 2 : Minimum annuel établi le 16 septembre 2021 comparé à la situation au 3 octobre 2021. L’ombrage bleu clair indique la région où la glace s’est produite aux deux dates, tandis que les zones blanches et bleu moyen montrent une couverture de glace unique au 16 septembre 2021 et en octobre.

Températures de l’air arctique

En septembre, les températures de l’air à 925 mb (environ 2 500 pieds au-dessus de la surface) étaient plus élevées que la moyenne sur la majeure partie de l’océan Arctique (figure 3). Les températures étaient jusqu’à 4 degrés Celsius au-dessus de la moyenne dans l’est de la mer du Groenland, reflétant probablement le manque inhabituel de glace dans la région, permettant à la chaleur océanique de réchauffer la basse atmosphère. La seule région de froid notable se situait dans la mer de Sibérie orientale. Cependant, les températures enregistrées au cours des deux dernières semaines de septembre étaient de 3 à 4 °C inférieures à la moyenne.

Figure 3 : Ecart par rapport à la température moyenne de l’air dans l’Arctique au niveau de 925 hPa, en degrés Celsius, pour septembre 2021. Les zones jaunes et les rouges indiquent des températures supérieures à la moyenne. Les zones bleue et les violette indiquent des températures inférieures à la moyenne.

Une tendance à la baisse de 12,7% par décennie

La tendance linéaire à la baisse de l’étendue de la banquise en septembre est de 81 200 km² par an, soit 12,7 % par décennie par rapport à la moyenne de la période 1981-2010 (figure 4). Dans l’ensemble, depuis 1979, septembre a perdu 3,49 millions km² de glace ce qui équivaut à environ deux fois la taille de l’Alaska.

Figure 4 : Evolution de l’étendue des glaces en septembre pour la période 1979-202 ( baisse de 12,7 pour cent par décennie).

[NDT : si l’on considère la période 2008-2021 (Fig 5), la tendance baissière apparaît nettement moins accusée]

Figure 5 : Evolution de l’étendue des glaces en septembre pour la période 2008–2021 en milliers de Km2 (Source : NSIDC)

Maximum inhabituel de la banquise antarctique

La surface de la banquise antarctique a été au cours des derniers mois supérieure à la moyenne, culminant fin août à un niveau qui est le cinquième le plus élevé de l’ère satellitaires (Figure 5). Cependant, depuis le pic du 1er septembre, l’étendue de banquise a fortement diminué. Début octobre, l’étendue de la banquise antarctique était inférieure de près de 600 000 km² à celle du début du mois. Le maximum observé le 1er septembre était de 18,75 millions km². Les diminutions de la la surface de banquise depuis le 1er septembre ont été les plus importantes dans les secteurs de la mer de Ross, de la mer de Bellingshausen et de la mer de Weddell (figure 4b).

Figure 6 : Etendue de la banquise Antarctique au 3 octobre 2021 et des trois années précédentes. L’année 2021 est représentée en bleu, 2016 en vert, 2014 en noir et 2017 en pointillés rouges. La médiane de 1981 à 2010 est en gris foncé. Les zones grises autour de la ligne médiane montrent les plages interquartile et interdécile des données. 
Figure 7 : Carte de l’étendue de la banquise antarctique au 1er septembre 2021 comparée au 3 octobre 2021. L’ombrage bleu clair indique la région où la glace s’est produite aux deux dates, tandis que les zones blanches et bleu moyen montrent une couverture de glace unique au 1er septembre 2021 et au 3 octobre 2021, respectivement. 

L’hiver 2021 parmi les plus froids jamais enregistré en antarctique

Sur le continent antarctique, l’hiver 2021 (mois de juin-juillet-août) a été parmi les plus froids jamais enregistré, avec des températures de 3,4°C inférieures à la moyenne 1981-2010 avec des valeurs de -62,9 °C. Il s’agit du deuxième hiver le plus froid jamais enregistré, derrière 2004, en 60 ans de mesure à la station Amundsen-Scott au pôle Sud. Pour la période d’obscurité polaire (avril à septembre), la température moyenne enregistrée a été de -60,9 degrés Celsius, un record pour ces mois.
Le froid inhabituel a été attribué à deux périodes prolongées de vents plus forts que la moyenne qui ont soufflé autour du continent. Un puissant vortex polaire dans la haute atmosphère a également été observé, conduisant à un important trou dans la couche d’ozone, l’un des plus importants depuis 1979.

L’été arctique en détail

Un été plutôt frais

Le printemps et l’été 2021 ont été marqués par la fonte et le retrait extrêmement précoces de la glace dans la mer de Laptev, entraînant une étendue record de la banquise en juin dans cette région et une étendue beaucoup plus faible par rapport à la moyenne tout au long de l’été. En revanche, le retrait de la glace de mer dans les mers de Beaufort et des Tchouktches a été lent et la lisière des glaces est restée près de sa position moyenne à long terme tout au long de l’été. Cela reflète au moins en partie, le transport inhabituellement élevé de glace vieille et épaisse dans la région pendant l’hiver, une glace plus épaisse est plus résistante à la fonte en été. Une autre caractéristique intéressante était le manque de glace d’été dans l’est de la mer du Groenland. Le transport de la glace à travers le détroit de Fram vers le sud alimente généralement une langue de glace le long de la côte est du Groenland pendant l’été. L’absence de glace en été cette année peut être liée à la configuration des vents qui inhibe cet écoulement de glace vers le sud. La glace plus mince rencontrée dans les eaux chaudes de l’Atlantique peut également avoir joué un rôle.
L’été 2021 a été dominé par une faible pression au niveau de la mer sur l’océan Arctique et l’absence d’une forte circulation du Gyre de Beaufort. L’activité cyclonique sur l’océan Arctique central a tendance à culminer en été, avec des cyclones se formant sur le continent eurasien migrant dans la région et une cyclogenèse (formation de cyclones) sur l’océan Arctique lui-même. Cependant, ce régime est assez variable. Alors que l’été 2021 a été caractérisé par une activité cyclonique soutenue, d’autres étés, comme 2019 et 2020, ont connu peu de cyclones dans cette région où les hautes pressions prévalaient. Les cyclones rencontrés au-dessus de l’océan Arctique central sont d’un type connu sous le nom de « noyau froid », ce qui explique que l’été 2021 ait été plutôt frais.

Figure 8 : Evolution des température de l’air à 925 mb entre 1979 et 2021 pour les mois de juin, juillet et août (JJA) à une latitude moyenne de 70 à 90 degrés de latitude N.

Des températures de surface de la mer inférieures à celles des 3 années précédentes

La surface de l’océan est également restée relativement fraîche au cours de l’été 2021. Les températures de surface de la mer (SST) à la fin de l’été étaient inférieures à celles des trois années précédentes, d’après les bouées et les données satellitaires de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). L’été 2021 a connu des zones étendues de températures de surface de la mer presque glaciales à la lisière des glaces ; cela est le signe d’une fonte des glaces de fin de saison refroidissant la surface et d’un faible rayonnement solaire entrant. Les faibles SST (températures de surface de la mer) permettent un gel rapide, comme cela se produit dans ces régions. De plus, la zone avec des SST supérieures à 5 degrés Celsius est beaucoup plus petite en étendue que celle des dernières années.

Fig 9 : Cartes montrant les températures de surface de la mer (SST) à la mi-septembre pour (a) 2021, (b) 2020, (c) 2019 et (d) 2018. Les données SST proviennent du National Ocean and Atmospheric Administration (NOAA). Les cercles indiquent les points de données des bouées avec la concentration de SST ou de glace de mer.

Bien que l’étendue totale de la glace en septembre soit élevée par rapport à celle des années récentes, la quantité de glace pluriannuelle a atteint un niveau presque record, avec une étendue de seulement 1,29 million de km², à peine au-dessus de la valeur de 1,27 million km² à la fin de la saison de fonte de 2012.

Partager

13 réflexions au sujet de « Arctique : un été plutôt frais, Antarctique : le 2ème hiver le plus froid depuis le début des mesures »

  1. Bonjour,
    Ce n’est pas un scoop de dire que le Giec cite souvent l’Arctique et l’Antarctique qui se « réchauffent » car peu de monde ira vérifier. Et les vrais scientifiques qui le font tiennent un autre discours que Madame Segoleine Royal, intronisée ambassadrice des pôles !
    Il ne se passe plus un jour sans que les médias prônent l’alarmisme. Cop26 oblige, certes, mais comme les faits détruisent leurs théories, ils sont aux abois et inventent n’importe quoi pour conserver le climat (sic) de peur qui fait leur jeu.
    Ce qui est rassurant, sur les forums, c’est de voir que de moins en moins de gens sont dupes.
    Avec la flambée des prix de l’énergie, il est plus que souhaitable de souhaiter un réchauffement qu’un refroidissement. Le passé montre que les périodes chaudes ont été prospères, les froides, c’était la disette.

  2. Un citoyen lambda qui prend pour argent comptant ce que disent les merdia est persuadé que l’antarctique se réchauffe comme l’arctique. Or il n’en est rien, il suffit de consulter les données de températures mesurées par satellite pour se rendre compte que l’antarctique a une température stable depuis le début des mesures :
    https://images.remss.com/msu/msu_time_series.html
    https://www.climate4you.com/
    Ca n’empêche pas ces merdia de faire tout un plat d’un record de chaleur à 18°C en février 2020 à la base Esperanza située à l’extrême pointe de la péninsule antarctique (elle est à 63° de latitude sud, soit plus loin du pole sud que Reykjavik et ses 64° de latitude nord ne l’est du pole nord) et pas vraiment représentative du climat antarctique.

    • Esperanza est située à 63°23 ‘ soit une différence de 60 km de son Pôle par rapport à Reykiavik .
      Les deux hémisphères sont complètement différents vue la distribution des terres et leurs climats ne sont pas comparables , même leurs étés sont inégaux avec un écart de cinq millions de kilomètres du Soleil et une durée de saison plus courte au sud de quatre jours.
      La région Sud au delà du 60ème parallèle sera toujours plus froide que celle du Nord a cause du courant circumpolaire .

  3. Sont-ce les prémices d’un arrêt du réchauffement ou même d’un proche refroidissement climatique ?
    Au-delà de réunir les données, l’article d’origine se semble pas émettre un avis sur ce point, mais c’est probablement prématuré?

    • Si les auteurs émettent un avis (qui déplait), on leur coupe leurs crédits de recherche et on gèle leur carrière.
      Et si on présente l’article tel quel dans les médias, personne ou presque n’y comprendra quelque chose…

    • Ce qui est lassant, c’est que tous les jours on nous bourre le crâne avec ce « réchauffement » et rien que cette surenchère médiatique est sujette à caution. On nous infantilise et c’est le propre de la propagande.
      Un exemple avec la vigne. Suite au « réchauffement », elle devrait (toujours le conditionnel) se déplacer de plus en plus au Nord.
      C’est oublier : un, que la vigne poussait jadis plus au Nord (en témoignent la région Vinland au Canada et des vestiges de vignoble en GB) ; deux, si la vigne a peur du réchauffement, pourquoi la trouve-t-on dans les pays chauds (Afrique du Nord, entre autres) ?
      Le gel du printemps 2021 a été bien plus néfaste qu’une poussée du mercure. Et l’été frais a donné une mauvaise récolte.
      D’ailleurs, le millésime 2003, année de la canicule, a été excellent !
      Leurs théories ne résistent pas aux faits, quand on analyse objectivement.

      • Le réchauffement..ah non pardon le dérèglement (comme si le climat était réglé..)..ah non le changement !! Ptdr

  4. “”””””Avec la flambée des prix de l’énergie, il est plus que souhaitable de souhaiter un réchauffement qu’un refroidissement. Le passé montre que les périodes chaudes ont été prospères, les froides, c’était la disette.””””””
    C’est vrai; quand il faisait froid on vivait dans les cavernes ; quand il faisait chaud on élevait des pyramides ou des cathédrales , d’autres bâtissaient des arènes pour savoir qui de la biosphère ou de l’humanité gagnerait la partie de tauromachie
    Actuellement on ne se pose plus la question ; l’humanité est entrain de casser la biosphère ; il faut réagir , espérer des périodes froides qui mettront de nouveau à égalité sur le terrain les hommes et la nature
    Il n’y a qu’une solution si l’homme veut gagner la bataille: le nucléaire , la nature s’est toujours débrouillé avec le vent et le soleil, l’homme non

  5. Daren
    Peut-on quantifié l’impact des 6 mois d’éruption presque continue du volcan islandais sur la température de la région voire de l’Articque?

  6. Le GIEC devrait demander à l’académie française de supprimer le mot “refroidissement” du dictionnaire et demander aux députés une loi sanctionnant son utilisation.
    En effet, les années plus chaudes sont bien la preuve du réchauffement climatique, les années dites normales (????) ne sont pas vraiment significatives, les années plus froides sont bien la preuve du dérèglement climatique.

    Donc il n’est plus nécessaire de conserver le mot “refroidissement”.

  7. Venant de la France Métropolitaine et habitant désormais sur l’Ile de la Réunion, j’ai été surpris cet été “caniculaire” en Europe par un “hiver” Réunionnais plutôt “frais” avec des températures de l’ordre de 2°C au col entre les 2 plaines et du givre…J’ai regardé les archives des températures et ai discuté avec des gens vivant depuis plus longtemps et les périodes de “canicule” septentrionales, correspondant à des périodes plus fraiches australes…Amusant non !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

captcha