Communiqué de l’Association des Climato-Réalistes
Paris, mardi 6 octobre 2020
Suite à la tempête Alex qui a frappé le nord-ouest de la France métropolitaine, un épisode méditerranéen a provoqué une crue de grande ampleur causant au moins quatre décès, la disparition de huit personnes, douze autres étant toujours recherchées. Comme d’habitude, certains médias en ont aussitôt profité pour accuser le « réchauffement climatique » d’être responsable de cette tragédie, notamment les décodeurs du journal Le Monde affirmant en s’abritant derrière l’avis de météorologues, que cet épisode « est directement liée au réchauffement climatique ».
En réalité, cet événement n’a rien à voir, comme cela est reconnu par Météo France qui indique que « en l’état actuel de l’analyse des observations, on ne note pas de tendance marquée à l’augmentation du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-Est de la France depuis qu’on peut les recenser de manière précise (à partir de 1958) ». S’agissant des conséquences, rappelons que dès juillet 2012 une mission parlementaire avait pointé l’urbanisation excessive de la région.
L’Association des Climato-Réalistes en appelle donc à la lucidité de chacun pour que les causes réelles du drame soient mises en lumière, et ainsi permettre de faire en sorte que celui-ci ne se reproduise pas. Accuser « le climat » n’est d’aucune aide lorsque les explications relèvent en réalité de la gestion locale de l’environnement.
Contact :
Association des Climato-Réalistes
Plus d’informations sur l’événement
Alors que la tempête Alex a touché le Nord-Ouest de la France dans la nuit du 01 au 02 octobre, le flux de Sud à l’avant de cette dépression a forcé la mise en place d’un épisode Méditerranéen majeur dans les Alpes-Maritimes vendredi 02 octobre.
Sous les fortes pluies, le Var a connu une crue de grande ampleur : selon VIGICRUES, son niveau a atteint 4,97m au pont Napoléon III à Nice (contre 4,31m lors de la précédente crue majeure du 5 novembre 1994).
Un phénomène naturel aggravé par l’urbanisation
Les crues du Var sont des phénomènes récurrents dont ce document officiel fait l’historique remontant jusqu’à l’année 1530.
Les archives de Météo-France qui remontent jusqu’à 1766 sont riches en événements pluviométriques extrêmes ayant frappé le sud-est de la France, notamment les grandes pluies de l’automne 1926 et la catastrophe de Roquebillière (Alpes-Maritimes).
Dans les 10 dernières années (2010 à 2019), cinquante-quatre personnes ont perdu la vie dans neuf événements météorologiques significatifs survenus dans les Alpes-Maritimes.
Dus à de forts cumuls de pluie provoqués par des épisodes méditerranéens, ces évènements se déroulent dans un contexte d’urbanisation dense de zones naturellement inondables.
Le Département des Alpes-Maritimes évoque dans le texte ci-dessous (extrait de leur site) la récurrence des épisodes et surtout les conséquences d’une urbanisation incontrôlée :
L’histoire du département des Alpes-Maritimes est jalonnée d’innombrables crues plus dramatiques les unes que les autres. Le département des Alpes-Maritimes est particulièrement exposé aux dégâts des eaux en raison de la brutalité des précipitations, principalement en automne. Jusqu’au XIXe siècle les nécessités de l’autosubsistance ont entraîné une surexploitation des pentes et un déboisement intensif des zones de montagne qui ont accru l’érosion et le ravinement. Non seulement la torrentialité des cours d’eau s’était amplifiée avec la prolifération des sols dénudés, mais un autre phénomène, l’urbanisation, augmentait l’ampleur des dommages sur la zone côtière à la fin du XIXe siècle. Près du littoral, les conséquences des crues se sont nettement aggravées au XXe siècle en raison de l’occupation des secteurs inondables par des zones urbanisées et des lotissements industriels et par le manque d’entretien et de curage des cours d’eau. Aucune vallée n’est totalement à l’abri.
En juillet 2012, une mission parlementaire avait pointé du doigt l’urbanisation trop intensive de la région.
On n’observe pas d’augmentation du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-Est de la France
Rémy Prudhomme professeur des universités et membre de l’association des climato-réalistes a analysé les relevés des cinquante dernières années de la station de mesure Decapris, dans la vallée de Sauvebonne, sur le Real Martin, principal affluent du Gapeau, qui rassemble les eaux de l’un des deux principaux bassins versants du Var.
Au cours du dernier demi-siècle l’ensemble des données disponibles ne fait apparaître absolument aucune aggravation des crues, et des pluies qui les causent. Si tendance il y a, elle est à la baisse, pas à la hausse. La moyenne des maxima annuels de la décennie 2010 (3,02 mètres) est nettement inférieure à la moyenne de la décennie 1970 (3,69 mètres).
Météo France reconnait de son côté que,
En l’état actuel de l’analyse des observations, on ne note pas de tendance marquée à l’augmentation du nombre d’épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-Est de la France depuis qu’on peut les recenser de manière précise (à partir de 1958).
Références
- Les crues du Var n’augmentent pas
- Aucune tendance de long terme sur la fréquence et l’intensité des tempêtes
- Aucune augmentation du nombre des tempêtes ou des pluies en France
- Les tempêtes en France métropolitaine de 1980 à 2016
- La Vésubie, dix siècles de furie
- Les inondations remarquables en France
- Règlement de surveillance, de prévision et de transmission de l’Information sur les Crues (Service de Prévision des Crues Méditerranée Est)
Pour lancer la discussion
L’un de nos lecteurs géologue ancien du service RTM (Restauration des Terrains en Montagne) de l’ONF, service spécialisé dans les risques en montagne (qui date de 1882 ! ).et qui se reconnaîtra écrit :
« Bien sur que introduire le réchauffement climatique dans les causes de cette catastrophe est indigne d’un journaliste ou d’un scientifique, mais comme on dit : “quand on a un marteau, tout devient un clou “.
Dans le PPR de St Martin Vésubie, approuvé le 28 mai 2010, établi par le service RTM 06, plusieurs crues historiques sont connues et qualifiés de grande ampleur. Je vous invite à parcourir ce document visible en tapant PPR de St Martin Vésubie, seules les cartes sont délicates à charger.
J’ai cependant une interrogation : la crue de référence (celle qui sert à établir le zonage) à Roquebillère est estimée à 546 m3/s pour un bassin versant de 223 km2 avec un débit liquide centennal spécifique de 2,4 m3/s/km2.
La pluviométrie provenant de Météo france indique à la station de SMV 211,2mm (la virgule souligne probablement une finesse d’observation peu commune ! ) comme donnée retenue pour la pluie centennale maximale en 24h.
Or il me semble avoir entendu dans les médias le chiffre de 500mm en 24h ce qui pose la question : sous-estimation de la pluvio100 ou exagération de cette dernière donnée ?
Je n’ai pas pour l’instant de retour sur la pertinence du PPR, mais je note que tous les villages sont construits sur des éperons rocheux ou des situations topo qui les mettent hors de portée d’une crue. Occuper le lit majeur, qui de plus est plat est tellement tentant ! Mais je m’égare et mon seul propos est d’abonder dans le sens que le réchauffement climatique a bon dos et qu’un minimum de rigueur scientifique de la part des journalistes, de certains scientifiques et de politiques ramènerait la raison ».
Je pense que l’on surestime beaucoup trop la “sagesse” de nos ancêtres vis à vis des phénomènes météo extrêmes et leurs conséquences néfastes.
D’une part, ils vivaient nettement moins longtemps que nous et gardaient probablement encore moins longtemps qu’aujourd’hui la mémoire des catastrophes naturelles, d’autre part ils étaient aussi nettement moins nombreux que nous le sommes et les zones constructibles à l’abri des risques naturels étaient beaucoup moins rares que maintenant.
Enfin le choix des éperons rocheux ou zones surélevées pour la construction des villages résultait au moins autant sinon plus de la nécessité de se protéger d’agresseurs malveillants que des aléas naturels.
Mon commentaire répondait à celui d’Usbek
Bien que dans le PPR la référence de la P100 ait été sous estimée, les débits de référence restent corrects. Cependant les débits solides sont très délicats à appréhender et force est de constater que à partir d’un certain seuil, que l’on subodore (aux pifs des experts), tout calcul et toute estimation est impossible à argumenter solidement.
Ceux qui travaillent sur ces phénomènes sont moins bien lotis en données fiables que ceux qui s’occupent du corps humain….
En particulier la volonté de supprimer les postes d’observateurs de Météo France au profit de radars s’est avérée néfaste. Les radars dans ce phénomène du 06, se sont avérés inopérants : aucune indication sur le haut des BV, saturation ? mauvais seuils de déclenchement d’alerte ?…Donc sans données fiables de la pluvio, aucune relation Pluie- débit ne peut s’effectuer correctement (la règle de trois ne s’applique pas ! ).
Enfin le PPR de SMV indiquait une cinquantaine de bâtiments en zone d’aléa fort, ce qui hélas s’est confirmé, la Vésubie ayant repris son lit majeur, occupé jadis par des cultures, délaissées actuellement au profit de considérations écologiques et dont les boisements se retrouvent naturellement à l’embouchure du Var.
Nous, les experts, sommes en rogne contre l’appellation désormais entrée dans le vocabulaire médiatique de « épisode de réchauffement climatique » au lieu de crue, certes probablement exceptionnelle (c’est encore à vérifier) mais la glissement sémantique est révélateur d’une volonté de distordre la vérité.
robert MARIE